Algérie

L'ALGERIE, HYPER-FAUCON !



L'Algérie «hyper-faucon au sein de l'Opep», affirme le journal de la haute finance britannique. Comme pour signifier que c'est grave, c'est le mot allemand «über» que le très british journal utilise pour souligner le nouveau «radicalisme» algérien. Ce serait en raison des problèmes budgétaires qui s'amoncèlent et de la perte de la prime de qualité du pétrole léger algérien face à la concurrence du pétrole de schiste que l'Algérie se serait mise à avoir des mauvaises fréquentations. Le Venezuela du bolivarien Hugo Chavez et l'Iran des mollahs étant classés dans la mauvaise case, il convient, selon l'esprit civilisé, de s'en tenir à distance.
Beaucoup d'Algériens s'étonneront d'apprendre cependant à la lecture de l'article que l'Arabie Saoudite, le Koweït et les Emirats arabes sont des alliés naturels que l'Algérie aurait abandonnés au profit des Etats «dangereux» comme l'Iran et le Venezuela. Il est vrai que l'Algérie fait partie actuellement de ceux qui considèrent qu'il y a un dépassement des quotas de production et qu'il faut revenir à la discipline outrageusement bafouée par nos prétendus «ex-alliés». Les Occidentaux ont tendance à sur-expliquer leur crise par un problème de prix du pétrole, il n'est pas difficile de connaître qui, à leurs yeux, sont les bons et qui sont les méchants. On peut désormais y ajouter la présidente de l'Argentine qui a osé nationaliser une compagnie étrangère en prenant le risque de s'attirer une mauvaise réputation.
Il faut reconnaître cependant au spécialiste du Financial Times qu'il ne parle pas en l'air. Il semble franchement regretter la belle période où Chakib Khelil mettait le cap vers le pompage à outrance des ressources fossiles, poussant les choses jusqu'à amender la loi sur les hydrocarbures dans le sens d'un rétablissement du régime des concessions. Les grandes compagnies étrangères n'arrivent pas apparemment à comprendre par quel mystère une loi votée et promulguée a fini par être enterrée en douceur. Au grand soulagement de quelques spécialistes et militants qui mettaient en garde, en solitaire, contre un régime de concessions inutile. Le «marché» - avec la hausse des prix du pétrole - est venu leur donner raison et a ruiné la raison d'être de ce régime de concessions.
Personne de sérieux et de raisonnable ne le regrettera même si cet épisode a durablement brouillé la politique nationale d'hydrocarbures. Et cela a eu un impact sur le terrain de l'investissement que Sonatrach tente de rattraper aujourd'hui. Et sur un plan plus global, la révision de la loi sur les hydrocarbures sur les aspects fiscaux devrait permettre de lever l'incohérence créée par le flux et le reflux législatifs de la période Khelil. Il faut bien entendu investir dans la récupération et dans la prospection pour accroître les réserves. Et il n'y a rien de scandaleux à agir dans le cadre de l'Opep pour défendre des prix corrects. Le recentrage de la politique nationale n'est pas une hérésie et il doit aller vers une gestion raisonnée des ressources. Comme le dit avec humour un expert, cela n'a aucun sens de «pomper comme un fou les ressources fossiles pour faire plaisir au grand Satan et le transformer en bons du Trésor américain, transformer des ressources non renouvelables en caisse dormante qui perd de la valeur».




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