Algérie

L'Algérie face aux tensions géostratégiques à ses frontières



Le Conseil de sécurité s'est réuni sous la présidence du président de la République Abdelmajid Tebboune au moment où la région connait un véritable bouleversement géostratégique sans précédent sans compter les tensions en Syrie, en Irak et dans d'autres contrées du monde.Préoccupé l'Algérie active sur plusieurs fronts. D'une manière générale la sécurité de l'Algérie est posée à ses frontières. La frontière Algérie Mali est de 1376 km, la frontière entre l'Algérie et la Libye de 982 km, la frontière Algérie Niger de 956 km, la frontière Algérie Tunisie est de 965 km à surveiller. Le problème est plus grave pour les frontières conjointes avec le Mali et la Libye. Il ne faut pas oublier que les djihadistes étaient venus depuis cette région lors de l'attaque terroriste de Tiguentourine. Sur le court terme, les tensions dans la région notamment pour la protection de ses frontières, la situation en Libye, au Mali et accessoirement les actions terroristes à sa frontière en Tunisie ont imposé à l'Algérie des dépenses supplémentaires.
Il est entendu que rentre dans ces dépenses surtout le remplacement de la plupart du matériel militaire obsolète pour l'acquisition de nouveaux équipements pour l'armée de terre, la marine et les forces aériennes, sans compter des dépenses pour l'adaptation du renseignement aux nouvelles mutations tant internes que mondiales de ses forces de sécurité et de penser d'ores et déjà à la cybercriminalité enjeu du XXème siècle. Cela est posé pour tout le reste de l'économie bien que le risque des cyber-attaques en Algérie est actuellement minime car les services électroniques sont à l'état primaire (e-commerce, e-santé et e-administration) et les entreprises algériennes fonctionnent sur des modes de gestion désuètes n'étant pas orientées vers les transactions et services électroniques.
Aussi, malgré la situation budgétaire difficilz, l'Algérie a déployé une véritable task-force pour sécuriser ses frontières pour faire face à l'instabilité chronique de l'autre côté des frontières et dont les événements récents confirment la continuelle aggravation. L'ANP et les services de sécurité se déploient actuellement le long des frontières Est et Sud Est et effectuent régulièrement des opérations de ratissage et ce dans le cadre d'une coopération étroite avec les pays limitrophes. Pour Mme Amanda Dory, ex secrétaire-adjointe chargée des Affaires africaines auprès du département américain de la Défense, intervenant devant la sous-commission des affaires de l'Afrique du nord et Moyen-Orient relevant de la commission des Affaires étrangères du Sénat, qui a consacré une audition sur la situation politique, économique et sécuritaire en Afrique je la cite : «de par sa situation géographique stratégique au Maghreb et sa longue histoire de lutte contre le terrorisme et l'extrémisme violent sur son territoire, l'Algérie constitue un pilier pour, non seulement, lutter contre AQMI et ses groupes affiliés mais aussi pour ramener la stabilité dans la région».
Ainsi, l'Algérie est considérée comme un acteur incontournable pour la stabilité de la région mais devant pour une efficacité réelle, résoudre les problèmes de développement interne avec la chute du cours des hydrocarbures et parallèlement intensifier la coopération internationale contre ce fléau planétaire. Dorénavant, la plupart des dirigeants de l'Afrique du Nord, de l'Afrique noire, de l'Europe et des Etats Unis d'Amérique y compris la Russie et la Chine s'accordent dorénavant sur la nécessité de coopérer davantage face à la menace de l'insécurité et du crime organisé.
Il s'agit de mettre l'accent sur l'obligation de mettre en application une stratégie interrégionale qui associe l'ensemble des pays de la zone en plus des partenaires européens et internationaux, du fait que la région est devenue un espace ouvert pour divers mouvements terroristes et autres groupes qui prospèrent via le trafic d'armes ou la drogue, menaçant la sécurité régionale et par ricochet l'Europe et les USA. Et ce comme cela a été mis en relief par les plus hautes autorités de l'Algérie, il y a l'urgence d'une coopération tant africaine que mondiale dans la lutte contre la criminalité transnationale nécessitant une coopération en réseaux passant par l'amélioration des bases de données afin de lutter efficacement contre le crime transfrontalier et le terrorisme.
