Algérie

L'Algérie, le Sahara Occidental et le veto français



Jean-Pierre Raffarin arrive à Alger une semaine à peine après le refus de Paris de l'envoi d'une mission onusienne pour enquêter sur les tragiques événements survenus dans le campement sahraoui d'El Aâyoune.

L'on affirme du côté français que Raffarin «viendra deux à trois fois par an à Alger». L'on annonce d'ores et déjà une autre visite au début de l'année 2011 qui sera suivie par une troisième l'été de la même année. « Les visites permettent d'entretenir les contacts parce que ce sont des dossiers lourds qui vont être examinés», indique nos sources. Les Français espèrent qu'il «y ait entre les deux responsables, un dialogue économique fructueux». Raffarin ne sera pas accompagné d'hommes d'affaires et ne donnera pas de conférence de presse. «Cette visite ne s'inscrit pas dans une logique de délégation mais elle doit permettre de discuter du fond des choses, de ce que souhaitent les Algériens développer économiquement avec les Français. Il est question de définir une méthodologie pour travailler ensemble. Il ne devra faire aucun commentaire à la presse sur les entretiens qu'il aura eus et aussi sur ce qui va être décidé, c'est à la limite aux autorités algériennes de le rendre public», soutiennent les diplomates français. Du côté algérien, les choses ne sont pas aussi simples même si ce sont les autorités algériennes qui ont demandé à celles françaises de «mettre de côté les dossiers politiques et de ne travailler que sur ceux économiques et commerciaux, ceci pour éviter les tensions». En effet, depuis le refus par la France d'envoyer une mission onusienne pour enquêter sur les tragiques événements qui ont été provoqués par le récent raid militaire marocain sur les campements de populations sahraouies, les esprits au plus haut niveau sont en ébullition. Ce refus français est considéré par les hautes autorités algériennes comme «un veto brandi pour sauver le Maroc dans ces temps de crise». Les Algériens estiment qu'il aurait été plus convenable pour la France de se taire comme l'ont fait les autres pays membres du Conseil de sécurité de l'ONU après ce qui s'est passé dans les camps sahraouis. Pour nos sources proches de la Présidence de la République, «les Etats étaient tous accumulés, ce qui s'est passé à El Aâyoune est très grave, mais il n'y a que la France qui s'est sentie obligée d'intervenir pour soutenir -comme elle l'a toujours fait - le Maroc dans ses pires violations des droits des Sahraouis». La question sahraouie est, faut-il le rappeler, inscrite chez les Algériens, parmi les dossiers qui ont leur poids dans les relations algéro-françaises. Selon des autorités algériennes, «ce veto français est venu comme pour casser notre volonté d'avancer avec les Français». Et «si Raffarin a été désigné pour débloquer les nombreux dossiers en attente depuis longtemps, les Français risquent encore une fois de les voir ajournés. On sait que leur proposition de débattre des événements sahraouis n'a pas de sens parce que d'ici à ce que ce débat se tienne, les morts sahraouis seront oubliés !». L'on s'avance à dire du côté d'El-Mouradia que «Bouteflika n'a aucune intention d'aller à Paris après ce qu'il a considéré comme étant une offense». L'on note cependant que Raffarin ne sera pas interpellé sur cette question du veto français par les autorités algériennes mais il se pourrait qu'il rentrera à Paris sans aucune promesse «économique» en main. C'est dire que la prééminence du politique reste intacte dans les esprits. Du moins ceux des Algériens.

 Interrogé sur le pourquoi de ce veto malvenu, des diplomates français rétorquent sans hésiter «ce n'est pas un veto !». Ils affirment encore une fois être «confiants». En plus, relèvent-ils, «Raffarin est Monsieur Economie, il n'a rien à voir avec le politique». L'on rappelle qu'il a été reçu par Ouyahia «alors que l'affaire du diplomate Hasseni venait d'éclater». C'était en novembre 2008 quand, indiquent nos sources françaises, «l'ex-Premier ministre français était venu à Alger alors qu'Ouyahia était rappelé aux commandes de la chefferie du gouvernement depuis à peine six mois».




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