Algérie

L'Algérie sous pression


Coup sur coup, l'économie algérienne risque de subir les dépressions provenant de la zone euro et des USA prévues par le FMI pour l'année 2012. Contrairement aux garanties que procure le discours officiel, les experts évoquent une crise systémique qui risque de faire tanguer le bateau de l'économie algérienne, tributaire de la rente pétrolière. L'année 2012 connaîtrait un affaissement sur la courbe de production de richesses au USA et en Europe, épicentre de la crise actuelle de la dette souveraine de Etats. La crise de 2008, née de crédits hypothécaires (subprimes), a fait perdre à  l'Algérie près de 50% de ses recettes suite au ralentissement de la locomotive économique aux Etats-Unis, foyer de la crise, mais aussi dans la zone euro, premier partenaire commercial de l'Algérie. «Il y a un sérieux risque de diffusion de la crise de la zone euro sur les pays de la Méditerranée, dont les pays du Sud, à  travers un arc d'instabilité qui toucherait la Tunisie et la Turquie en ligne de mire.» Il s'agit là d'une lecture de Mourad Preure, expert pétrolier et président du cabinet Emergy, sur l'accélération des événements politiques et économiques dans la région de la Méditerranée, dont les conséquences sur l'Algérie ne sont pas à  écarter. «Les crises politiques dans les pays du Moyen-Orient qui représentent 61% des réserves pétrolières et 41% des réserves gazières font partie de cet anticyclone de malaises économiques», estime M. Preure. Dans cet amalgame de forte toxicité, il est prévu «une modification structurelle de la consommation énergétique mondiale» avec, comme nouvelle stratégie de guerre, «le contrôle des grandes zones de production par les USA». Les pays membres de l'OPEP auront, eux, dans une nécessité de faire appel aux nouvelles technologies en matière d'exploration. C'est ainsi que la technologie deviendra, à  coup sûr, un élément de taille sur lequel reposera la concurrence future, prévient Mourad Preure. Sur l'échiquier énergétique où évolue l'Algérie, la progression des indices de stratégie fait ressentir une situation selon laquelle le marché européen sera de plus en plus convoité par d'autres intrants, chose qui risque de faire rétrécir la part de l'Algérie comme peau de chagrin. La Russie, à  elle seule, contrôle actuellement 23% du marché européen de gaz, la Norvège 19%, l'Algérie 10% et le Qatar 6%. La part de l'Algérie a connu déjà une baisse suite à  l'arrivée du Qatar sur le marché européen, suite à  une tractation de coulisses entre Russes et Qataris. Les experts pétroliers algériens sont très soucieux de l'aboutissement de cette bataille entre les fournisseurs sur l'échiquier européen. Les capacités de liquéfaction ne sont pas les mêmes et risquent de jouer de mauvais tours à  l'Algérie, dont les capacités sont de 20,3 millions de tonnes, tandis que le Qatar dispose d'une capacité de 60 millions de tonnes. Les parts de l'Algérie sont mises également à  l'épreuve des nouveaux gazoducs alimentant le marché européen, venant de l'Asie mineure et de la Sibérie, le Nabuco, le North Stream et le South Stream. Si les responsables algériens chargés des questions de l'énergie sont las de faire face à  la critique interne sur l'usage de la rente pour le financement d'un modèle économique approprié et efficace, la concurrence sur les marchés risque d'être si rude, alors que le pays est en quête d'un meilleur incitatif financier à  l'adresse des investisseurs étrangers, de plus en plus craintifs quant au rendement des investissements et/ou des forages. Le défi est double. Une récession économique en Europe et aux USA telle que prévue par le FMI et l'OCDE ne fera qu'aggraver les peines pour le pays qui se cache derrière la carapace de ses réserves de change, un coffre-fort équivaut à  trois années d'importations seulement. Tout se joue désormais sur la capacité du pays à  faire valoir son pesant d'or pour la construction d'un semblant d'économie.
D'autant plus que la rente tend de plus en plus à  se rétrécir. L'ancien ministre de l'Energie, Noredine Aït Laoussine avait soutenu l'idée selon laquelle le pays a pompé déjà la moitié de ses réserves pétrolières. La bonne gouvernance fait défaut.          

 
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