Samy Lamouti, jeune algérien originaire de Belouizdad, a contribué aux effets spéciaux sur plusieurs films hollywoodiens à gros budgets tel que Dr Strange, Alien Covenant, Les Animaux Fantastiques, Tarzan, Blade Runner 2049 et d'autres. Il était présent au Comic Con Algérie du 23 au 25 mars, où il a animé plusieurs conférences.Titulaire d'un Bachelor et termine une Maitrise au NAD-UQAD (Ecole des arts numérique) de l'animation et du design, à Montréal, il revient dans cet entretien sur son parcours et ses projets.
Interview réalisée par Imène AMOKRANE
Rédaction Digitale de « Liberté » (#RDL) : Comment vous vous êtes retrouvé à faire des effets spéciaux pour les films d'Hollywood '
Samy LAMOUTI : Ce n'est pas venu juste comme ça, c'est tout un parcours. Je voulais faire du graphisme, j'ai un background de designer, j'ai fait l'institut des arts graphiques d'Alger. Ensuite, je suis allé au Japon et c'est là qu'il y a eu le déclic, je me suis dit qu'il fallait que j'aille étudier quelque part et c'était soit la France, soit les Etats-Unis, soit le Canada, car Montréal est connue pour son industrie visuelle. Je suis alors parti étudier là-bas, où on m'a appris à affronter l'industrie du VFX (effets visuels, ndlr), jusqu'à ce que je sois recruté par un studio. C'est donc comme ça que je me suis retrouvé à faire des effets spéciaux pour les films d'Hollywood.
Un bon effet spécial consiste en quoi selon vous '
C'est un effet spécial crédible, parce qu'il faut qu'on y croit. Par exemple si le super héros de Dr. Strange ouvre grand les bras il faut que ça apparaisse réel. Sinon, un effet spécial ça serait un effet invisible, si on veut changer le décor le spectateur ne doit pas pouvoir faire la différence si c'est le vrai décor ou s'il a été changé, c'est ça un bon effet spécial.
Selon vous, qu'est ce qui manque à l'Algérie pour entrer dans le "monde" des "effets spéciaux" '
C'est l'organisation. Le talent on en a et ce n'est pas forcément une question de moyens. Les moyens sont importants, mais je pense qu'on peut y accéder. D'ailleurs beaucoup de pays ont lancé une industrie VFX, comme l'Indonésie, l'Inde, au Mexique et d'autres pays qui se sont donné les moyens. Nous aussi on peut se donner les moyens, c'est juste des ordinateurs. Les choses qu'on ne pourrait pas faire en VFX ici on pourrait les faire ailleurs, c'est simple. L'important pour moi c'est d'avoir une méthodologie et une organisation de travail pour ensuite créer cette industrie.
Les effets spéciaux sont-ils écolos '
Il n'y a peut-être pas de relation directe, mais c'est sûr que créer des explosions, ou donner une couleur à l'océan par ordinateur est possible, on n'a pas besoin de le faire vraiment dans la nature. Par exemple si on doit fabriquer des charrettes ou cinq cent chariots en bois pour un fil d'époque, on doit couper des arbres et gaspiller des ressources, alors que si on le fait par ordinateur c'est beaucoup plus simple.
C'est sûr qu'un studio ou un lieu de tournage c'est beaucoup de camions et d'énergie, mais au final c'est mieux pour l'environnement de faire certains décors par ordinateur, que de les fabriquer.
Qu'est-ce que vous conseillerez aux jeunes algériens qui s'intéressent aux effets spéciaux '
J'encourage tout le monde à juste foncer. Si vous voulez faire des effets spéciaux et des jeux vidéo faites-le, vous allez y arriver. Commencez à apprendre, à partager, à être curieux, ensuite le jour viendra et vous allez travailler là où vous avez toujours rêvé de travailler, que ça soit dans les grands ou les petits studios. Il n'y a pas de limites et il ne fait jamais se dire que ce n'est pas pour nous, on est en Algérie, cela n'existe pas.
C'est vrai qu'à un moment donné faudra partir ailleurs pour travailler sur certains projets, mais même ici vous pouvez commencer à apprendre, il faut juste croire en soi et faire, just do it !
Par @ImeneAmokrane
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Posté Le : 28/03/2018
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Imène AMOKRANE
Source : www.liberte-algerie.com