L’Algérie met le paquet pour l’agriculture saharienne Vert le Sud…

Publié le 17.12.2022 dans le Quotidien l’Expression
Par Walid Ait Said

L'Agriculture se «lève» au sud! L'Algérie va mettre le paquet sur les cultures sahariennes. Près de 100.000 hectares de terres agricoles vont être distribuées aux investisseurs dans le Sud du pays. «Des concessions de plus de 97.000 hectares de terres agricoles vont être accordées aux investisseurs dans le cadre de l'investissement structuré dans le grand Sud algérien», a annoncé, jeudi dernier, un cadre au ministère de l'Agriculture et du Développement rural. Il s'agira là de la première pierre d'une stratégie à long terme qui vise les ²1 millions d'hectares distribués à l'horizon 2030. «Le programme tend à parvenir à distribuer 500.000 hectares d'ici fin 2025 et un million d'hectares à l'horizon 2030», a précisé Miloud Tria, chargé d'études et de synthèse auprès du ministère. Le même responsable soutient qu'il s'agit là d'un nouveau plan tracé par le ministère sous les instructions du président de la République, Abdelmadjid Tebboune. «Il vise à mettre en valeur les terres sahariennes et à focaliser sur les filières stratégiques», a-t-il soutenu lors de la présentation d'une communication sur la stratégie du secteur, organisée en marge de la Foire de la production algérienne (FPA 2022), au Palais des expositions. Il soutient que l'objectif de cette nouvelle stratégie est «d'assurer l'autosuffisance à moyen terme, notamment dans les filières céréalière et laitière qui viennent en tête de la facture d'importation des produits alimentaires». Une ambition affichée par le chef de l'Etat dés son élection à la tête du pays en décembre 2019. Il avait innové en lui dédiant tout un département ministériel. Cela afin de booster l'investissement dans ce type d'agriculture qui a fait ses preuves en Algérie. L'exemple de Oued Souf est des plus parlant! Cette région du nord-est du Sahara est devenue la Californie de l'Algérie. Les investisseurs ont fait jaillir du sable des jardins verdoyants qui offrent à tous le pays différents fruits et légumes. Oued Souf est même devenu un pôle international puisque beaucoup de ses produits agricoles sont exportés à l'étranger, à l'image des pommes de terre et de la tomate. Une grande réussite qui a donc encouragé les autorités de faire du Sahara le nouveau grenier agricole du pays. Surtout que le soleil, toute l'année, permet aux agriculteurs de produire à contre-saison. Il faut ajouter les ressources hydriques à travers les nappes phréatiques cachées dans les entrailles de notre désert. L'objectif affiché par le gouvernement est que l'agriculture Saharienne couvre «45 à 50%» de la production agricole nationale. Cela afin que le pays puisse au plus vite assurer sa «sécurité alimentaire», comme ne cesse de le répéter le Président Tebboune à chaque Conseil des ministres. La crise en Ukraine et le réchauffement climatique n'ont fait que renforcer les convictions de Tebboune sur la question. «Il y a une fluctuation des cours des produits alimentaires stratégiques et des matières premières sur les marchés mondiaux», a soutenu le cadre du ministère de l'Agriculture. «Cela est dû aux crises économiques et à la situation politique mondiale actuelle, en sus des changements climatiques», a-t-il rappelé. «Ce qui a incité les pouvoirs publics à revoir la stratégie de la sécurité alimentaire en Algérie, pour la rendre plus résiliente face à ces changements, et ce, en focalisant sur la production des cultures stratégiques et des intrants, dont les semences et les engrais», a-t-il expliqué. C'est ainsi que l'Algérie mise sur son Sahara pour assurer son autosuffisance en céréales, en particulier le blé tendre. «Nous avons tous les moyens nécessaires pour atteindre cet objectif, a-t-il soutenu, qu'il s'agisse de foncier agricole, des ressources hydriques, des semences, des compétences humaines ou des structures organisationnelles à l'instar de l'Office algérien des céréales», insiste à chacune de ses sorties le ministre de l'Agriculture et du Développement rural, Mohamed Abdelhafid Henni. Les ambitions sont donc claires: les yeux de l'Algérie sont rivés vers le Sud. Cela est d'autant plus vrai que le pays se présente comme la porte d'entrée vers le continent africain. La distribution de ses terres et l'intensification de l'agriculture saharienne devraient permettre au pays d'avoir un surplus qu'il pourra facilement transporter vers le reste de l'Afrique. D'ailleurs, un grand hub aérien va être créé à Tamanrasset pour desservir les métropoles africaines. Le désert algérien pourrait donc «sécuriser» l'alimentation de tout un continent...