Algérie

L'Algérie face à un marché agité



C'est un impact inévitable auquel l'Algérie, au même titre que tous les intervenants sur le marché mondial du blé, doit faire face dans la perspective de ses approvisionnements d'ici la fin de cette année et même au-delà, jusqu'à la fin de la campagne 2022, entamée en juillet dernier et qui doit s'achever à la fin juin de l'année prochaine.Producteur d'une partie de ses besoins en blé dur mais fortement dépendant du marché mondial pour ses besoins en blé tendre, l'Algérie doit trouver la parade pour s'approvisionner en quantités suffisantes pour compenser une production locale tombée à entre 38 et 40% de moins que ce qui était prévu, en raison de conditions climatiques peu propices.
Les mêmes difficultés auxquelles ont eu à faire face ses principaux fournisseurs dont la production a connu des bas qui mettent le marché devant le fait accompli. Fait qui se matérialise par une progression des prix dont se serait bien passée l'Algérie. En effet, la semaine dernière, les prix du blé progressaient sur le marché européen de façon qui en dit long sur la tendance haussière à venir, soutenue par la vigueur de la demande mondiale et des moissons décevantes. «La demande de céréales est active, avec des appels d'offres lancés ces derniers jours par plusieurs importants pays importateurs. C'est notamment le cas de l'Algérie, de l'Iran et de la Turquie», notait à la fin de la semaine dernière un spécialiste du cabinet Inter-Courtage qui précisait que, concernant l'Algérie, «on parle d'au moins 270 000 tonnes de blé meunier achetées entre 353 et 355 dollars la tonne, frais de chargement et transport compris, contre 350 dollars lors du précédent appel d'offres du 17 août», tout en demeurant vague sur l'origine de cette cargaison.
Difficultés de production qui ont rudement touché la nouvelle source d'approvisionnement de l'Algérie, la Russie en l'occurrence. Ainsi, comme le rapportait il y a une semaine le spécialiste français terre-net, dans un contexte de faible récolte, d'inquiétudes quant à l'approvisionnement de leur marché intérieur et d'inflation alimentaire, le gouvernement russe a décidé de rehausser la taxe appliquée aux exportations céréalières pour la semaine du 1er au 7 septembre. Les Russes avaient mis en place une taxe forfaitaire à l'export de blé en février dernier (50 ?/t, soit 59 $/t), transformée le 2 juin en droits flottants modifiés chaque semaine en fonction d'indicateurs de prix. Cette taxe flottante a été augmentée jusqu'à mardi à 31,70 $/t pour le blé, contre 30,40 $/t la semaine d'avant, et pourrait l'être à nouveau les semaines qui viennent, estiment plusieurs analystes, selon le spécialiste français terre-net. On rappellera que dans son rapport, il y a quelques semaines, l'Organisation des Nations-Unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) avait revu à la baisse sa prévision pour la récolte mondiale de céréales, de blé notamment, et des stocks mondiaux de fin de campagne, du fait de la sécheresse dans plusieurs régions du globe, faisant que, jusqu'à il y a à peine quelques jours, les prix mondiaux du blé ont bondi de 8,8%, en raison de la baisse des perspectives de récolte dans plusieurs des principaux pays exportateurs.
Un contexte très difficile pour le marché du blé qui a vu l'Union européenne réaliser, entre le 1er juillet et le 29 août, des exportations de 3,8 millions de tonnes, contre 3,4 millions l'an dernier au même moment et 4,9 millions de tonnes en 2019, selon des chiffres officiels des douanes de l'UE. La France, principale origine du blé importé par l'Algérie, avec 531 518 tonnes blé tendre exportés au 29 août dernier, arrive en troisième position des exportateurs européens, derrière la Roumanie (1,3 Mt) et la Bulgarie (806 251 tonnes). L'Algérie, avec 14,7% du blé exporté, a été jusqu'à la semaine dernière donc, le principal acheteur de blé provenant de l'Union européenne, suivie par la Jordanie, le Royaume-Uni et le Vietnam.
La semaine dernière, au moment où la Russie, potentiel fournisseur de l'Algérie en ces temps agités sur le marché mondial, annonçait une nouvelle prévision sur la réduction de sa production de blé, qui devrait atteindre son plus bas niveau depuis cinq ans, sortait la nouvelle, selon laquelle l'Office algérien interprofessionnel des céréales (OAIC) avait lancé un appel d'offres, clôturé mardi dernier, pour un demi-million de tonnes.
Les producteurs français et allemands, selon le cabinet français Agritel, auraient été retenus pour satisfaire cette commande qui intervient dans un moment très «nerveux» pour le marché suspendu aux nouvelles ayant trait aux estimations de l'offre et de la demande agricoles mondiales (Wasde) qui seront publiées par le World Agricultural Outlook Board (WAOB) demain, vendredi.
Azedine Maktour


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