Le FMI a raison! Il a raison quand il a affirmé, vendredi dernier, que «l'économie algérienne se porte relativement bien...Les perspectives restent favorables à court terme, mais la viabilité budgétaire et la stabilité financière à moyen terme deviennent davantage tributaires de la volatilité des cours du pétrole». Ce n'est parce que l'Algérie a déjà connu, bien avant et à elle seule, tout ce qu'endurent, actuellement, les Européens et certains pays arabes que nous devons sombrer dans l'insouciance. Si l'Europe vit une sévère crise économico-financière dominée par un lourd endettement sans être en proie à de grandes révoltes populaires alors que certains pays arabes ont commencé par des révoltes qui les mettent à genoux économiquement, l'Algérie a vécu ces mêmes phénomènes mais dans un ordre différent. Contrairement à la Tunisie, l'Egypte, la Libye et probablement la Syrie où ce sont les crises politiques qui ont débouché sur des crises économiques, dans notre pays c'est la chute du prix du baril en 1986 qui nous avait plongés dans une situation économique à l'identique que celle de la Grèce aujourd'hui. Pas seulement puisque cette situation s'est avérée être un bon terreau pour l'affrontement fratricide qui avait suivi et duré plus d'une décennie. Ceci pour dire que les Algériens connaissent, pour les avoir vécus, tant les problèmes économiques qu'affronte l'Europe que les tragédies qui endeuillent des pays arabes «soufflés» par le «printemps arabe». Il est vrai que nous jouissons de ce fait d'une certaine immunité acquise dans la douleur, les larmes et le sang. Il ne faut cependant pas se leurrer et croire que nous sommes hors de portée, pour l'éternité, d'une «rechute». Oui, le FMI a raison, la volatilité des cours du pétrole est une menace pour nous. Pour nous qui vivons des seules ressources des hydrocarbures, cette volatilité devrait nous inciter à nous ressaisir, pendant qu'il est encore temps, pour sortir, au plus vite, de cette dangereuse dépendance. En nous remettant au travail et en diversifiant notre économie. Il y a un travail de pédagogie à faire à l'échelle nationale. L'aisance financière que nous avons la chance de vivre n'est que passagère. Non seulement les cours du pétrole fluctuent mais nos réserves aussi s'épuisent. Reste la grande question: qui va faire ce travail de pédagogie et tirer une bonne fois pour toutes la sonnette d'alarme' Notre personnel politique partisan et notre société civile sont, visiblement, dans le même état d'insouciance que l'ensemble de la population. Triste constat mais l'espoir d'un ressaisissement existe. Il y a des opportunités à saisir. Ce que vit, par exemple, la Grèce devrait être largement repris et commenté par nos moyens audiovisuels. Au quotidien et en lui consacrant une large place. Il n'y a pas meilleur moyen didactique, on a envie de dire sur le «marché». Aux dernières nouvelles il est exigé de la Grèce d'abandonner sa souveraineté et de se laisser gouverner par les technocrates de Bruxelles. Pour l'instant, les dirigeants grecs refusent. On dit bien pour l'instant... Pourquoi ne donnerait-on pas l'occasion aux Algériens de suivre les événements grecs comme un feuilleton éducatif' Pourquoi ne pas profiter pour rappeler les similitudes avec notre vécu lorsque le FMI était à nos trousses' Pourquoi pas des émissions et débats sur ce qui se passe en Europe en général et en Grèce en particulier en faisant le parallèle avec la crise de 1986' En y ajoutant tous les programmes d'énergies renouvelables en cours dans le monde pour remplacer l'énergie fossile et faire toucher du doigt cette «volatilité» aux Algériens! Si on ne réussit pas par la pédagogie, le réveil risque
d'être, tôt ou tard, brutal. Très brutal!
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Posté Le : 30/01/2012
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Zouhir MEBARKI
Source : www.lexpressiondz.com