Algérie

L'Algérie fait ses premiers pas dans l'écoconstruction



Grâce à ses pionniers qui ont investi ce créneau à la fin des années 1980 (Cnerib, Commissariat aux énergies renouvelables, quelques entreprises et promoteurs privés) l'architecture bioclimatique, le recours aux matériaux de construction biosourcés et le «green building» (bâtiment vert) ne sont plus perçus comme un luxe susceptible d'intéresser seulement quelques fervents de l'écologie ou des gens fortunés, mais comme des solutions alternatives, aussi bien pour le citoyen en quête d'économies, que pour le pays tout entier qui, comme on le sait, a un pressant besoin de préserver son environnement, d'utiliser avec parcimonie ses énergies fossiles en déclin et, bien entendu, de réduire ses lourdes dépenses d'éclairage et de chauffage.Toute une panoplie de techniques et de moyens de réalisation a été mise à contribution par les différents acteurs de l'écoconstruction pour faire avancer cette option.Les matériaux locaux dont l'Algérie regorge (terre, pierre, plâtre, chaux, etc.) et certains produits de récupération (papier, sciure, résidus d'olives, paille, etc.) recyclés en matériaux de construction ou comme moyens d'isolation thermique et acoustique, ont, grâce à ces promoteurs, apporté la preuve de leur efficacité en matière d'économie d'énergie.On a même commencé à s'intéresser au cours de ces dix dernières années aux matériaux biosourcés auxquels la faculté du génie de la construction de Tizi Ouzou a consacré d'intéressants travaux qui ont, du reste, commencé à inspirer quelques promoteurs immobiliers. Le «green building» a également fait une remarquable entrée sous l'impulsion du ministère de l'Habitat et de l'Union européenne qui ont mis en chantier 600 logements de ce type à Souidania (wilaya de Blida) et comptent promouvoir 5000 autres à travers tout le territoire national.Ces projets pilotes ont non seulement valeur de test, mais également de marketing destiné à capter une clientèle en quête de certitude quant à l'intérêt de l'écoconstruction. Le recours à l'énergie solaire, aux matériaux de construction traditionnels (pierre, terre stabilisée, chaux et plâtre), ainsi qu'aux isolants tirés de produits recyclés (papier journal, grignon, sciure, etc.) sera systématique dans tous ces projets pilotes, nous apprend un haut cadre du ministère de l'Habitat rencontré à l'occasion du dernier salon Batimatec qui avait consacré à l'écoconstruction toute une journée d'étude.Une véritable prise de conscience des enjeux de l'écoconstruction est aujourd'hui perceptible, aussi bien au niveau de l'Etat qui a beaucoup avancé sur le plan de la législation (une loi et plusieurs décrets d'application ont été publiés à partir de l'année 2009), que chez les maîtres d'ouvrage et architectes qui commencent à placer l'économie d'énergie et la préservation de l'environnement aux premiers rangs de leurs préoccupations. L'investissement supplémentaire à consentir ne dépassant guère 300 000 DA par logement (une bonne partie du surcoût est prise en charge par l'APRUE), le pari mérite effectivement d'être tenté, sachant que le surcroît de dépenses engagées a toutes les chances d'être amorti dans une période relativement courte. Dans un pays qui compte réaliser à moyen terme plus de deux millions de logements et rénover des milliers d'immeubles anciens, le marché de l'écoconstruction a, à l'évidence, de beaux jours devant lui avec, à la clé, d'importantes commandes à offrir aux architectes et entrepreneurs concernés.D'où leur engouement et celui des partenaires étrangers, nombreux à vouloir accompagner les promoteurs publics et privés algériens dans cette palpitante aventure du «green building».Parmi les entraves à l'essor massif de l'écoconstruction, un architecte algérien, fortement impliqué dans la bataille pour la construction écologique, cite celles relatives aux prix exagérément bas des produits énergétiques (électricité, gaz, fuel) qui n'incitent pas à développer ce mode de construction.Les prix du gaz et de l'électricité étant en effet très faibles, quel avantage a-t-on d'investir dans des panneaux solaires et des chaudières photovoltaïques, se pose-t-il comme question en y répondant juste après en affirmant : «Ce n'est qu'à partir du moment où les prix des produits énergétiques seront fixés par le marché et non pas par l'Etat qu'il y aura volonté de se lancer dans l'écoconstruction et les énergies renouvelables qui requièrent de coûteux d'investissements».


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