L’Algérie, scanner d’une crise
C’est ahurissant! La vie semble avoir repris son cours, la société revivre de nouveau, pareille à un nouveau-né qui, après une gestation douloureuse, ouvre les yeux dans une tout autre Algérie, une Algérie qui se dit nouvelle et ne se gêne pas de le crier au monde…
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Soudainement, le terro-risme s’est éclipsé, avec des milliers de morts, d’innocentes victimes dont le sang a coulé en vain au vu et au su d’un monde occidentalisé jusqu’à l’esprit. Tout cela fut si rapide qu’on a sitôt oublié nos peines, car le plus important pour les Algériens que nous sommes, ce n’était pas de mourir de faim, c’était plutôt de ne pas mourir tout court, fauchés par l’infernal terrorisme qu’on a voulu inédit, spécial Algérie si l’on veut. Pour que la société tout entière en tire les conséquences inhérentes. L’Algérie, pour les survivants que nous sommes, était devenue une salle d’attente pour l’au-delà. Rideaux! La scène s’achève, le théâtre ferme, marquant la fin d’un sinistre spectacle, l’achèvement du macabre épisode est là! Nous devons nous estimer heureux et remercier Dieu qu’en 2006 nous sommes encore là, en vie, affichant toujours présent, rendant témoignage aux générations futures qui veulent vivre, soit! Mais sans oublier. La page est tournée nous dit-on! L’avenir du pays importe plus que son histoire surtout lorsque celle-ci est tachée de sang, de larmes et de douleurs. Soyez amnésiques, cela vaudrait mieux pour vous! Ne tournez plus la tête en arrière, pour ne pas âtre rattrapé par la faucheuse car elle est toujours là, active et silencieuse, en action, nous insinue-t-on sans cesse. Notre pays pareil à ceux du tiers-monde, s’agite en période électorale, chauffé par les tambours électoraux, beaucoup de bruit pour peu de noix, j’en ai peur!
 Pris dans une sorte de fièvre électorale, le pays tout entier s’agite de fond en comble, une entropie sociale à mon avis! Non justifiée, mal focalisée, mais surtout détournée, récupérée aussi bien en amont qu’en aval, dans ce pays où on cultive toujours... l’art, pour ne pas dire tout simplement la vicieuse manie de passer outre les problèmes de fond, de lier le futur de tout un pays à la personne d’un président à élire, d’un poste à occuper en somme. L’allégeance doit être à la Patrie non à un Président. On ne vit ni on ne meurt que pour elle. Partout dans le monde, les candidats aux élections affichent d’emblée la couleur de la famille politique d’appartenance (droite, gauche ou centre). Chez nous, la seule couleur qu’affichent nos candidats est plutôt celle des points cardinaux. Le mal, si longuement caché, a brusquement resurgi. En effet, on ne saurait si l’intervenant est de droite avec un penchant libéral ou de gauche à tendance socialiste ou même de centre. Quand bien même ne cessent-ils, tous, de nous promettre monts et merveilles, on ne saurait les définir politiquement, sauf peut-être pour la candidate du Parti des travailleurs qui affiche clairement sa couleur. Si l’on reconnaît une seule vertu à ceux qui nous gouvernent, c’est celle de maîtriser à merveille la psychologie des masses et de manier efficacement la conscience collective en leur faveur. Par exemple, ils savent bien que l’Algérie déborde d’énergie vitale. Les Algériens sont des rêveurs par excellence, ils rêvent de milliards, d’usines bourrées de machines, ils se voient tous P-DG, en costume et cravate, voitures de luxe et portable de dernière génération. Alors, l’ANSEJ -et ses milliards- fut créée pour rassasier virtuellement les rêveurs que nous sommes. La donne a changé, le monde aussi, mais l’Algérie est ce quelle est, victime et coupable à la fois. Victime car le frère et l’ennemi se sont acharnés sur elle dans une action conjuguée et meurtrière. Coupable parce qu’elle laisse faire l’impunité et encourage la médiocrité. Au président de la République, je dis bon courage mon Président! Mais faites attention! Ceux qui vous applaudissent maintenant ont applaudi d’autres, il n’y a pas si longtemps que cela! Et que si la donne change, ils seront les premiers à vous renier, tout comme ils ont renié ceux, avant vous. L’Algérie ne les reconnaît point ces éphémérides du vote. Aussitôt ils apparaîtront, plus vite encore ils disparaîtront. Ils ne représentent en fait qu’une Algérie d’intérêt limité et de calcul restreint et à court terme.
Ce qui me chagrine et me rend malade dans ce pays, c’est cette manie maladive qui consiste à donner plus d’importance à l’opinion étrangère qu’à l’opinion interne, comme si à l’intérieur tout est joué d’avance et que seule importe le sceau de la crédibilité que l’Occident veut bien nous apposer. Cet Occident, il faut le dire, s’ingère dans presque tout, sauf là où la morale et le droit l’interpellent. Tant que l’être humain, dans ce malheureux pays, ne se positionne pas au centre de toutes les politiques, le pôle vers lequel devraient converger tous les efforts de construction, femmes, hommes, enfants et vieillards, doivent être respectés, sollicités, plébiscités à tout moment de l’année et pas seulement en période électorale. Quant à moi! Je ne pense pas que cela arrivera un jour, sauf si Monsieur l’Occident décide autrement! Car «ce qui convient à Londres est prématuré à Moscou» comme le disait si bien Aleksander Sergheirvitch. «Sans nous, rien n’est possible; avec nous, tout est possible», disent nos politiciens. C’est en somme le message qu’ils ne cessent de répéter nuit et jours. Vos héros, vos personnages publics, c’est nous qui les façonnons à votre place, votre conscience c’est nous-mêmes qui la forgeons pour vous, les solutions, les clefs de vos problèmes, c’est encore nous qui les détenons. C’est juste, car c’est précisément eux qui sont la cause de tout cela et ils le savent si bien. Restez figés, cela vaudrait mieux pour vous! C’est le message qu’ils ne cessent de nous transmettre, de nous incomber d’en saisir tout le sens.
Dans cette bouillonnante agitation, les rêveries, les promesses, voire les mensonges finissent par être crûs. Satisfaire à la majorité ‘applaudisseuse’ c’est bien, mépriser et piétiner la minorité éveillée, exercer une oppression ciblée contre ceux qui dérangent l’establishment risque de faire sauter toute crédibilité à vos propos. Le futur leur en dira quelque chose, croyez-moi !
Si vous n’êtes pas en mesure d’honorer les engagements que vous vous êtes fixés, les défis que pose votre pays, et qu’on connaît tous, alors ne promettez rien. Ça serait plus honnête de votre part, ne faites plus partie de la tragédie que vit ce malheureux pays, l’histoire vous le retiendra honorablement. Ne faites plus durer l’agonie de votre patrie ! D’ailleurs, la haute politique n’est que le bon sens appliqué aux grandes choses « disait Napoléon Bonaparte et Dieu sait combien de grandes choses attendent d’être réalisées dans ce cher pays.
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Chaâlal Mourad
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Posté Le : 24/06/2006
Posté par : sofiane
Source : www.voix-oranie.com