Des personnalités politiques, religieuses et culturelles ont mis à nu les tentatives coloniales de déposséder les Algériens de leur culture et de leur personnalité. Depuis l’Émir Abdelkader, jusqu’à Mostefa Lacheraf, en passant par Si Mohand U M’hand, Ferhat Abbas, Ben Badis, Mohamed Cherif Sahli, Taos et Jean Amrouche, Mohamed Laïd El Khalifa, Mouloud Mammeri, Kateb Yacine, les poètes et meddahs populaires, tous, et chacun selon sa formation, sa vocation et son style, ont mis en avant l’existence et la vivacité d’une personnalité algérienne, d’une culture nationale arabo-berbère, qu’il importe de promouvoir et de faire accéder à la modernité.
Quel concept a été plus malmené et plus galvaudé que celui d’intellectuel ? Ici ou ailleurs, les approximations, les erreurs et les manipulations n’ont pas manqué de tordre le cou à un terme qui, à force d’être banalisé par la presse et par les appareils idéologiques, a fini par ne rien dire ou, pire que cela, est conduit à dire tout sauf le sens pour lequel il a été forgé.
Après l’accumulation historique des situations où des intervenants dans le champ social et politique ont laissé leurs empreintes particulières dans l’évolution de la compréhension des faits, c’est à Jean Paul Sartre que reviendront la tâche et le mérite d’identifier, de baliser et de nommer les activités de l’esprit et le type d’intervention dans le corps social qui constituent le domaine des intellectuels. «L’intellectuel est quelqu’un qui se mêle de ce qui ne le regarde pas», disait-il. En tout cas, l’entorse faite à la sémantique dans des pays comme l’Algérie où les valeurs morales, les compétences scientifiques et l’esprit critique ont été bridés et pervertis par le système politique despotique et rentier, était d’abord en quelque sorte le pendant de ce qui s’est passé dans les pays de l’Europe de l’Est au temps des ‘’démocraties populaires’’. La particularité de l’Algérie étant liée à la colonisation qui a destructuré les bases culturelles et sociales du pays. Cette situation sera aggravée par la marche du Mouvement national dont les orientations idéologiques se sont basées sur l’arabisme. Contrairement aux autres colonies françaises, l’Algérie était considéré comme un simple prolongement de la Métropole, à savoir un territoire formant trois départements (Alger, Oran, Constantine) au XIXe siècle. C’était une colonisation de peuplement qui favorisa l’installation de plusieurs communautés d’Europe, principalement de France et d’Espagne. À la veille de l’Indépendance, les populations européennes étaient évaluées à un million de personnes. Au vu de son statut économique, administratif et social acquis par la violence et basé sur les privilèges, cette communauté ne pouvait qu’assurer sa primauté culturelle et idéologique dans un pays qu’elle considérait le sien. Cela ne pouvait pas aller sans heurts face à une population autochtone confinée dans l’indigénat. Les expropriations des paysans, l’accélération du salariat capitaliste et la destruction des bases de la cellule familiale ont hâté une forme de déculturation dont les conséquences les plus immédiates étaient la dévalorisation de l’être algérien, la haine de soi et, in fine, le complexe du colonisé. Les formes d’acculturation auxquelles on pouvait s’attendre n’ont pas eu lieu, ou du moins avaient une portée très limitée, en raison de la logique coloniale basée sur la soumission. Les cas très rares d’indigènes affranchis du joug de l’ignorance à la faveur d’une certaine ‘’libéralisation’’ de l’école de Jules Ferry constituent plutôt une exception qu’une règle. Le résultat des courses fut qu’en 1962 le taux d’analphabétisme était effarant, soit plus de 80% de la population algérienne.
Quelle que fussent les différences d’angle de vue et les divergences d’approches, les élites algériennes de l’époque coloniale ont su décrypter l’entreprise de dépersonnalisation et de déculturation qui était mise en œuvre par les autorités, les institutions et les idéologues coloniaux. Parmi ces derniers, le cas le plus patent est sans aucun doute celui de Louis Bertrand qui considérait que la colonisation de l’Algérie n’est qu’un juste retour des choses, qu’un rétablissement d’un fait historique, puisque l’Afrique du Nord était une patrie ‘’latine’’ dont les Européens ont été ‘’injustement’’ dépossédés.
