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L'Algérie n'a pas tiré profit de son potentiel carbone



L'Algérie n'a pas tiré profit de son potentiel carbone
Gagner de l'argent en vendant son crédit carbone : l'Algérie ne l'a pas fait. Un seul projet inscrit, moins que la Tunisie, alors qu'elle a un potentiel équivalent à celui de l'Egypte. Le manque à gagner est énorme.
Le monde de l'entreprise en Algérie est en déphasage avec un marché qui devrait l'intéresser, tant il génère de la richesse et participe à la préservation de la planète. Le MDP (Mécanisme pour le Développement Propre) offre pourtant une opportunité de bénéficier d'une manne financière importante. Le protocole de Kyoto récompense en effet tout projet qui réduit les émissions de gaz à effet de serre. Tout projet retenu peut bénéficier de crédits carbone qu'il peut vendre aux pays de l'Union européenne, au Japon, au Canada et à l'Australie, soumis à des plafonds d'émission. Le projet validé est récompensé par une valeur de 50 millions de dollars.
L'Algérie semble cependant ignorer son propre potentiel, dans un marché qui génère une moyenne de 100 milliards de dollars de transactions par an. Les spécialistes annoncent un marché mondial de carbone à hauteur de 565 milliards de dollars d'ici huit ans.
Les chiffres des entreprises algériennes et autres investisseurs privés ayant postulé au MDP sont dérisoires. L'Algérie n'a présenté dans cette finalité que deux projets dans une compétition qui a drainé 6.000 projets. Même quand on se contente d'une comparaison à l'échelle maghrébine, le ratage est énorme. Il est évident qu'avoir un projet de plus que la Libye ne peut constituer un motif de satisfaction. Mais l'avance qu'on prise sur l'Algérie les autres voisins est énorme. L'Egypte est en position de leader avec 26 projets, suivi par le Maroc(18). La Tunisie vient juste derrière avec huit projets.
Résultats opposés pour potentiels égaux
Les chiffres apparaissent encore plus alarmants quand un chercheur et spécialiste des mécanismes de développement propre explique que l'Algérie possède un potentiel identique à celui de l'Egypte. C'est ce que soutient Axel Michaelowa, conseiller des institutions privées, gouvernementales ainsi que publiques dans les secteurs d'économie environnementale, politique climatique et commerciale. Au débat organisé dimanche par CARE (Le cercle d'Action et de réflexion autour de l'Entreprise) sur les enjeux des entreprises algériennes, Michaelowa explique pourquoi le marché est toujours inexploité en Algérie.
Il parle de « volonté politique», qui est très visible en Egypte, mais qui fait défaut en Algérie. «En Egypte, il y a une autorité au sein du ministère de l'Environnement qui a pu accomplir un travail colossal en mobilisant les entreprises», selon Axel Michaelowa.
C'est ce que traduit Ali Harbi, en évoquant « un manque d'intérêt des pouvoirs publics pour le marché carbone». Pour rattraper le retard, il a été recommandé aux entreprises de continuer à sensibiliser les autorités en vue de consacrer un minimum d'attention à ce sujet.
Le Maroc, plus avancé dans ce domaine, a créé, en 2088, Fonds capital carbone Maroc.
Argent perdu, temps dilapidé
Axel Michaelowa, qui a travaillé au Maghreb depuis l'année 2000, avant d'aller appuyer l'Arabie Saoudite pour le MDP, a remonté le temps pour mieux situer la phase ratée. Il a été ainsi révélé que pendant que des pays du Sud couraient derrière le MDP, les compagnies et investisseurs privés algériens ont préféré rester statique. C'était durant la décennie écoulée, estime l'expert, que des industriels de 90 pays ont pu monter des milliers de projets générateurs d'un milliard de crédits CO2.
Ces projets touchent la destruction de gaz industriels comme le N2O, la combustion de méthane, et l'introduction des énergies renouvelables. Le bilan à établir aujourd'hui est lourd à supporter en termes de perte, surtout qu'il s'agissait d'une phase ou les prix des crédits carbone étaient plus élevés. ils étaient supérieurs à 12 euros pour une tonne CO2.
Le spécialiste explique que l'exportation était plus facile vers l'Europe qui donnait des revenus très intéressants aux entreprises chinoises, indiennes et brésiliennes. Ce qui ne peut plus être le cas actuellement : la volonté manque aux pays industrialisés et émergents pour introduire des cibles d'atténuation pour l'après-2012. Le ratage a encore de l'avenir, dans la mesure où « des crédits de nouveaux projets algériens MDP enregistrés après 2012 ne pourront pas exportables vers l'Europe».
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