«L'Algérie se protège bien»

Face aux multiples menaces qui la guettent, l'Algérie se défend assez bien et répond aux tentatives de déstabilisation dont elle est la cible grâce «à l'unité de son peuple, la force de son Armée nationale populaire (ANP) et la conviction de sa diplomatie». Ce sont là les propos du ministre des Affaires étrangères lors d'une interview qu'il a accordée à Radio Algérie internationale (RAI).Le ministre, qui célébrait avec les responsables de la chaîne, le quatorzième anniversaire de sa création, résume son propos en affirmant que «l'Algérie se protège bien». Une protection plutôt relative à voir la puissance des attaques dont elle est la cible et le souci de répliques qui ne semblent pas à la hauteur de l'agression, notamment au plan médiatique et sur les réseaux sociaux.
L'Algérie a certes, son peuple, son armée et sa diplomatie, mais manque visiblement d'une bonne stratégie de riposte. Il reste que dans cette guerre moderne de 4e génération, la seule diplomatie classique ne suffit plus. Celle de l'Algérie est très «clean».
Boukadoum s'en explique: «Nous, nous ne jouons pas derrière les coulisses, ce que nous disons nous le faisons et nous n'avons pas de poignards cachés derrière le dos, ce n'est pas le genre de l'Algérie.»
Le ministre décrit là, l'une des principales vertus de la diplomatie algérienne, qui lui vaut le respect de la communauté internationale. Il n'a certainement pas tort lorsqu'il a affirmé que toute prise de parole de l'Algérie «à l'ONU, à l'Union africaine (UA) et devant tous nos partenaires, nous le disons de manière très claire, très franche, que nous n'avons pas d'agenda caché». Cette posture de principe que lui reconnaissent ses amis et des ennemis, ne l'absout pas, pour autant, d'être au centre d'opérations de parasitage de son discours dans les sphères médiatiques, jusqu'à en devenir inaudible. Cela a été récemment constaté sur nombre de dossiers régionaux et internationaux. Et c'est cette nouvelle donne que la diplomatie algérienne ne semble pas encore parfaitement maîtriser.
Le ministre affirme clairement que «l'Algérie, est ciblée par d'autres moyens de déstabilisation». Et cette guerre-là ne se mène pas à l'ONU et à l'UA, mais dans les plateaux de télévision et sur les réseaux sociaux.
Boukadoum identifie avec précision la menace qui rôde autour de l'Algérie.
«La guerre de 4e génération, 5e, voire 6e génération, dites guerres du futur» est donc une réalité reconnue au ministère des Affaires étrangères. «Cela n'affecte pas uniquement l'Algérie. Nous-nous adaptons à cela», a-t-il affirmé, sans préciser comment.
Une autre guerre qui n'est pas très éloignée de celle de 4e génération, puisqu'elle l'alimente, préoccupe, à juste titre, l'Algérie.
Une inquiétude en rapport avec l'implantation de bases militaires au Sahel. Sur le sujet, la position d'Alger est on ne peut plus claire. Elle «ne souhaite pas, selon ses convictions, voir des bases étrangères dans les pays voisins quelles que soient les motivations». Un principe, mais qui a ses limites, puisque, précise le ministre, «il appartient, en toute souveraineté, à chaque gouvernement de décider ce qu'il veut pour se défendre». Il reste qu'une chose est sûre, «la multiplication des bases militaires étrangères, historiquement, n'a jamais apporté du bien», soutient Sabri Boukadoum.
Sur le Sahel, le ministre a indiqué que «l'Algérie est dans l'obligation d'intervenir par le moyen de la médiation, parce que c'est le devoir de toute diplomatie de faire la paix entre des frères, mais aussi pour des raisons absolument essentielles», affirmant qu' «il faut que tout le monde le comprenne, que cela va de la sécurité de l'Algérie». Et c'est tout l'intérêt pour l'Algérie d'avoir une diplomatie forte dans les institutions internationales et auprès des opinons publiques de la région du Sahel, notamment. «Quand on parle de terrorisme, d'insécurité, de l'instabilité, du manque de développement de tous ces genres de défis, ceux en lien avec l'environnement, notamment nous concernent immédiatement», a expliqué le ministre. Il a appelé l'ensemble des Algériens à «faire preuve de vigilance pour prévenir toute nuisance, relever tous les défis et éviter toute mauvaise chose». D'où une riposte de «4e génération».