L’Algérie met 500 milliards sur le tapis

Près de 6,5 millions d’analphabètes à prendre en charge Cinq milliards de dinars sont mis sur le tapis par l’Etat dans un programme spécial visant l’éradication de l’analphabétisme à l’horizon 2015. C’est ce qu’a annoncé jeudi, Mohamed Taher Bekouche, le directeur général du centre national d’alphabétisation qui prenait part à la conférence nationale consacrée au rôle que peuvent jouer les Scouts musulmans algériens dans la concrétisation de la stratégie nationale d’alphabétisation, adoptée par le gouvernement. Et la tâche n’est pas des plus aisée puisque selon M. Bekouche, 6.400.000 personnes sont considérées analphabètes à l’échelle nationale. D’ailleurs, est-il à souligner, l’Algérie fait partie des pays où le taux de l’analphabétisme est des plus élevé, même si, reconnaît-on, il a tendance à baisser grâce aux efforts consentis par l’Etat. En effet, en 1998, les statistiques faisaient état de 31,6% d’analphabètes, représentant alors une population d’environ 7,5 millions. A ce propos, M. Benbouzid faisait remarquer il y a deux ans que les personnes âgées de 20 à 59 ans étaient les plus touchées, représentant 66% de la population analphabète. De plus, estimait-il, il n’y a pas que les zones rurales qui sont concernées, puisque le taux d’analphabétisme y représente 55,22%. M. Bekouche est également revenu sur les actions de l’Etat en matière de lutte contre l’analphabétisme, citant en exemple l’enseignement obligatoire et la réforme du système éducatif. Toutefois, est-il à noter, et alors que le programme d’alphabétisation ne doit pas s’étaler au-delà de six mois, selon les normes internationales établies par l’Unesco, en Algérie, et dans le meilleur des cas, ce même programme atteint les trois années, et ce, en raison des conditions sociales. L’intervenant a suggéré, enfin, de puiser des encadreurs dans les vagues de nouveaux diplômés universitaires, en souhaitant la multiplication des classes d’alphabétisation dans les établissements éducatifs, au niveau des mosquées et dans les Maisons de jeunes, plus particulièrement dans les 22 wilayas du pays où l’on enregistre un taux élevé d’analphabètes comme Djelfa, Relizane, Aïn Defla, Tamanrasset et Illizi qui comptaient respectivement, en 2005, 50,04%, 42,29%, 43,08%, 43,72% et 40,29% d’analphabètes. Deux autres interventions sont à souligner, celles de Noureddine Benbraham et Mme Aït Mehdi Hadjira, respectivement commandant général des Scouts musulmans algériens (SMA) et représentante du ministère délégué chargé de la Famille et de la Condition féminine. Le premier a appelé le mouvement associatif à s’impliquer concrètement dans la concrétisation de la stratégie nationale d’alphabétisation afin de parvenir à toucher les zones les plus reculées, appelant les parties concernées à convaincre les personnes analphabètes à suivre les cours qui leur sont destinés. La seconde a appelé à multiplier les efforts en direction de la gent féminine, sachant qu’elles sont 4 millions de femmes à être touchées par le fléau à l’échelle nationale. Il y a lieu de noter enfin qu’il est question du lancement dans quelques mois d’une nouvelle chaîne de télévision devant cibler essentiellement les analphabètes, une chaîne qui diffusera ses programmes au quotidien sous forme de cours. C’est le ministère de l’Education nationale qui en avait fait l’annonce, à l’occasion des Journées mondiales de lutte contre l’analphabétisme, tenues du 19 au 25 avril dernier, initiées par l’Unesco sous le thème «l’enseignement accessible à tous». Il annonçait aussi le recrutement, pour l’année scolaire 2008-2009, de 28.000 diplômés qui assureront les cours d’alphabétisation. Farida Kadache