Encore une fois, vingt-quatre ans après le succès des aînés en Espagne
1982 face à la puissante RFA, l'Algérie vient de confirmer sa propension à
faire vaciller les mythes. Et cette fois-ci ce sont les Anglais, portés
pourtant grands favoris du Mondial sud-africain 2010, qui ont fait les frais de
cette farouche volonté des Fennecs à vouloir rivaliser avec les meilleurs
éléments des grandes nations footballistiques de ce monde. Bravo donc à tous
ces merveilleux joueurs et à leur cheikh Saâdane, El Hadj Raouraoua et tous les
responsables qui ont veillé à ce que cette équipe soit à la hauteur des grands
événements sportifs internationaux. Le deuxième mythe que l'Algérie vient de
jeter bas dans ce Mondial sud-africain c'est ce cliché stéréotypé galvaudé par
nombre de médias occidentaux à travers le globe et présentant les Algériens,
d'une manière générale, sous l'étiquette fallacieuse de traditionalistes
ringards à l'allure rebutante, cultivant constamment le fanatisme religieux et
le terrorisme abject dérivant d'épiphénomènes sociaux connus pourtant par la
plupart des pays du monde au cours de leurs évolutions historiques.
Le troisième mythe malmené qu'on pourrait citer, a trait à ces préjugés
émanant de certains ultras locaux qui considéraient les éléments professionnels
évoluant à l'étranger, et parce que s'exprimant en français, comme des éléments
accusant un manque de nationalisme et de combativité franche bataillant pour
l'idéal des couleurs nationales… jusqu' aux moments de vérité où ils ont pu
donner un formidable exemple de dignes représentants de l'Algérie et son
peuple.
Et surtout animés beaucoup plus par la volonté de bien faire au profit de
la nation que par pur intérêt d'ordre matériel ou course derrière les
privilèges caractérisant tout particulièrement le comportement prédateur des
êtres nuisibles à l'image de l'Algérie d'autres secteurs de la vie nationale
que voilent souvent les masques inutiles des militantismes chicaneurs de salon.
Le quatrième mythe basculé concerne cette manie obsédante de certains
médias occidentaux à vouloir présenter coûte que coûte le peuple algérien comme
l'expression de myriades de communautés et de peuplades désunies, alors que le
fait est là : à chaque grand succès de l'Algérie sur la scène internationale,
et comme l'exposent aux yeux des millions de téléspectateurs à travers le
globe, les parties prenantes de la nation algérienne représentantes de tous les
coins et recoins du vaste territoire national, sont là à manifester de façon
éclatante leur algérianité plurielle, ne tenant manifestement d'aucuns
ethnicismes tribaux tranchés et plus unis que jamais dans la diversité complexe
de leurs brassages ethniques et culturels millénaires, se méfiant, désormais,
de tous les spectres d'extrémismes de tous bords et injustices diverses d'où
qu'elles émanent.
Le peuple algérien aspirant, aujourd'hui, essentiellement à l'idéal de
paix, de prospérité et de souveraineté démocratique nationale authentiquement
représentative du pluralisme culturel et linguistique national.
Enfin, le cinquième mythe déchu concerne celui consacré jusqu'ici à un
certain «zaimisme» panarabiste égyptien dont certains titres viennent de
reconnaître, après le méritoire match des Verts face à l'Angleterre, la
suprématie de l'Algérie sur la scène footballistique arabe, l'affublant du
titre de «niyaba» succédant à celle des pharaons…Cependant, la franchise pousse
à dire, comme l'a signifié un téléspectateur algérien à un journaliste TV
syrien, que l'Algérie représente surtout elle-même et qu'elle ne prétend pas
être un substitut de la représentativité de la souveraineté des pays arabes,
africains et musulmans!? Il y a lieu de se défaire de cet esprit de
grandiloquence et d'orgueil démesuré, l'équipe de football d'Algérie ne
représentant dans les faits qu'elle-même. Ce qui ne n'empêche pas, par contre,
le club Algérie d'être considéré, pourrait-on dire, comme symbolisant (et non
représentant) les multitudes des millions de sportifs du monde arabe, africain
et musulman répartis à travers le monde.
Le team national de football représente son pays avant tout comme
l'Egypte ou le Sénégal ne représentent pas l'Algérie et ses musulmans mais
leurs communautés propres avant tout, ce qui n'empêche pas ces équipes de
symboliser («Ramz» la «tamthil») les Arabes, les Africains et musulmans, d'une
manière générale.
Ainsi, l'Algérie qui symbolise
donc l'esprit des Arabes, Africains et musulmans à travers le monde, et qui est
également véhiculaire d'un message de paix et de fraternité sportive
internationale tel que l'énonce l'éthique fair-play de la FIFA, et à l'image…
de ce curieux oiseau, surgi à l'improviste du ciel au début du match
Algérie-Angleterre, et venu se poser sur la transversale des bois algériens,
comme pour dire aux milliards de téléspectateurs suivant en direct le Mondial
2010: «les modestes de ce monde ont aussi leur mot à dire dans le concert des
nations libres où ils escomptent marquer leur présence avec leurs prouesses
techniques dans un esprit sportif fait d'amitié et de témoignage de dialogue
inter-civilisationnels et culturels constructifs de la paix et progrès pour
l'humanité planétaire».
Voilà en tout cinq mythes énumérés qui semblent avoir reçu un sacré coup,
« Khamsa fi ain chitane » comme dirait la vox populi. Cette dernière qui ne
commence pas moins par entretenir un autre mythe, suscité et galvanisé celui-là
depuis un bon bout de temps par les superbes performances des camarades de
Antar Yahia, Karim Ziani, Madjid Bougherra, Hassan Yebda, Belhadj et les
autres: il s'agit en l'occurrence de celui poussant à croire en une possible
dynamique de relance nationale à tous les niveaux des développements
sectoriels, prenant en exemple ce que font actuellement d'exemplaire les jeunes
du onze national méritoire, en dignes héritiers des illustres personnalités de
divers domaines qui ont marqué de leurs Å“uvres impérissables la longue histoire
de l'Algérie, passé et présent.
Et pourquoi pas, après tout? Le jeu en vaut la chandelle ! Il
n'appartient qu'aux principaux concernés, à différents échelons, d'entretenir
concrètement cet espoir comme a su si bien le faire l'équipe nationale actuelle
de football qui est à, évidemment, préserver et suivre de près. Parallèlement,
cela va sans dire, à un redéploiement tous azimuts de la stratégie de
développement et restructuration des assises de base de notre football national
qu'on a suivie jusqu'ici…
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Posté Le : 21/06/2010
Posté par : sofiane
Ecrit par : Mohamed Ghriss
Source : www.lequotidien-oran.com