Il s'agit donc de lever les contraintes du fait que la corruptibilité générale des institutions, pèsent lourdement sur les systèmes chargés de l'application des lois et la justice pénale en général qui ont des difficultés à s'adapter aux nouveaux défis posés par la sophistication des réseaux du crime organisé. La collaboration inter-juridictionnelle est ralentie par l'hétérogénéité des systèmes juridiques notamment en Afrique du Nord et en Afrique noire. La porosité des frontières aussi bien que la coordination entre un grand nombre d'agences chargées de la sécurité aux frontières posent de grands problèmes. À terme, la stratégie vise à attirer graduellement les utilisateurs du système informel vers le réseau formel et ainsi isoler les éléments criminels pour mieux les cibler tout en diminuant les dommages collatéraux pour les utilisateurs légitimes.
C'est dans ce cadre que rentrent les tentatives pour redynamiser le dialogue euro- méditerranéen avec deux initiatives : d'une part, la politique européenne de voisinage ; d'autre part, le partenariat stratégique entre l'Union européenne d'un côté et la Méditerranée et le Moyen-Orient de l'autre afin de freiner l'émigration massive notamment de l'Afrique subsaharienne avec comme tampon pilier le Maghreb. D'une manière générale, sur le plan militaire et géo- stratégique c'est à travers les activités du groupe dit des «5+5» que peut être apprécié aujourd'hui la réalité d'une telle évolution.
La lecture que font la des plupart des dirigeants de la planète vis-à-vis des menaces et défis auxquels le monde et notre région sont confrontés repose essentiellement sur la nécessité de développer ensemble une stratégie de riposte collective et efficace concernant notamment le terrorisme international, le trafic des êtres humains et la criminalité organisée à travers la drogue et le blanchissement d'argent. Mais, la lutte contre le terrorisme implique de mettre fin à cette inégalité tant planétaire qu'au sein des Etats où une minorité s'accapare une fraction croissante du revenu national enfantant la misère et donc le terrorisme, renvoyant à la moralité de ceux qui dirigent la Cité. Car, le tout sécuritaire pour le sécuritaire a des limites, existant des liens dialectiques entre développement et sécurité.
L'Algérie face aux tensions budgétaires et géostratégiques a besoin de réformes fondées sur un dialogue productif
La lecture que font la des plupart des dirigeants de la planète vis-à-vis des menaces et défis auxquels le monde et notre région sont confrontés repose essentiellement sur la nécessité de développer ensemble une stratégie de riposte collective et efficace concernant notamment le terrorisme international, le trafic des êtres humains et la criminalité organisée à travers la drogue et le blanchissement d'argent. Mais, la lutte contre le terrorisme implique de mettre fin à cette inégalité tant planétaire qu'au sein des Etats où une minorité s'accapare une fraction croissante du revenu national enfantant la misère et donc le terrorisme, renvoyant à la moralité de ceux qui dirigent la Cité.
Car, le tout sécuritaire pour le sécuritaire a des limites et les responsables algériens chargés de la sécurité en sont conscients, existant des liens dialectiques entre développement et sécurité. Cela implique de s'attaquer à l'essence (un co-développement) et non aux apparences comme le montre une étude du Forum économique mondial ? WEF- du 14 novembre 2013. Aussi l'efficacité sécuritaire devra s'insérer dans le cadre d'une vision stratégique devant impérativement minimiser les coûts des dépenses par une rationalisation des choix budgétaires tant dans le domaine civil que militaire. L'analyse par le professeur en stratégie à Harvard Michael Porter des «cinq forces», qui déterminent la structure concurrentielle d'une industrie de biens ou de services (le pouvoir de négociation des clients, le pouvoir de négociation des fournisseurs, la menace des produits ou services de substitution, la menace d'entrants potentiels sur le marché et l'intensité de la rivalité entre les concurrents) fait apparaître que souvent les différents acteurs algériens un faible pouvoir de négociation du fournisseur et un fort pouvoir de négociation du client, alors que les barrières d'entrées sur le marché algérien tant des entreprises économiques que de l'armement sont élevées Face à un monde en perpétuel mouvement, tant en matière de politique étrangère, économique que de défense, actions liées, avec les derniers événements au Sahel, aux frontières de l'Algérie, se posent l'urgence des stratégies d'adaptation et d'une coordination, internationale et régionale afin d'agir efficacement sur les événements majeurs.
Ces nouveaux défis pour l'Algérie, sous segment du continent Afrique, dépassent en importance et en ampleur les défis que l'Algérie a eu à relever jusqu'à présent. Face à ces menaces tant internes, tensions budgétaires, qu'externes, tensions géostratégiques, l'Algérie a besoin d' un dialogue productif privilégiant les intérêts supérieurs de l'Algérie Il faut impérativement faire taire nos divergences et privilégier uniquement les intérêts supérieurs de l'Algérie. Un minimum de consensus économique et social qui ne saurait signifier unanimisme signe de décadence de toute société s'impose afin de faire face aux tensions géostratégiques et budgétaires et stabiliser le corps social surtout que l'Algérie s'apprête à vive un grand évènement l'élection présidentielle prévue en avril 2019.