Le mouvement national, avec ses différentes facettes (ENA, UDMA, MTLD, Ulémas), a majoritairement revendiqué l’émancipation de la personnalité algérienne dans ses valeurs d’origine en même temps que la libération politique du pays. De même, des personnalités politiques, religieuses et culturelles ont mis à nu les tentatives coloniales de déposséder les Algériens de leur culture et de leur personnalité. Depuis l’Émir Abdelkader, jusqu’à Mostefa Lacheraf, en passant par Si Mohand U M’hand, Ferhat Abbas, Ben Badis, Mohamed Cherif Sahli, Taos et Jean Amrouche, Mohamed Laïd El Khalifa, Mouloud Mammeri, Kateb Yacine, les poètes et meddahs populaires, tous, et chacun selon sa formation, sa vocation et son style, ont mis en avant l’existence et la vivacité d’une personnalité algérienne, d’une culture nationale arabo-berbère, qu’il importe de promouvoir et de faire accéder à la modernité. Cependant, au moment le plus critique du Mouvement national, à savoir au milieu de la guerre de Libération, les premiers signes de marginalisation de la fragile élite formée dans les écoles et lycées coloniaux, commençaient à apparaître dans les instances de la révolution algérienne. L’affaire de la ‘’bleuite’’, avec le mystère qui pèse encore sur cette phase de la révolution, et la liquidation de Abane Ramdane sont analysés par les historiens comme une ‘’distance’’ que la révolution voulait prendre avec le versant intellectuel de la lutte de libération nationale en faveur des militaires purs et durs. En tout cas, ce fossé ne manquera pas de ressurgir après l’indépendance et, ce faisant, de confirmer une ligne de conduite qui aura la vie malheureusement longue.
La rente contre l’élite Les errements de la guerre de Libération auront achevé ce qui demeurait encore vivace en s’attaquant à tous ceux qui pouvaient se révéler des porteurs d’idées de changement et de progrès. L’affaire de la ‘’bleuite’’ étant, dans ce cas de figure l’acmé de la descente aux enfers de la classe qui a reçu un minimum d’instruction et de culture et qui aurait sans doute donné un autre cours à la période de construction nationale après l’Indépendance. Il n’en a pas été ainsi. Le régime, fondé idéologiquement sur une mixture de la gauche soviétique et du nassérisme arabiste a essayé de se légitimer par des ‘’intellectuels organiques’’ recrutés dans les organisations de masse et soumis à un badge du parti unique, le FLN. Tous ceux qui pensaient autrement étaient non seulement marginalisés, censurés, anathématisés et interdits d’accès aux postes de responsabilité, mais plus gravement, suspectés, filés, emprisonnés et, avec l’avènement du terrorisme islamiste, liquidés physiquement. C’est une logique infernale consistant à créer un vide sidéral dans la société de façon à ce qu’elle ne soit pas encadré intellectuellement, à ce qu’elle perde ses repères et qu’elle devienne un corps anémié, anomique et anonyme.
Pour ce faire, un machiavélisme débridé et un matraquage idéologique inouïs ont été mobilisés dans un contexte de rente, de copinage et de clientélisme. La première cible intelligemment prise en otage fut l’école. L’unicité de la pensée, l’endoctrinement martial et l’embrigadement des futurs citoyens a commencé dans cette noble institution publique. Le meilleur envisagé était l’arabisation de l’enseignement. Sans moyens humains et didactiques, l’arabisation au rabais a recouru aux personnels orientaux. L’Egypte a mobilisé pour l’Algérie des contingents de faux prophètes, de médiocres maîtres d’école dont on disait qu’ils faisaient tous les métiers possibles et imaginables dans leur pays sauf celui de l’enseignement.
