Algérie

L'Algérie gèle sa participation financière à la Mosquée de Marseille



En réaction aux dissensions à la tête de l'association locale gérant le projet de la grande Mosquée de Marseille, l'Algérie a décidé de geler sa participation financière au chantier qui doit débuter dans six mois. C'est ce qu'a annoncé jeudi M. Halim Benatallah, secrétaire d'Etat algérien à la communauté nationale à l'étranger.

Ce dernier, qui s'exprimait à l'occasion d'une conférence de presse, a affirmé que l'Algérie «a décidé de suspendre une contribution envisagée à la construction de la grande mosquée de Marseille». M. Benatallah a signalé que «la décision prise va dans le sens souhaité par notre communauté sur place». Le même responsable, qui effectue une visite en France, principalement consacrée aux questions du culte, a tenu à préciser que «l'Algérie soutient fortement le projet de la mosquée dans son principe, mais qu'elle espère une gestion plus consensuelle».

Fin juin, un nouveau président a été élu, à la suite de dissensions, à la tête de l'association «La Mosquée de Marseille», chargée de la construction de l'édifice. Il s'agit de l'imam Abderrahmane Ghoul, vice-président du Conseil régional du culte musulman (CRCM).

Selon l'AFP, M Ghoul, en réaction aux déclarations du secrétaire d'Etat algérien, a affirmé avoir eu, en Algérie, d'autres informations que celles donnée par M. Benatallah. «Mon pays compte donner sa part au projet, il ne remet rien en cause, j'ai une confiance totale», a-t-il dit, assurant que «les élections au sein de l'association se sont déroulées de façon démocratique».    De son côté, l'association l'«Union des familles musulmanes», citée par l'agence française, a estimé que le retrait de l'Algérie est «la réaction logique d'un investisseur qui ne sait pas où il met les pieds.         Personne n'y voit clair dans ce projet, c'est donc forcément ce qui allait arriver», a indiqué Nassera Benmarnia, directrice de l'association, qui juge que «l'intérêt général des Marseillais et des musulmans marseillais a été oublié». Le chantier de la mosquée, un projet de 22 millions d'euros, doit débuter en février. Selon M. Ghoul, l'association a reçu pour l'heure 310.000 euros et l'engagement de cinq pays, aucun n'ayant encore précisé le montant de son enveloppe qui ne peut dépasser 30% du total.

Depuis quelque temps, plus précisément depuis la dernière AG élective de l'association «La Mosquée de Marseille», une guerre de tranchées, par communiqués et déclarations interposés, oppose les partisans de l'imam Ghoul et ceux de Noureddine Cheikh. Depuis, la gestion de la future grande mosquée de Marseille semble diviser la communauté musulmane de France. «La mosquée de Marseille au bord de l'implosion», « La grande mosquée de Marseille dans la tourmente», «L'imam Ghoul, nouvel homme fort du projet, est contesté», «L'inquiétude grandit à Marseille», ce sont là quelques titres de la presse française parus au lendemain de cette assemblée générale. Parmi les premières associations à réagir, l'association des familles musulmanes des Bouches-du-Rhône. Dans un communiqué rendu public, la présidente de l'association Nassera Benmarnia, qui a qualifié l'issue de l'AG élective de «fiasco», a estimé que les dégâts sont considérables. La présidente de l'association a en outre accusé ouvertement le conseil régional du culte musulman qui, dira-t-elle, «loin de prendre la hauteur nécessaire, a choisi d'appuyer et de cautionner un des clans en présence, perdant ainsi le peu de crédit qu'il conservait encore auprès de la communauté musulmane». Pour Mme Benmarnia, un tel «fiasco» a des causes profondes …

Dans un article paru sur la Provence-presse, les résultats de l'AG élective ont été qualifiés de cataclysme. Selon le même journal, l'assemblée générale de l'association «La mosquée de Marseille» a fait vaciller la communauté musulmane. «On pensait pourtant que les dés étaient jetés, que Nourredine Cheikh, président, allait bâtir la grande mosquée avec la bénédiction de la ville de Marseille qui le soutenait dans l'ombre. Et il y eut le séisme, le vote de samedi au cours duquel l'imam Ghoul a fait basculer le président Cheikh». Selon le rédacteur de l'article, il y aurait eu, côté Ghoul, une campagne que les autres n'auraient pas su faire. L'imam, soutenu par la conseillère régionale (apparentée PS) Fatima Orsatelli, également engagée dans le projet, aurait réussi à persuader les membres de l'association que la gestion du Cheikh n'était guère transparente; qu'il n'y avait pas d'assemblée générale, pas de PV, pas d'information. En un mot, pas de démocratie. Peu à peu, alors le vent a tourné et les membres se sont rangés de son côté. Un autre argument aurait pesé. L'Algérie qui était, dit-on, disposée à mettre autour de 5 millions d'euros sur la table, faisait, paraît-il, de l'ombre aux autres pays. On a alors dit que l'imam Ghoul et son équipe avaient des affinités avec le Maroc.




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