Le Maroc est-il en train de préparer son ralliement à l'option d'une intervention militaire au nord du Mali ' 'uvre t-il pour une implication de la Libye dans cette option aux conséquences incertaines ' Se dirige t-on vers des adhésions en solo à la tentation de l'intervention de plus en plus exprimée par certaines puissances occidentales ' Il s'agit manifestement pour les partisans de la militarisation du conflit de contourner les préalables politiques qui maintiennent en opposées les deux approches quant à une solution à la crise malienne. Côté marocain, il y a visiblement des indices dans ce sens. «Le Maroc continuera à soutenir les efforts de la Cédéao visant à trouver une issue pacifique, respectueuse de la souveraineté et de l'intégrité territoriale du Mali frère», a indiqué lundi passé M. Youcef El Amrani, ministre délégué, marocain, aux Affaires étrangères. Il estime que «le cauchemar stratégique, humanitaire et politique d'une «somalisation» du Mali hante aussi bien le Maghreb et l'Afrique de l'Ouest que l'Europe». Il ajoutera qu'il y a aujourd'hui «urgence d'agir et d'éviter que la région ne devienne un sanctuaire sécurisé pour les terroristes et le refuge des filières du crime organisé». Le responsable marocain explique que «l'épuisement de l'ensemble des moyens diplomatiques conduira la Cédéao et le Conseil de sécurité à envisager d'autres alternatives». Il est ainsi difficile de ne pas saisir dans un tel discours un rapprochement de la «doctrine» de l'intervention dont la France est un des promoteurs. Et avec l'adhésion du Maroc à l'option de l'intervention- avec un très probable consentement des nouvelles autorités libyennes-, la position de l'Algérie risque de subir un isolement. Car la question qui se pose à ce niveau, maintenant que le terrain de l'intervention semble balisé est de savoir si Alger va se laisser entraîner dans une opération militaire sur ses frontières. La Cédéao donne l'impression d'avancer sur cette piste. «Une conférence finale de préparation se tiendra du 9 au 13 août à Bamako pour «peaufiner davantage le concept stratégique (...) et préparer le terrain pour le déploiement dès la réception d'un mandat de l'ONU», a annoncé Mme Salamatu Hussaini Suleiman, commissaire chargée des affaires politiques à la Cédéao. Le Commissaire à la Paix et à la Sécurité (CPS) de l'Union africaine, avait pourtant bien formulé ses priorités. Il s'agit de «favoriser une démarche de négociation et de réconciliation malienne à pousser le Mnla à renoncer à l'option de l'indépendance et à éloigner Ançar Eddine des terroristes d'Aqmi». Mais la machine de l'intervention militaire risque de prendre le dessus. Question : une intervention militaire de la Cédéao est-elle indispensable pour sortir le pays de la crise ' «Une action militaire de la Cédéao n'est pas possible ni souhaitable. La Cédéao n'a jamais montré son efficacité sauf une fois dans le cas du Liberia. Elle a 2 000 hommes et il lui faudra au moins un mois pour préparer l'offensive. D'ici là, il sera déjà trop tard. L'intervention militaire n'est pas la solution au Mali. Il faudrait entamer des négociations après la mise en place d'un régime de transition légitime et désigner un médiateur au sein de la Cédéao qui puisse engager des discussions avec les Touaregs», répond Philippe Hugon, directeur de recherche à l'Iris et spécialiste de l'Afrique. Il rappellera que «durant toute son histoire, le Mali a toujours eu à faire à la rébellion. A chaque fois, les tensions se sont apaisées grâce aux négociations. Aujourd'hui la situation est beaucoup plus complexe car le pays est coupé en deux». Dans un rapport publié le 18 juillet dernier, des experts de l'International Crisis Group avertissent en soutenant qu'«une action militaire pourrait plonger l'Etat, déjà au bord de l'effondrement, dans le chaos». Dans le même rapport, il est expliqué qu' «une intervention armée dans les conditions politiques et sécuritaires actuelles ferait plus de mal que de bien».
A. Y.
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Posté Le : 10/08/2012
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Amirouche Yazid
Source : www.latribune-online.com