La pression des baâthistes sur le régime de Boumediène allait crescendo et s’enhardissait à chaque fois qu’elle faisait une conquête nouvelle. En avril 1976 était signée l’ordonnance portant instauration de l’École fondamentale qui a parachevé ainsi l’arabisation de tous les échelons de l’enseignement. Même les enseignants des matières scientifiques qui n’entendaient rien à la langue arabe étaient sommés de se reconvertir ou de se démettre. C’est un chantage qui n’a pris aucun détour pour se mettre en branle. Tous ceux qui pouvaient apporter une autre manière de concevoir l’école et l’université modernes étaient mis sur la touche. L’illustration la plus parfaite en est sans doute la brève expérience-9 mois- de feu Mostefa Lacheraf, alors ministre de l’Éducation, consistant à vouloir réformer l’enseignement secondaire par l’introduction des la filière Lettres bilingues. C’était en septembre 1979. A la fin de l’année scolaire, la filière a été dissoute et le ministre se retrouvera ambassadeur à Mexico !
Les sciences humaines au rebut En tant qu’ensemble de disciplines participant à la préparation des cadres de la nation pour prendre en charge, demain, les questions économiques et sociales du pays, et en tant que domaine faisant partie de la culture de la citoyenneté et de la formation des élites, ces matières sont, à dessein, dévalorisées par les décideurs des pays arabes. C’est, en quelque sorte une conséquence logique- voire même un axe fondamental- du travail de soumission des peuples à la volonté des princes, travail qui exige l’anéantissement de toute pensée critique et de réflexion citoyenne.
L’on raconte que les cours de philosophie ont été arabisés en Tunisie à la suite d’une année de protestations sociales organisées par les étudiants et les ouvriers. ‘’Haro sur le baudet !’’, telle semble être la devise par laquelle on s’attaqua à ‘’l’axe du mal’’ incarné par la philosophie.
N’est-ce pas que c’est fort significatif cette façon d’inhiber la fonction critique et d’éveil d’une discipline importante des sciences humaines ? L’arabisation est, ici, comme dans tous les domaines de la vie citoyenne (administration, justice, médias publics, enseignes de magasins,…), prise comme une mesure de répression et non d’une quelconque promotion d’une culture.
De même, les autres matières enseignées au collège et au lycée n’ont jamais permis l’accumulation d’un background culturel qui aurait permis à l’étudiant à l’université d’aborder avec assurance les modules plus élaborés qu’on lui présente. Sur ce plan, le seul regard jeté sur l’enseignement de l’histoire et de la géographie nous renseigne amplement sur le désastre pédagogique provoqué dans les sciences humaines. En effet, comment pourra-t-on aborder les thèmes de la division internationale du travail, la genèse, les mécanismes et l’évolution des conflits sociaux, les rapports entre la croissance et le développement, la mobilité sociale, le chômage, le produit intérieur brut,…lorsque, pendant toute sa scolarité, l’élève n’a eu droit qu’à la mythique nation arabe ou à la chimérique Oumma islamia ? Dans le contexte même de cette aire civilisationnelle, on ne lui a jamais parlé du mode de vie des populations sahariennes, du génie des peuples qui ont construit les foggaras et les canalisations du Nil. Les flux commerciaux entre l’ancienne Syrie (Chem) et le Yémen, qui peuvent largement nous éclairer sur les systèmes de production et le degré de maîtrise et de domestication de la nature, ne sont donnés à nos potaches que dans une sourate coranique (Rihlet Chitta ou Ssayf) qu’on leur demande d’apprendre par cœur.
Comment alors comprendre les thèses de Jacques Berque et de Mohamed Boukhabza sur le mode de vie pastoral et la sociologie des zones de steppe ? Comment aborder les écrits anthropologiques de Mouloud Mammeri et Mohamed Souheil Dib et les ouvrages d’ethnologie coloniale lorsque la formation linguistique et les acquisitions en culture générale sont réduites à la portion congrue ? Lorsque ces deux derniers éléments viennent à manquer, et c’est malheureusement le cas dans notre école sinistrée, les dégâts entraînés chez les futurs étudiants en matière de culture et de communication sont tout simplement désastreux. On le voit bien aujourd’hui dans toutes les institutions investies par les nouvelles recrues sorties fraîchement de l’université.
