Algérie

L'Algérie face aux nouveaux enjeux sécuritaires mondiaux


L'Algérie face aux nouveaux enjeux sécuritaires mondiaux
La situation mondiale actuelle devrait conduire à de profondes reconfigurations socio-économiques, technologiques mais également sécuritaires, objet de cette présente contribution. En effet, privilégiant en premier lieu ses intérêts stratégiques propres, partie prenante du dialogue méditerranéen (DM), l'Algérie agit en fonction d'un certain nombre de principes et à partir d'une volonté avérée de contribuer à la promotion de la sécurité et de stabilité dans la région.4.- Selon le rapport de l'Institut international de recherche sur la paix de Stockholm (Sipri- 2015), les dépenses militaires dans le monde ont augmenté en 2015 après quatre années de recul dues à la multiplication des tensions dans le monde. Sur l'ensemble de l'année, les dépenses militaires se sont élevées à 1 676 milliards de dollars, une hausse de 1% sur un an, principalement portée par l'Europe de l'Est, l'Asie et le Moyen-Orient. Les Etats-Unis restent le pays qui dépense le plus avec 596 milliards de dollars, en repli de 2,4% par rapport à l'année 2014, mais moins que les années précédentes, suiv de la Chine avec 215 milliards de dollars ( plus de 132% entre 2006/2015), l'Arabie saoudite (87,2 milliards) et la Russie (66,4 milliards) et enfin la France, cinquième budget en 2014, est tombée à la septième place en 2015, derrière le Royaume-Uni et l'Inde. Pour l'Algérie, les dépenses militaires de l'Algérie en hausse de 5,2% en 2015, s'établissant à 10, 8 milliards de dollars. Pour parer à la baisse des dépenses militaires en Europe, des instruments comme la mise en commun et le partage de matériel militaire, le développement et la production en commun devant permettent de réduire les coûts sans diminuer fortement la capacité d'intervention. Mais ce recul ne doit pas voiler la stratégie tant américaine qu'européenne dont l'objectif est d'alimenter leur industrie militaire. Aussi, il ne faut se faire d?illusions, existant un réaménagement des forces armées face aux nouvelles exigences par l'adaptation grâce au renforcement du renseignement, colonne vertébrale des corps armée, travaillant en symbiose, étant une même institution, tout pays détruisant ses services de renseignements ou ne les adaptant pas réduit ses capacités de faire face aux menaces. La récente expérience de écoutes téléphoniques des USA qui espionnent tout le monde (mais il ne faut pas s'en étonner, cela existe depuis que le monde est monde mais cette pratique connait avec les nouvelles technologies une expansion planétaire), en est la démonstration. Contrairement à certaines affirmations gratuites, il est reconnu que les grandes décisions tant politiques, économiques et militaires des grandes puissances, Barack Obama (USA), Vladimir Poutine (Russie), François Hollande France) se prennent suite aux rapports de la CIA, du KGB et du 2e bureau. Le Ministry of State Security, en Chine, regroupant les missions de contre-espionnage et de renseignement extérieur a pour but affiché de soutenir l'effort économique du pays au sein de la Commission for Science, Technology and Industry for National Defense- COSTIND-mise en place dès 1982. Les rivalités de pouvoir tant internes qu'au niveau géopolitiques (cas du récent conflit syrien entre le duo Russie / Chine et USA/Europe) et les conflits au niveau des quatre coins de la planète, (certains dirigeants d'Afrique par population interposée, se livrant à des guerres fratricides,) alimentent cette industrie. Nous assistons à ce qui pourrait être le début d'un changement dans l'équilibre des dépenses militaires mondiales, des pays riches occidentaux vers les régions émergentes. Nous assistons parallèlement au trafic florissant d'armes d'ailleurs intiment lié au trafic de drogue comme source de financement, argent déposé souvent dans des paradis fiscaux à l'instar de toutes les formes de corruption. Selon l'ONG Oxfam, 640 millions d'armes légères sont disséminées à travers le monde et pour certains experts il y aurait 80 000 Kalachnikovs en circulation dans la région du Sahel, à des prix compris entre 200 euros pour les Kalachs sans licence (contrefaçons) et 300 pour le Kalach russe mais également des armes sophistiquées. La récente expérience libyenne et au Sahel en est la démonstration. 