C'est l'unique voie que doivent emprunter les Algériens pour arriver à transcender leurs différends si l'on veut éviter la déstabilisation, ce qu'aucun patriote ne souhaite.Les différentes composantes de notre société, les forces sociales et politiques qu'elle recèle, les intérêts particuliers et ceux de la collectivité nationale, les acteurs connus ou méconnus de drames terribles, sont aujourd'hui puissamment interpellés et mis devant leurs responsabilités historiques. Ils doivent, en vidant définitivement une querelle qui a fini par un passé récent (1990/1999) de manière tragique, et qui avait mis quasiment le pays à genoux, concourir ensemble au retour de la paix, de la concorde et de la stabilité.
Il s'agit là de l'unique voie que doivent emprunter les Algériens afin de transcender leurs différends, à vaincre la haine et les peurs qui les habitent, à exorciser leurs démons et à trouver de nouvelles raisons de vivre harmonieusement ensemble et de construire, toujours ensemble, le destin exceptionnel que de glorieux aînés de la génération du 1er Novembre 1954 ont voulu désespérément pour eux. L'Algérie a besoin en ces moments à la fois de tensions géostratégiques au niveau de la région et des tensions budgétaires inévitables entre 2020/2025/2030 de rassembler tous ses enfants dans leur diversité et non de nous diviser.
Tout en relevant effectivement d'une problématique complexe cette entreprise est sans exagération aucune, une ?uvre de survie nationale et un acte de courage lucide, de générosité raisonnée et d'espoir mérité. Car des défis importants attendent l'Algérie principalement ceux d'une transition véritable qui doit voir la poursuite de la stabilisation macro-économique, la mise en ?uvre de véritables réformes structurelles et la modernisation de notre système politique pour renouer avec le développement et la démocratie. Sans véritable développement, il y a risque de tensions sociales qui engendreront l'insécurité.
Aussi, restent d'autres défis qui sont un préalable à une entreprise plus grande : la transformation profonde de l'Algérie, en tant que société et nation, et sa projection dans un avenir que les grandes nations préparent aujourd'hui avec la plus grande rigueur: un partenariat de choix avec les puissants de ce monde et une position «pivotale» dans l'espace géopolitique africain et dans l'environnement géopolitique euro-méditerranéen auquel appartient l'Algérie.
L'objectif stratégique est de traduire en termes concrets nos potentialités, pour être en mesure de relever avec succès les défis innombrables qui nous sont lancés par le monde moderne étant à l'aube de la quatrième révolution économique mondiale fondée sur les nouvelles technologies et le défi écologique. Je suis persuadé, en fonction de son histoire mouvementé depuis des siècles et de ses potentialités actuelles, notre peuple trouvera sans nul doute les ressources morales et psychologiques qui lui permettront, comme il l'a fait maintes fois face à l'adversité, de transcender avec dignité et honneur les rancunes et les haines tenaces.
C'est pourquoi, comme je l'ai démontré récemment dans un long interview au quotidien américain American Herald Tribune du 28/12/2016 et au quotidien financier français La Tribune FR du 07 mai 2017, je tiens à considérer que la stabilité de l'Algérie, acteur stratégique de la stabilité de toute la région, qui ne saurait signifier statu quo, mais mener des réformes dans un mouvement historique positif, est un passage obligé vers la reconquête de notre cohésion nationale et la construction d'un front intérieur solide et durable en faveur des réformes politiques et socio-économiques face aux enjeux des nouvelles mutations mondiales dans les domaines militaires, sécuritaires, politiques, économiques, sociales et culturelles dont le pivot est la bonne gouvernance et la réforme de l'école tenant compte du fondement du développement ère du XXIe siècle basée sur le savoir.
L'Algérie a toutes les potentialités de sortie de crise. Il faut impérativement faire taire nos divergences et privilégier uniquement les intérêts supérieurs de l'Algérie Cela implique une gouvernance rénovée, une vision stratégique clairement datée, une concurrence saine et loyale. L'actuelle politique économique a besoin d'être recadrée pour s'adapter tant aux réalités nationales que mondiales, selon le couple indissociable efficacité économique et justice sociale, devant passer par des sous intégrations régionales.
(A suivre)
Dr Abderrahmane Mebtoul, professeur des universités, expert international


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