Algérie

L'Algérien, ce glorieux jeûneur



Assurément, l'Algérien est quelqu'un de très exceptionnel. Et s'il n'avait pas existé, Sidna Ramadhan ne l'aurait certainement pas inventé. Le mois sacré se serait même très bien passé d'un tel empêcheur de jeûner en rond. D'ailleurs, au fil de sa tumultueuse Histoire, l'Algérien a fait montre de toutes les facettes de son inépuisable talent : glorieux durant la Révolution, héroïque face au colon, il est, également, un vrai Tarzan quand il s'agit de jouer des coudes dans les bus bourrés et un fieffé arracheur de dents quand il lui faut conter fleurette à  sa compagne. Bref, le mois du jeûne se serait bien passé de l'existence d'un tel énergumène qui l'écorche sous toutes les entournures, le mastique à  grosses bouchées et à  toutes les sauces. Déjà au réveil, vers 16 heures, notre compatriote est à  ne pas approcher avec des pincettes. Souffrant du manque de caféine et de nicotine, il se métamorphose en un fauve furieux, capable de massacres en gros. Mais pour échapper à  «Ibliss» qui le taraude et à  la crise de nerfs, il fait semblant, vers 16 heures, d'aller à  la mosquée pour accomplir la prière d'El Asr. Mais ce n'est qu'un subterfuge pour en mettre plein les yeux à  ses voisins. Et surtout - surtout - pour continuer son somme, interrompu par sa femme qui l'a mis dehors. Profitant des tapis et des climatiseurs n'taâ Allah,  notre glorieux jeûneur écrase jusqu'au f'tour moins trente minutes. C'est alors,  l'heure pour lui de se dépoussiérer, de se débarbouiller le visage à  l'eau… d'Allah (encore !)  et de  faire ses dernières emplettes : 20 baguettes de pain «amélioré», plusieurs kilos de klabellouz, de zlabia de Boufarik, des fardeaux de Selecto et de Mouzaïa, des quintaux de Activia  et nous en oublions volontairement. Surchargé comme un semi-remorque, il déboule, au Adhan, chez lui pour honorer le fondement  le plus important de «son» Ramadhan : ripailler longuement et à  tour de plats. S'arrachant avec peine de la meîda, c'est maintenant au tour du plein en caféine, en nicotine et en sucreries… jusqu'à après le s'hor. Point positif pour notre glorieux jeûneur : au quinzième jour du Ramadhan, il a réussi à  s'éviter toutes sortes de bagarres. Pourvu que ça dure. Saha f'tourek, l'Algérien, mon frère ! 


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