5.-Ainsi l'Algérie est confrontée face à ces tensions géostratégiques, à de nouveaux défis. A titre d'exemple, faits relatés par la presse algérienne, l'armée algérienne a arrêté durant 2015/2016 des personnes accusées de contrebande d'armes dans le sud et l'est de sa frontière et démonté des gangs spécialisés dans la trafic d'armes et d'explosifs, ayant saisi des armes et des munition. Le 24 octobre 2013 selon l'agence d'information Reuters, une vaste cache d'armes à Illizi, à environ 200 km du complexe gazier d'In Amenas comprenant notamment une centaine de missiles antiaériens, ainsi que plusieurs centaines de roquettes anti-hélicoptères, de mines terrestres et de grenades RPG. Ces achats illégaux sont réalisés souvent grâce au trafic de drogue. Les bilans fournis par la DGSN, et la gendarmerie nationale sont éloquents à ce sujet rendant urgent une coopération internationale, l'Algérie ne pouvant pas supporter à elle seule l'ensemble de ces couts au détriment de son développement. L'Institut international des études stratégiques, basé à Washington, a classé l'Algérie parmi les 10 pays au monde qui dépensent le plus sur la Défense, et se place, ainsi, à la 8e place dans le classement, après l'Arabie saoudite, le Sultanat d'Oman, Israël, le Yémen, les Etats- Unis et la Jordanie. Selon un autre rapport de Strategic Defence Intelligence (SDI), une plateforme de renseignement et de veille consacrée à l'industrie de l'armement, l'Algérie est le 9ème importateur d'armes dans le monde dont les fournisseurs devraient être diversifiés, autres que son fournisseur traditionnel, la Russie dont il convient de rappeler que par le passé une fraction de la dette extérieure algérienne détenue par ce pays a été reconvertie en achats militaires. L'Algérie est une puissance militaire régionale et un pays incontournable dans la problématique de la sécurité au niveau du Sahel et d'une manière générale, un acteur important dans le contexte de la sécurité internationale en raison de son emplacement stratégique comme point de transit d'Afrique du Nord vers l'Europe. Les principaux moteurs de l'évolution du marché algérien de l'armement, de ces dernières années, sont la lutte contre le terrorisme et de contre-insurrection et le besoin urgent de moderniser les équipements de défense, dont on ne doit pas oublier la récente attaque terroriste du complexe gazier d'In Amenas qui a contraint l'Etat algérien à des coûts additionnels en matière de sécurité. Cet accroissement de la dépense répond donc au souci de la professionnalisation autour des nouvelles technologies de ses effectifs en améliorant la formation selon les standards internationaux, la base étant la ressource humaine à l'instar de toute activité. Un exemple, outre l'Académie de Cherchell, l'Ecole militaire polytechnique (EMP) située dans la commune de Bordj El-Bahri, à une vingtaine de kilomètres à l'est d'Alger est un pôle d'excellence en matière des quatre disciplines scientifiques qui y sont enseignées et dans lesquelles des élèves en post-graduation mènent des travaux de recherche à la pointe de la technologie. Il est entendu que rentre dans ces dépenses surtout le remplacement de la plupart du matériel militaire obsolète pour l'acquisition de nouveaux équipements pour l' armée de terre, la marine et les forces aériennes, sans compter des dépenses pour l'adaptation du renseignement aux nouvelles mutations tant internes que mondiales de ses forces de sécurité. Il y a lieu de penser d'ores et déjà la cybercriminalité enjeu du XXIème siècle. Certes, le risque des cyber-attaques en Algérie est actuellement minime car les services électroniques (e-commerce, e-santé et e-administration) sont encore quasiment inexistants, les entreprises algériennes fonctionnant encore selon les méthodes de gestion désuètes des années 1970/1980 n'étant pas encore orientées vers les transactions et autres services électroniques. Sur le court terme, les tensions dans la région notamment pour la protection de ses frontières, la situation en Libye, au Mali et accessoirement les actions terroristes à sa frontière en Tunisie ont imposé à l'Algérie des dépenses supplémentaires. 