Algérie

L’Algérie veut ses pôles de compétitivité : Territoires en quête d’avantages compétitifs



L’Algérie veut se mettre à la mode des pôles de compétitivité qui fleurissent dans beaucoup de pays notamment européens et aux USA.Le colloque tenu à cet effet les 3 et 4 décembre à Alger a été l’occasion pour de nombreux experts nationaux et étrangers (notamment français) de débattre des meilleurs moyens pour améliorer ou créer l’attractivité des territoires en Algérie .

Organisé par le département de Cherif Rahmani, l’expérience française dans le domaine a été mise à contribution afin de pouvoir mettre en oeuvre le schéma national de l’aménagement du territoire de l’Algérie à l’horizon 2025 (SNAT 2025). Un instrument institué par la loi en décembre 2001 sur l’aménagement et le développement durable du territoire, et qui fait de l’attractivité et de la compétitivité des territoires une " orientation stratégique", selon M.Rahmani Inspiré par la réussite de la Silicon Valley américaine, des Etats et des organisations supranationales (FMI, BM, ..) ont conclu et retenu que la réussite de cet exemple nécessite un engagement dans les secteurs de haute technologie et un rapprochement local entre les mondes de la formation et de la recherche et les entreprises, quelles soient publiques ou privées, de grandes ou de moins grandes tailles. Le pivot d’une zone d’excellence est souvent une université dotée d’un centre de recherche scientifique de renom et motivée par la coopération avec les entités économiques et financières locales. La Silicon Valley a regroupé trois compétences : des universités (Stanford, Berkeley, Santa Clara), des entreprises technologiques (l’une des premières fut Hewlett-Packard HP) et des fonds de capital risque. En Inde, l’agglomération de Bangalore est également un pivot de recherche et développement technologique à l’échelle mondiale, où de très nombreuses entreprises technologiques internationales y sont implantées. Le développement de tels pôles basés sur la compétence, et non plus comme par le passé sur les ressources naturelles, prend toute son importance dans l’économie post-industrielle dont les matières premières sont l’éducation, l’information, le savoir faire, la créativité, et dans laquelle la compétition est mondiale. De ce fait, l’existence d’un pôle de compétence, en particulier scientifique, dans un domaine d’avenir devient un facteur clé de l’économie du développement, y compris pour les pays émergents qui ont compris l’importance de se développer non seulement à partir de bas coûts de main d’œuvre dans des industries traditionnelles, mais également par la compétitivité technologique. " La mobilité des capitaux et des hommes constitue désormais un élément majeur de la nouvelle donne économique et sociale mondiale. Cela implique que l’attractivité des territoires et des pays devient une condition essentielle de leur développement et de leur rayonnement régional " a soutenu Slimane Bedrani, le directeur de recherche au CREAD et professeur à l’INA d’El Harrach. Pour lui, " les pays rivalisent d’ingéniosité pour prendre des mesures propres à attirer chez eux les investissements et les compétences", mais, ajoute-t il, " en prenant le soins de réunir les conditions optimales à même d’améliorer ou de créer l’attractivité des territoires ". Ce qui est loin d’être le cas dans le pays, puisque s’agissant uniquement du volet relatif à la recherche, l’écrasante majorité des chercheurs algériens sont contraints à l’exil, et font profiter malgré eux les économies de leurs pays d’accueils. " Des pays comme les Etats-Unis et le Japon ont bien compris les enjeux liés à la recherche, puisqu’ils dépensent chacun davantage en recherche et développement que l’ensemble de l’Union européenne ", a avoué le ministre Christian Estrosi, le ministre français, délégué à l’aménagement du territoire. Et d’indiquer que l’Europe a décidé de porter les efforts en faveur de la recherche à 3% du produit intérieur brut (PIB) des Etats membres. Evoquant l’expérience française, qui compte 66 pôles de compétitivité, rassemblant plus de 6.000 entreprises et plus de 1000 centres de recherches, Christian Estrosi avait estimé que l’originalité de la démarche française est d’avoir retenu parmi les critères de labellisation des pôles, " un ancrage territorial fort, permettant une mise en valeur et une mise en commun des ressources locales ". Pour M.Estrosi, les pôles de compétitivité ou les Clusters (regroupement sur un même site d’entreprises du même secteur) pour l’aménagement du territoire sont des " accélérateurs de la recherche car ils décloisonnent le monde industriel, le monde universitaire et celui de la recherche. Ces mondes se parlent et définissent des projets communs utiles et profitables à tous ". Cependant, certains économistes ne manquent pas de relever qu’une politique de pôles de compétitivité est d’abord une politique de croissance, et non une politique d’aménagement du territoire. Aussi, ils considèrent que la politique d’innovation tend à survaloriser les secteurs de haute technologie, renforçant la concurrence territoriale, puisque toutes les régions veulent leur pôle en biotechnologie, multimédia, et autres, alors que toutes ne partent pas avec les mêmes atouts. Enfin, les sceptiques considèrent que cette politique tend aussi à survaloriser le local, recommandant de mettre en relation les acteurs disposant de compétences complémentaires, où qu’ils se trouvent, plutôt que de forcer des rapprochements locaux peu efficaces. Substituer une logique de réseau d’innovation à celles de pôle d’innovation. Le débat s’emballe ailleurs avec son lot de réalisations. En Algérie, il ne fait que commencer.




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