Algérie

L'Algérie perdante sur toute la ligne



L'évaluation préliminaire de l'Accord d'association avec l'Union européenne (UE) fait ressortir un constat d'échec, de l'aveu même du directeur du commerce extérieur au département d'El Hachemi Djaâboub. Chérif Zaâf a fait comprendre hier, sans détour ni faux-fuyant, que l'Accord d'association a profité beaucoup plus aux pays de l'UE pendant les quatre premières années de sa mise en 'uvre. M Zaâf, s'exprimant lors d'une rencontre inaugurale du programme d'appui à la mise en 'uvre de l'Accord d'association, organisée hier à Alger, a mis en évidence que la balance commerciale hors hydrocarbures de l'Algérie reste « très déséquilibrée » en faveur de l'Union européenne. Pour étayer ses propos, l'orateur a fait référence à un tableau évaluatif de l'Accord d'association pendant les quatre années de sa mise en 'uvre. « Pour 1 dollar exporté vers l'UE, l'Algérie importe pour 20 dollars », a-t-il annoncé, suscitant moult questionnements sur cet accord qui ne semble profiter en fin de compte qu'à la partie européenne. Face à ses partenaires européens, M. Zaâf n'est pas allé hier avec le dos de la cuillère pour faire entendre les reproches d'Alger. Lors de son discours, ce responsable a fait remarquer que si la partie européenne a bien réussi à consolider ses parts sur le marché algérien, il est constaté, par contre, « une très faible présence des investisseurs européens en Algérie, notamment dans les secteurs hors hydrocarbures, l'absence d'un dispositif permanent de partenariat et une érosion d'année en année des préférences accordées à l'Algérie en 2002 ». M. Zaâf ne s'est pas arrêté à ce seul constat. Dans le même sillage, il a regretté le fait que des entreprises algériennes, dont certaines des plus performantes, ne soient pas traitées de la même manière en Europe.Entre autres contraintes citées, le directeur du commerce extérieur a fait référence « aux conditions techniques et réglementaires d'accès au marché européen ». Et de préciser sur sa lancée que la faiblesse du volume des exportations algériennes hors hydrocarbures vers les pays de l'UE est due au fait que « les opérateurs algériens soient confrontés à des contraintes liées à des conditions techniques et réglementaires d'accès au marché européen des plus restrictives ». Interrogé sur ce sujet lors d'un point de presse improvisé, l'ambassadeur et chef de la délégation de la Commission européenne en Algérie, Mme Laura Baeza, a répondu tout bonnement que l'accès au marché européen « nécessite un travail d'adaptation pour les entreprises algériennes ». Et de préciser : « C'est une question de conformité aux standards européens. » L'on s'interroge dès lors si Sonatrach est considérée aussi comme entreprise non performante et/ou non conforme aux standards européens. Le groupe public spécialisé dans les hydrocarbures fait face à des restrictions des plus drastiques pour la distribution de ses produits en Europe. Sur la courbe du commerce extérieur et des échanges, l'évaluation préliminaire de l'Accord d'association avec l'UE démontre aussi des écarts de taille entre les gains encaissés par les deux parties. Selon M. Zaâf, les exportations algériennes hors hydrocarbures vers les pays de l'UE restent « marginales », voire « insignifiantes » en s'établissant à 1 milliard de dollars en 2008. Celles-ci sont dominées par les produits miniers bruts et pétrochimiques, a constaté le même responsable. Les importations acheminées depuis les pays de l'Union européenne, elles, ont totalisé 20,8 milliards de dollars.Depuis 2005, date de mise en 'uvre de l'Accord d'association, les importations algériennes auprès de l'UE ont augmenté de près de 80%, passant de 11,2 milliards de dollars en 2005 à 20,8 milliards de dollars en 2008. Sur le plan agricole, à titre indicatif, les importations algériennes depuis la zone euro sont passées de 1,2 milliard de dollars en 2005 à 2,8 milliards de dollars en 2008. L'importation des produits industriels a atteint 17,7 milliards de dollars en 2008, contre 9,8 milliards de dollars en 2005. Les importations en provenance de l'UE constituent 55% des importations globales de l'Algérie. Pour ce qui est des contingents tarifaires accordés par l'Algérie à l'UE dans le cadre de l'Accord d'association, M. Zaâf a indiqué que ceux-ci ont été consommés totalement par les pays de l'UE et, qu'à l'inverse, l'Algérie n'a consommé que 6 sur les 41 octroyés par l'UE à des taux très faibles qui ne dépassent pas les 10%.


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