C'est la deuxième lettre d'un «ami de l'Algérie», après celle d'Yves
Bonnet, qui nous est adressée pour «défendre» M. Sid Ahmed Ghozali, et surtout
pour nous donner une leçon sur la manière dont nous devons apprécier l'Iran et
du suprême intérêt de l'Algérie à se mettre dans «l'axe du bien» qui cherche à
le détruire.
Commençons d'abord par la forme.
M. Sid Ahmed Ghozali est un homme politique algérien et il n'est ni muet ni
manchot. Il peut, sans avoir besoin d'une avalanche de missives «amies»,
intervenir dans les colonnes du Quotidien d'Oran. L'ancien Premier ministre
algérien est connu ici et il n'a nul besoin qu'un ancien patron de la DST
française et un vice-président du Parlement européen lui délivrent un
certificat de moralité ou de bonne conduite politique. On ne sait pas si la
direction du Quotidien d'Oran va continuer à recevoir et à publier ce genre de
pathétiques missives de «soutien» à M. Sid Ahmed Ghozali… Mais disons-le net:
ces missives ne le défendent pas. Elles ne sont qu'une opportunité pour
déverser les poncifs les plus éculés de la propagande occidentale contre
l'Iran. Que c'est touchant de voir ces belles âmes, si civilisées, nous
expliquer que l'intérêt de l'Algérie consiste à participer à la diabolisation
de l'Iran, à apporter son obole à la mise en condition des opinions publiques
pour justifier une guerre annoncée.
Le Quotidien d'Oran n'est pas un
journal gouvernemental et il ne conduit pas la politique étrangère de
l'Algérie. La précision est utile au vu des doctes conseils que les «amis de
l'Algérie» semblent prodiguer si généreusement. Mais n'évitons pas le débat en
tant que journalistes et citoyens.
Cette «résistance» si détestée en Palestine
Messieurs, nos «amis», ce n'est pas dans les colonnes du Quotidien d'Oran
que vous trouverez l'affirmation que le régime iranien est une démocratie, mais
vous pourrez y lire, régulièrement, qu'il est plus ouvert que toutes les
monarchies arabes « amies» des Occidentaux qui participent allègrement à la
campagne contre l'Iran. On ne cherchera même pas à vous objecter que les
moudjahidine Khalq, la «résistance» comme vous dites - mot si détesté par vous
quand il s'agit des Palestiniens ou du Hezbollah-est une secte qui ne peut
difficilement se prévaloir de la démocratie. Mais on est d'accord, l'Iran n'est
pas une démocratie. Loin de là. Et alors ? L'Algérie doit-elle s'en méfier pour
des «raisons éthiques» et politiques et s'en faire un ennemi, comme ses «chers
amis» le lui demandent ?
M. Alejo Vidal-Quadras croit
nécessaire de nous mettre en garde contre les « dangers d'un rapprochement avec
le régime actuel iranien, tout comme lui accorder sa confiance, après les
événements sanglants des années 1990». La belle trouvaille! Comme si les
Algériens - hormis Ghozali ? - ne savaient pas apprécier où est leur intérêt et
doivent s'en remettre pour cela à leurs «chers amis»…
Mais disons les choses crûment.
L'Iran est une cible d'une formidable propagande en Occident, non pour son
irrespect des droits de l'homme, non pour son bellicisme (les Iraniens n'ont
provoqué aucune guerre, ils ont subi la guerre menée par Saddam par procuration
pour les Occidentaux), mais parce qu'il se mêle de vouloir maîtriser toute la
chaîne du savoir dans le domaine nucléaire.
C'est tout. Et c'est beaucoup.
Car nos amis qui voudraient que
l'on se mobilise contre l'Iran n'ont qu'un seul souci : préserver Israël comme
unique puissance nucléaire au Proche-Orient.
Est-ce cela qui est censé nous
«mobiliser» contre l'Iran et devenir, par ironie du sort et pour complaire à
nos chers amis, des propagandistes d'Israël ? Mais revenons sur les droits de
l'homme qui est le beau paravent de l'excellente cosmétique. Les massacres
d'Israël sont-ils bénins ?
M. Yves Bonnet et M. Alejo
Vidal-Quadras considèrent-ils qu'Israël soit la «seule démocratie dans la
région» et que ses massacres contre les Palestiniens sont bénins ou justifiés ?
Oseront-ils prendre la plume pour demander au maire de New York d'interdire
l'accès de sa bonne ville à un dirigeant israélien ? On serait prêt à vous
suivre, messieurs, si vous consacrez un petit millionième de votre hargne à
dénoncer l'Iran pour parler de «grandes Å“uvres» d'Israël. On sait que vous ne
l'oserez pas.
Libre à vous, bien sûr. Mais que
vous puissiez nous demander de nous faire l'ennemi de l'Iran uniquement pour
plaire à Israël, vous vous trompez d'adresse.
Vous n'êtes sans doute pas au
courant, mais ceux qui se battent dans la plus grande adversité pour la
démocratie dans le monde arabe et dans l'aire islamique ont déjà compris que
l'Occident n'est pas leur allié. Ni leur ami. Et que son intérêt pour la
démocratie et les droits de l'homme est à géométrie très variable. Le pire est
que M. Ghozali-on l'a pratiqué quand il était aux «affaires»-ne doit pas penser
autrement.
Gardez-vous de vos amis, M.
Ghozali… Ils se chargent de nous fabriquer de faux ennemis.
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Posté Le : 09/10/2010
Posté par : sofiane
Ecrit par : K Selim
Source : www.lequotidien-oran.com