L'Algérie, un Etat de droit avant tout

C'est dans les moments les plus difficiles de son histoire que l'unité nationale se cimente immanquablement et inconditionnellement. La perte de 77 de ses enfants dans des conditions tragiques ces dernières quarante-huit heures en est un... incommensurable, d'autant plus que les victimes appartiennent à l'Armée nationale populaire, laquelle institution est depuis près de deux semaines au centre d'une agressive et surtout inexplicable, voire injustifiable, campagne de dénigrement orchestrée par certaines personnalités du microcosme politique.Pis encore, ladite campagne est exploitée dans le cadre de grossières tentatives de récupération par d'autres responsables de formation auxquels elle a conjoncturellement fourni l'opportunité de rebondir et surtout d'exister autrement que par le biais de sporadiques rencontres avec de fantomatiques militants.Jusque-là, dans ce chahut de cour d'école en ce qu'il se traduit par des jeux maladroits et autres anachronismes, l'Armée nationale populaire et le reste des institutions représentant l'Etat, les membres du gouvernement n'ont pas jugé opportun d'entrer dans un débat nauséabond et surtout le prolonger ou encore fournir des raisons aux opportunistes de tous bords de trouver du grain à moudre à quelques semaines d'une consultation populaire nationale que d'aucun chercherait à s'en faire le champion et peu importe les moyens pour y arriver. Bien entendu, et quitte à reprendre une triviale expression, l'étalage public de ce linge sale ne pouvait qu'inciter ses promoteurs à aller crescendo d'autant plus qu'ils y trouvaient le bénéfice d'une amplitude médiatique où rares sont les professionnels qui auront fait leur un nécessaire recul à même de séparer le bon grain de l'ivraie et surtout d'éviter de contribuer à un jeu politique malsain et aux dangereux desseins. C'est à cette confusion méthodiquement réglée que le chef de l'Etat, qui, jusque-là et à juste titre, s'est tenu au dessus d'une douteuse mêlée, a réagi, sortant d'une réserve que sans nul doute rien n'aurait provoqué si ce n'est le tragique crash d'un avion militaire avec à son bord près de 80 passagers appartenant à une institution, la seule, aussi bien en temps de guerre que d'une paix acquise par d'énormes sacrifices etmalheureusement objet d'une rupture décennale tout autant dramatique pour les Algériens, à ne pas avoir vacillé et restée debout, payant durant plus d'une décennie un lourd tribut physique face à ses agresseurs armés. Un tribut politique depuis quelques semaines. «Nul n'est en droit, quelles que soient ses responsabilités, de s'en prendre à l'Armée nationale populaire ni aux autres institutions constitutionnelles», a déclaré le président de la République s'adressant au général Gaïd Salah et aux familles des victimes du crash. Le choix fait par le chef de l'Etat d'intervenir dans ce qui logiquement n'est qu'un non-débat donne une idée précise du ressentiment provoqué par ce non-débat et les man?uvres politiciennes qui en découlent chaque jour, comme en témoignent d'ailleurs ses autres propos «...Nous sommes certes habitués à des dépassements émanant de certains milieux à l'approche de chaque échéance mais, cette fois-ci, l'acharnement a pris une ampleur telle que notre pays n'a jamais connue depuis l'indépendance allant jusqu'à tenter de porter atteinte à l'unité de l'Armée nationale populaire ainsi qu'à la stabilité du pays et à son image dans le concert des nations.»Le chef de l'Etat a tenu en fait à désavouer tous les apprentis-sorciers politiques qui s'agitent ici et là et dont le seul but est d'instrumentaliser une échéance importante de laquelle dépend l'avenir du pays.Quoiqu'il en soit, plus que désavouer ces apprentis-sorciers, l'Etat gagnerait certainement, dans le respect des règles de la démocratie dont il s'est souverainement doté et garanti les acteurs politiques engagés dans ce choix irréversible, à affirmer son autorité et anticiper toutes les velléités de nature à remettre en cause la stabilité du paysA. L.