6.- Cependant il faut aller impérativement vers une minimisation des coûts. L'analyse par le professeur en stratégie à Harvard Michael Porter des "cinq forces", qui déterminent la structure concurrentielle d'une industrie de biens ou de services (le pouvoir de négociation des clients, le pouvoir de négociation des fournisseurs, la menace des produits ou services de substitution, la menace d'entrants potentiels sur le marché et l'intensité de la rivalité entre les concurrents). Cela fait apparaître que souvent les différents acteurs algériens un faible pouvoir de négociation du fournisseur et un fort pouvoir de négociation du client, alors que les barrières d'entrées sur le marché algérien tant des entreprises économiques que de l'armement sont élevées. Devant distinguer stratégie et tactiques pour paraphraser le langage militaire, ces actions doivent donc s'inscrivent dans le cadre d'une organisation institutionnelle future en réseaux pour plus d'efficience, permise grâce aux nouvelles technologies. Aussi, ces dépenses, même nécessaires, doivent être ciblées, devant distinguer le court et le moyen terme, optimalisées en termes d'efficience s'insérant dans le cadre d'une loi de programmation militaire sur cinq ans (y compris pur la DGSN). Mais l'objectif est de ne pas réduire l'affectation des ressources financières à des fins de développement et ce autour de segments facteur de croissance durables. Dans ce cadre, l'industrie militaire à l'instar de ce qui se passe dans la majorité des pays développés peuvent contribuer au développement global. Ainsi, des actions sont lancées comme les projets de l'industrie mécanique lancés par l'Armée nationale populaire (ANP) en partenariat avec le géant allemand Daimler devant produire les premiers camions et bus Mercedes Benz, le véhicule blindé "Nimr" pour le transport des troupes et bon nombre d'autres projets prévus au MDN etc. qui seront construits en Algérie. Mais on devra veiller à un taux d'intégration minimum 50%, n'existant nulle part dans le monde un taux d'intégration de 100%. Ces actions connues sous le nom « complexe militaro-industriel » ont dynamisé par le passé l'économie sud coréenne et dynamisent actuellement les firmes aux USA et de nombreux pays développés ou émergents mais devant rentrer dans le cadre des normes de rentabilité commerciale. Aussi l'objectif est de réduire la facture d'importation grâce à des co-partenariats internes ou des co-localisations, une balance devises positive et un transfert technologique et managérial, renvoyant toujours à la ressource humaine, bon nombre de PMI-PME facteur de valeur ajoutée et de création d'emplois pouvant être créés. Selon les déclarations récentes de certains responsables militaires algériens, l'industrie militaire algérienne pourrait, dans un avenir proche, se substituer, en partie, à l'importation. 7.-En résumé, face à un monde en perpétuel mouvement, tant en matière de politique étrangère, économique que de défense, actions liées, avec les derniers événements au Moyen-Orient, au Sahel, aux frontières de l'Algérie, se posent l'urgence des stratégies d'adaptation et d'une coordination, internationale et régionale afin d'agir efficacement sur les événements majeurs. Ces nouveaux défis pour l'Algérie, acteur stratégique pour la stabilité de la région méditerranéenne et africaine (1), dépassent en importance et en ampleur les défis qu'elle a eu à relever jusqu'à présent Professeur Abderrahmane Mebtoul expert international (Suite et fin)
Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Nom & prénom
email : *
Ville *
Pays : *
Profession :
Message : *
(Les champs * sont obligatores)