Des noms prestigieux de la culture algérienne qui ont produit des idées et qui ont acquis une reconnaissance internationale sont parfois tout bonnement ignorés par nos universitaires. Kateb Yacine, Mouloud Mammeri, Issiakhem, Mohamed Harbi, Bachir Hadj Ali, Mostefa Lacheraf, Assia Djebar, Taous Amrouche et tant d’autres encore ne sont connus du public algérien que par une vague réputation qui n’évoque rien de concret. Mais, la première institution à faire l’impasse sur ces noms, c’est d’abord l’école algérienne.
Pour affronter les nouveaux défis de la mondialisation, l’Algérie se trouve dans la position des pays les moins bien lotis en matière d’assise culturelle et d’activité intellectuelle. Toutes les matières susceptibles d’insuffler l’esprit critique, l’autonomie de la pensée et la conscience citoyenne ont été happées par la rente au point qu’elles ne jouent plus un rôle majeur dans la formation. Droit, géographie humaine, histoire, philosophie, sociologie, littérature ont fini par être ravalées au simple faire-valoir scolaire et universitaire.
Qui sont les intellectuels ?À l’intérieur ou à l’extérieur du monde académique, les forums et les revues spécialisés sont plutôt une denrée rare. La revue Naqd et les forums organisés par le journal El Watan constituent plutôt des exceptions par lesquels, à eux seuls, le printemps des idées ne s’installera pas de sitôt. Mais, malgré une tradition de l’autoritarisme politique et de la corruption des élites (on est en pleine ‘’trahison des clercs’’, concept cher à Julien Benda), l’Algérie a produit des hommes de culture- certes une minorité- qui ont su se situer du côté du peuple, donc en dehors de la cour et du sérail. Kateb Yacine et Mouloud Mammeri sont l’archétype de l’intellectuel algérien assumant ses positions critiques vis-à-vis des cercles de décision et évitant toute complaisance y compris avec certains côtés irréalistes ou tordus des causes qu’ils défendent. Si cette situation doit être nommée d’une traite, elle s’appellera honnêteté. Et l’honnêteté intellectuelle est justement la caractéristique la plus prégnante des positions et des actes de l’intellectuel. De plus, la proximité des institutions officielles ne constitue nullement un frein ou une tare pour ces hommes de dire la vérité, de lutter pour les idéaux de liberté, de sensibiliser leurs concitoyens aux questions culturelles, sociales ou politiques. L’exemple le plus probant est celui de Mouloud Mammeri qui était professeur de Lettres et directeur de l’ex-CRAPE après qu’il eut jeté l’éponge en tant que président de l’Union des écrivains algériens lorsque le FLN s’accapara cette organisation pour en faire une organisation de masse au même titre que l’UNJA, l’UNPA, l’UNFA, l’UGTA,…etc. Initiateur, par ces recherches en anthropologie culturelle et son engagement sur le terrain de la lutte identitaire, du renouveau berbère après l’Indépendance, Mammeri a su allier la fidélité aux institutions universitaires et à l’esprit académique aux interventions au milieu du peuple pour servir d’éclaireur et de guide dans l’entreprise de réhabilitation de l’être et de la culture berbères.
S’il y a bien une confusion, grave et trop fréquente, à éviter dans ce champ de recherche, c’est bien de considérer tous les universitaires ou écrivains comme étant des intellectuels. Pire, ce concept a été parfois stupidement appliqué à tous ceux qui ont acquis un certain savoir scolaire : écrire, lire et compter ! On ne peut pas tenir rigueur aux manieurs de mots puisqu’ils s’agit souvent d’actes d’autoproclamation destinés à justifier des postes acquis ou convoités. Le temps finit par faire les décantations nécessaires. Qui pourrait dénier, en fait, la qualité d’intellectuel à Kateb Yacine, le Keblouti qui n’a pas eu la chance de terminer même son cycle de lycée ? La révolution et l’amour de l’Algérie et de Nedjma ont fait de lui l’un des plus brillants et pertinents intellectuels algériens.
