L'Algérie ne connaît pas la crise et elle n'engage pas des réformes en
raison de la conjoncture internationale.
Ahmed Ouyahia, a reproduit son discours en
béton armé lors de son passage à la télévision nationale. Tout ce qui se fait
n'est que la «troisième étape du processus du redressement». Il a fait une
incursion dans les six mètres de Raouraoua. Le foot -
plus que la politique ? - étant l'affaire de tous !
Une troisième étape du
redressement qui a justifié un troisième mandat pour Bouteflika
car le pays traversait une «étape particulière» de son histoire. C'est ainsi
que M.Ouyahia a résolu en bétonnant l'apparente
contradiction entre son soutien hier à la fin de la limitation des mandats avec
sa nouvelle position. M.Ouyahia se dit pour la
limitation des mandats même si son parti a consenti au troisième mandat pour Bouteflika et pour Bouteflika
uniquement. Ainsi, dans une sorte de rewriting politique, le Premier ministre
souligne qu'il faut respecter «la volonté du peuple «qui a demandé un troisième
mandat pour le Président et non pas l'amendement de la Constitution et
l'ouverture des mandats». Les puristes du droit constitutionnel pourront
s'interroger sur le fait que le peuple puisse souhaiter un mandat de plus à Bouteflika en 2009 sans toucher à la Constitution. Et
si la loi fondamentale n'a été changée que pour un mandat ? Mais ils savent
désormais que le chef du RND est pour la limitation des mandats. Sans pour
autant rassurer ceux qui considèrent que l'absence de respect de la Constitution et des
lois est un des problèmes fondamentaux du pays. M.Ouyahia
estime en effet que l'on peut sortir de cette limitation des mandats en «cas de
conjoncture particulière dans l'avenir qui nécessiterait une gestion
extraordinaire, l'Algérie pourrait revenir au système de plus de deux mandats
présidentiels».
Le besoin de «leader»
Même s'il ne le dit pas expressément, Ouyahia
prône un retour au système mis en place par la Constitution de
février 1989 avec un Président élu au suffrage universel et un Premier ministre
qui «assume sa responsabilité devant le Parlement, qui, à son tour, détient les
prérogatives de contrôle». Une configuration qui n'a jamais été admise par
Abdelaziz Bouteflika qui a supprimé de fait la
fonction de chef de gouvernement responsable devant le Parlement avant de la
supprimer constitutionnellement. Il n'existe plus de chef de gouvernement, il
n'y a qu'un Premier ministre dont les pouvoirs ne sont
que ceux qui sont délégués par le chef de l'Etat. Mais pour autant, il ne veut
pas d'un système parlementaire qui briderait l'exécutif car la société
algérienne a «besoin d'un leader politique». Et comme l'Algérie n'est pas en
crise, M.Ouyahia ne voit pas d'utilité à la
conférence nationale suggérée par M.Abdelhamid Mehri qui, lui, considère que le pays n'est pas sorti de la
crise. «L'expérience de la conférence de juin 1991 qui avait duré près de 70
heures avait laissé une image désastreuse».
Une ouverture homéopathique de l'audiovisuel
Cela n'est d'autant pas nécessaire que «la réforme politique prouve que
le président de la République est fidèle à son programme, suit les évènements
en cours dans le monde et est à l'écoute des préoccupations de la société». Il
n'en reste pas moins qu'il constate que les mouvements de grève dans le secteur
public relèvent du fait que «nous traversons une étape particulière, dont tout
le monde veut en profiter pour bénéficier d'une augmentation de salaire» et
qu'il s'agit de ne pas porter «atteinte à l'économie». Il estime que le moment
est propice à «l'ouverture» de l'audiovisuel avec une période de transition où
le capital public serait majoritaire et avec un cahier de charges clair. «L'Algérie
se trouve dans une situation qui lui permet de réaliser cet objectif en raison
de sa stabilité», a-t-il ajouté. Il reste à convaincre que cette ouverture
homéopathique va permettre de changer un système d'information rendu archaïque
par l'obsession du contrôle politique. S'il peut être compréhensible de se
protéger contre la «dictature» de l'argent, il n'est pas sûr que des médias à
capitaux majoritairement publics ne seraient pas mis dans la situation de
reproduire, avec des aménagements cosmétiques, l'actuelle télévision publique. Il
faut rappeler que la télévision nationale a des obligations en matière de
service public qui ne sont pas respectées. Il a fallu un communiqué du Conseil
des ministres soulignant qu'il n'y a pas eu d'instructions de ne pas couvrir
les activités des partis et associations… Communiqué qui avait tout l'air d'une
injonction ou, pour faire plus prosaïque, d'une autorisation de couverture… Et
si les instructions du président de la République d'ouvrir les médias lourds
«n'ont pas été respectées», c'est qu'il faut «changer les textes et les
mentalités».
La Faf a tout faux
Sur l'économie, le Premier ministre a défendu les choix faits ces
dernières années tout en promettant que l'encadrement juridique de l'économie
sera plus stable au cours des prochaines années. Ouyahia
ne fait pas que bétonner. Le président de la Fédération algérienne
de football a dû le sentir en entendant Ouyahia
critiquer la démarche qui prévaut chez les dirigeants du football algérien. Il
n'est pas favorable à la désignation d'un entraîneur étranger et il faut miser
sur les joueurs locaux qui seraient soutenus par quelques joueurs évoluant à
l'extérieur. L'ancien entraîneur Rabah Saâdane aura
eu le plaisir de savoir qu'il est regretté.
Les dirigeants de la fédération algérienne de football, officiellement
indépendant, savent que pour Ouyahia, ils ont tout
faux. Gageons, que c'est une des idées les mieux partagées par l'opinion.
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Posté Le : 18/06/2011
Posté par : sofiane
Ecrit par : Salem Ferdi
Source : www.lequotidien-oran.com