L'Algérie a ses spécificités, mais cela ne veut pas dire qu'elle doit s'exonérer de toute évolution», a déclaré l'ambassadeur de France à Alger, Xavier Driencourt. Intervenant lors d'une conférence-débat organisée, hier à Alger, par le quotidien Algérie News, le diplomate français estime qu' «il y a bien une demande de changement dans le pays à laquelle les autorités algériennes ont répondu avec les réformes d'un certain nombre de textes législatifs». Il distribue, dans ce sens, de bonnes notes au gouvernement algérien qui, selon lui, «suit le processus de réformes à son propre rythme».
Révélant le contenu d'une discussion qu'il a eu, au début des révoltes en Tunisie et dans certains pays arabes, avec des membres de l'Assemblée populaire française, Xavier Driencourt affirme qu'il avait défendu l'idée qu'«il n'y aura pas d'effet domino et que chacun des pays de la région a ses propres spécificités». «Il y a environ un an, j'ai été invité par la commission des affaires étrangères de l'Assemblée nationale française. Un certain nombre de parlementaires voulaient me faire dire qu'après Ben Ali, Bouteflika va tomber. Je me suis inscrit en faux contre cet amalgame. J'ai dit que chacun a ses spécificités dans ce Monde arabe (…) Un an après, je constate que finalement j'avais raison», dit-il.
Les autorités algériennes, ajoute-t-il, ont lancé un certain nombre de chantiers de réformes de textes législatifs que «nous suivons avec beaucoup d'attention et beaucoup d'intérêt». «Il y a aussi des engagements des autorités algériennes pour garantir la transparence des prochaines élections législatives. L'Algérie suit son rythme de réformes. Ce ne sont pas forcément les mêmes réformes qu'en Egypte ou en Tunisie. Chacun a son propre agenda. En tout cas, personne, en ce début de l'année 2012, ne peut souhaiter à l'Algérie un scénario égyptien, libyen ou syrien», précise-t-il. L'ambassadeur revient, dans la foulée, sur les relations bilatérales algéro-françaises qui, selon lui, «sont entrées dans une nouvelle phase de réchauffement après avoir traversé une zone de turbulences durant la période de 2008-2010».
Le processus de rapprochement enclenché par l'envoyé spécial du président Sarkozy, Jean-Pierre Raffarin, s'est soldé, enchaîne-t-il, par «une dynamique importante» qui a permis de résoudre un certain nombre de dossiers.
Contrôle des Algériens au retour : «Une procédure ancienne»
«A l'arrivée de M. Raffarin, il y avait 12 dossiers qui sont posés sur la table. Aujourd'hui, 10 ont été réglés. Il ne reste plus que ceux relatifs à l'usine Renault, Lafarge et Sanofi», argumente-t-il. Au sujet de l'éventuelle implantation d'une usine Renault pour la production des véhicules en Algérie, il précise que «les négociations avancent bien». «Il est, toutefois, naturel que ces discussions prennent du temps, comme ce fut le cas pour l'installation de l'usine Renault au Maroc où l'accord n'a été conclu qu'après trois années de pourparlers», ajoute-t-il.
S'agissant de la question de la circulation des personnes, le diplomate français s'est réjoui de la baisse du nombre de refus de visas en 2011 : «A Alger, sur 128 000 dossiers déposés, 100 000 visas ont été accordés avec un taux de refus qui est en baisse de 28%. Il y a aussi une hausse considérable de visas de circulation qui représentent plus de 40% des sésames accordés. Nous avons ici décidé d'introduire des facilités pour les avocats, les dentistes et les étudiants.» Interrogé sur le système de contrôle imposé pour un certain nombre de citoyens algériens à la fin de leur séjour en France en les obligeant à présenter leur carte d'embarquement, Xavier Driencourt affirme que «c'est une ancienne procédure». «Il y a des contrôles dans les consulats en Algérie et dans des consulats français dans un grand nombre de pays. Il y a eu un rapport publié par le Sénat en 2007 qui a donné instruction au gouvernement de procéder à des contrôles systématiquement.
Nous n'avons pas appliqué cela. La mesure porte sur très peu de personnes. Cela ne concerne pour Alger que 4,25% des personnes qui ont obtenu les visas. Il y a un certain nombre de cas sur lesquels nous pouvons avoir des doutes. Mais nous leur avons fait confiance, tout en leur demandant de présenter leur carte d'embarquement à leur retour», indique-t-il, précisant que cette procédure a été publiée sur le site de l'ambassade en août 2007. Revenant sur la demande du juge français, Marc Trévidic, de procéder à l'autopsie des crânes des moines de Tibhirine, l'ambassadeur explique que «c'est une procédure judiciaire qui sera traitée dans le cadre d'un protocole judiciaire signé entre l'Algérie et la France».
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Posté Le : 07/02/2012
Posté par : sofiane
Ecrit par : Madjid Makedhi
Source : www.elwatan.com