La visite, de deux jours à Alger, de M. Bernier a permis de confirmer cette divergence et d?exclure la possibilité que l?Algérie pourra passer un marché avec le Maroc, derrière le dos des Sahraouis. Au souhait de Paris, soutenu par Madrid, de voir s?établir « un dialogue politique direct entre Alger et Rabat destiné à rechercher une solution au problème du Sahara-Occidental », Belkhadem a expliqué, hier, à l?occasion de la conférence donnée conjointement avec son homologue français, que l?Algérie n?est pas prête à accepter un règlement de la question du Sahara-Occidental qui ferait l?impasse sur le principe de l?autodétermination du peuple sahraoui. Ayant quelque peu atténué les effets des nombreux superlatifs employés par Michel Barnier pour restituer « l?accueil chaleureux et amical des autorités algériennes », la réponse de Belkhadem a fait suite justement à une intervention du ministre français sur la question. Parlant de la dynamique de l?intégration maghrébine et des conditions de sa réussite, M. Barnier a estimé que « le moment est venu pour qu?une solution politique soit recherchée puis trouvée à la question du Sahara-Occidental ». Et d?ajouter : « Le plus tôt serait le mieux. » De fil en aiguille, le chef de la diplomatie française a soutenu que « cette solution, qui est à rechercher dans le cadre des Nations unies, doit être agréée par les parties (sans indiquer lesquelles) et passer par un dialogue direct entre Rabat et Alger ». Et si le « doit » utilisé par Michel Barnier explique sa réponse sèche, Belkhadem a insisté, pour lever les ambiguïtés du discours de son invité et souligner le parti pris de la France dans le dossier, sur l?idée que la question du Sahara-Occidental n?est pas un différend opposant le Maroc à l?Algérie et que ces deux pays « n?ont pas besoin d?intermédiaires pour discuter puisque leurs relations ne se sont jamais interrompues ».Pour preuve de la bonne santé des rapports entre l?Algérie et le Maroc, il a annoncé la visite prochaine, à Alger, du Premier ministre marocain et de son ministre de l?Intérieur. M. Belkhadem a mis également en exergue le fait que le problème du Sahara-Occidental n?a jamais constitué, du point de vue de l?Algérie et des textes fondateurs de l?UMA, un obstacle à la construction de l?ensemble maghrébin. « Se rapportant à la question du Sahara-Occidental, la position de l?Algérie est toute connue. Nous considérons que c?est un problème de décolonisation et qu?il s?agit de respecter le droit des peuples à l?autodétermination », a-t-il précisé. Il a indiqué au passage que M. Murphy pourrait être le futur successeur de M. Baker au poste d?envoyé spécial de l?ONU pour le Sahara-Occidental. Mais refusant que le ministre français regagne son pays avec une frustration, M. Belkhadem a « chuté » dans son intervention en prouvant que la diplomatie algérienne n?est pas carrée et qu?elle peut aussi faire preuve d?imagination dans le cadre du traitement de ce dossier. A ce propos, M. Belkhadem a assuré que dans « tous les cas, l?Algérie est disposée à aider à trouver des solutions politiques au problème du Sahara-Occidental pour peu que cette solution respecte le droit du peuple sahraoui à l?autodétermination ».
Posté Le : 14/07/2004
Posté par : sofiane
Ecrit par : Zine Cherfaoui
Source : www.elwatan.com