«Il s'agit de passer d'une économie quasiment de rente à une économie de production»
Si les prévisions citées dans le dernier rapport de l'Agence internationale de l'énergie venaient à se concrétiser, l'Algérie devra faire face à une crise sans précédent.
La mise en oeuvre d'une économie productrice de richesses est devenue une urgence. Ceux qui ont été chargés de cette mission qui est toujours au stade du balbutiement porteront l'entière responsabilité d'éventuelles conséquences qui seront, à ne pas en douter catastrophiques pour les Algériens en cas d'effondrement des cours du pétrole.
Si les prévisions citées dans le dernier rapport de l'Agence internationale de l'énergie venaient à se concrétiser, l'Algérie devra faire face à une crise sans précédent qui pourrait raser, en un temps record, tous les projets qui ont pu être réalisés grâce notamment à des niveaux des prix du pétrole inégalés depuis une quinzaine d'années.
Et la fabuleuse manne financière de quelque 200 milliards de dollars ne pourra que reculer l'échéance de deux ou trois petites années. L'Algérie peut-elle éviter le chaos' L'économie algérienne traverse «un moment crucial», a prévenu le ministre des Finances. «Notre économie traverse un moment crucial parce qu'elle va devoir basculer d'une demande publique à une demande privée, ménages-entreprises, voire exportations, qui tire la croissance.
Il s'agit de passer d'une économie quasiment de rente à une économie de production», avait déclaré, le 9 mai dernier, Karim Djoudi en marge d'une séance de questions orales à l'Assemblée nationale. Le grand argentier a mis en garde contre le danger qui menace les équilibres budgétaires dans le cas d'un effondrement des prix du pétrole.
La sonnette d'alarme avait déjà été tirée, il y a près d'une année. «L'équilibre budgétaire requiert des niveaux de prix des hydrocarbures supérieurs à 112 dollars le baril», avait averti Djamel Benbel-kacem, directeur-conseiller à la Banque d'Algérie au début du mois de juillet 2012. Que disent les nouvelles toutes fraîches' Elles n'incitent pas à l'optimisme.
Les indicateurs en provenance d'Europe sont moroses, en plus d'une nouvelle hausse annoncée des stocks de brut aux Etats-Unis.
Les cours du brut ont ouvert en nette baisse hier à New York. Le baril de «Light Sweet Crude» qui s'échangeait à 93,07 dollars a cédé 1,14 dollar tandis qu'à Londres, il risque de passer de nouveau sous la barre des 100 dollars.
«Le pétrole chute en raison des craintes sur la demande alors que l'Europe semble s'enfoncer un peu plus dans la récession», a expliqué l'analyste de Price Futures Group, Phil Flynn. «Cela n'augure rien de bon pour le pétrole car cela va accroître l'inquiétude sur la demande, non seulement en Europe, mais aussi en Chine, l'un de ses principaux fournisseurs», a-t-il fait remarquer. L'Algérie tient le coup. Jusqu'à quand' Dépendante de ses exportations de pétrole (qui ont sensiblement baissé) à plus de 97%, elle continue à faire face à des importations massives dont la facture s'est établie à plus de 46 milliards de dollars en 2012.
Une hausse de plus de 6 milliards par rapport à 2010 alors que les exportations hors hydrocarbures représentent à peine un peu plus de 2 milliards de dollars. Ce qui fait craindre le pire si les cours de l'or noir venaient à dégringoler. C'est le scénario qui se profile.
L'Aie a affirmé, le 14 mai, qu'une «onde de choc» va se créer pour le marché pétrolier mondial grâce, notamment à la hausse de la production pétrolière aux Etats-Unis (en particulier le pétrole de schiste). Une prévision que ne partage par Thomas Porcher, économiste à l'ESG Management School.
«L'Agence internationale de l'énergie (AIE) se trompe quand elle annonce que le pétrole non-conventionnel américain va créer un choc sur le marché mondial», a-t-il déclaré sur le site du magazine économique L'Expansion. « La production de pétrole de schiste a fortement augmenté aux Etats-Unis, le prix du brut n'a pas baissé, et si on note une légère baisse actuellement, ce n'est pas lié au pétrole non-conventionnel mais aux mauvais indicateurs de la demande», a ajouté le spécialiste français du pétrole.
Reste à croiser les doigts pour que ces sombres nuages s'éloignent du ciel d'Algérie...
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Posté Le : 16/05/2013
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Mohamed TOUATI
Source : www.lexpressiondz.com