Un autre phénomène est vécu en Algérie d’une façon probablement plus probante qu’ailleurs. Il s’agit d’une frange de gens qui pensent, réfléchissent, critiquent la société et le pouvoir, puisent dans la sagesse ancestrale et empruntent aux valeurs universelles sans qu’ils produisent des ouvrages écrits. Car, pour revenir à la définition sartrienne élaborée après la seconde guerre mondiale, un intellectuel serait quelqu’un qui, étant conscient des enjeux de l’environnement politique et social, tente, avec un esprit critique et responsable, de changer l’ordre des choses sans qu’il espère de dividendes politiques ou lucratifs. Pour cela, il parle, écrit et agit sur le terrain. Ses analyses, son aura et sa conduite lui procurent respect, adhésion à ses vues et entraînent la formation d’une certaine conscience autour des sujets traités.
Dans ce contexte, le cas particulier de certains poètes-chanteurs en Kabylie qui ont, dans leurs œuvres, pris à bras-le-corps la lutte pour l’amazighité, la liberté d’expression et la démocratie ne peut être occulté. C’est un véritable phénomène de l’histoire culturelle et sociale de la région qui a suppléé à l’absence, pendant trois décennies, de structures politiques, associations ou autre cadre d’expression, de communication et d’animation. L’histoire enregistrera comme phénomène intellectuel majeur l’existence de la chanson kabyle à texte touchant tous les domaines de la vie de la société. Ferhat Imazighène Imula, Lounis Aït Menguellet, Lounès Matoub, Idir et tant d’autres encore sont les ‘’agents de la culture’’, selon l’expression de la chercheur Farida Aït Oufoukh. Celle-ci, en faisant la comparaison entre les rôles joués par Cheikh Mohand Oulhocine et Aït Menguellet dans son article intitulé ‘’Situation d’impasse et agents de la culture’’, inséré dans l’ouvrage Algérie, ses langues, ses lettres, ses histoires’, écrit (Éditions du Tell-2002) : «Si l’on considère l’histoire de la Kabylie, on remarque qu’elle déploie, face aux bouleversements de toutes sortes, un mécanisme de défense le hissant, à chaque époque, un agent à la mesure de la situation. Le travail de ce dernier consiste à annuler une certaine anomie, ou du moins à la bloquer. Une fois sa précellence établie, cet agent qui revêt un statut précis à travers les siècles : guerrier, saint, chanteur,…a pour tâche un ensemble d’opérations patientes dont l’objet est de neutraliser chaque brèche. Ces restaurateur du lieu et du lien s’inscrivent dans un continuum palingénésique (…) dont l’archétype est ‘’amghar azemni’’, le sage des contes kabyles, adjuvant de premier ordre qui dénoue les situations conflictuelles et aide le sujet à poursuivre l’objet de la quête. De ce fait, Cheikh Mohand autant qu’Aït Menguellet sont des figures de sens. Celles-ci refluent vers le lieu de l’origine pour accomplir quelque chose qui n’a pu l’être sur le mode de l’insurrection ; elles semblent porteuses d’un code dont le fonction est de reconstituer en tous points d’où ils furent exclus. Ces agents privilégiés ont toutefois une conduite à observer : tendre vers la Tamusni. (…) La Tamusni regroupe la connaissance pratique et manuelle, autrement un savoir-faire qui comprend le respect des codes et des valeurs et une connaissance intellectuelle qui combine une compétence et une performance, le tout assorti de sagesse (…) La Tamusni n’est pas un concept abstrait puisque la marque d’agent insiste sur la dynamique de cette pensée philosophique qui ne serait ni opérationnelle ni pertinente sans ces sages qui la portent (…) L’amusnaw, c’est donc cet intellectuel du groupe qui a pour lourde tâche d’en porter les aspiration et l’idéal. Tout comme il a pour devoir de puiser dans la mémoire active et de la nourrir à son tour (…) Figures de relais du récit généalogique, ces agents qui surgissent à chaque époque et à chaque impasse sont porteurs de la Voix, celle du refuge utérin (Taqbaylit), articulant par là-même l’être-présent avec l’être-passé».
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Posté Le : 01/07/2009
Posté par : nassima-v
Source : www.depechedekabylie.com