Lorsque Guidoum, en charge de la Jeunesse et des Sports, avertit:«je ne suis pas le ministre du football», il semble méconnaître la valeur«politique» de l'opium vert des peuples et le paie illico presto. Il est leseul ministre, pourtant appartenant à une coalition au pouvoir, à faire lesfrais d'un remaniement que l'urne tristement boudée du 16 mai promettait plusimportant.En Amérique latine, une pan-dictature militaire et fascistecontinentale s'assure une longévité extraordinaire grâce au football et lesmythiques arènes, Maracana et autres, construites en bordure des favelas etautres banlieues de la misère. Le football, culte universel, constitue unevéritable «colonne de l'intérêt national».Vu à la télé: des soldats français de la Forceinternationale en Afghanistan progressent dans les rues de Kaboul. Ils croisentdes jeunes Afghans peu chaleureux. France !, Francia !, crient les militairesen indiquant les brassards tricolores, mais les visages restent fermés.L'officier crie «Zidane» et des sourires fougueux des jeunes animent larencontre qui devient amicale. Alors les soldats continuent leur avancée sansse retourner !Lors de la Guerre d'Algérie, l'équipe de footballeursprofessionnels de France du FLN qui «prend le maquis» fait plus de dégâts dansl'opinion internationale que plusieurs bataillons réunis et l'équipe de Francede 1958 rate la Coupe du Monde de Suède, privée du génie Mekhloufi et autresZitouni que le grand Réal de Madrid de Di Stéfano essaya d'acquérir vainement.Aux Jeux méditerranéens d'Alger de 1975, les «fennecs» deMekhloufi gagnent, face à la France, la médaille d'or et le premier titreinternational, confortant un pouvoir politique encore en quête de légitimitépopulaire. L'année suivante, le MCA, club doyen d'Algérie, est en finale aller,à Conakry, face au Hafia: le Mouloudia perd trois à zéro et le stratègeBencheikh écope d'un carton rouge, signifiant une suspension automatique aumatch retour à Alger.Mais Alger était déjà devenue «La Mecque desrévolutionnaires», le pétrole autorisant une générosité de prestige, sanslimite; et la commission extraordinaire de la CAF est invitée à siéger «àdomicile» à Alger pour statuer sur le cas Bencheikh. Fait unique dans lesannales du football, l'arbitre de l'aller est déjugé sur sa décisiond'expulsion: Bencheikh est aligné au match retour et le MCA est championd'Afrique.En 1982, l'Algérie, pour sa première Coupe du monde, enEspagne, est première du groupe avec l'Allemagne et l'Autriche et ne doit sonélimination qu'à une forfaiture établie qui, grâce aux «fennecs», entraîne une révisionde l'organisation des matches en Coupe du Monde.Mais bien avant, dans les années 70, une grandejournaliste, Ania Francos, conclut son reportage sur l'Algérie: «Partout,l'Algérie dribble à perdre haleine» !Aujourd'hui, la plupart des terrains de jeunes ont été«viabilisés» en lots de terrain cessibles aux privilégiés. Et à plus decinquante ans, je joue mieux au foot que mon fils de dix-huit. En Algérie, paysméditerranéen, on n'arrive toujours pas à développer un gazon naturel quirésiste à une demi-saison, pour importer encore des tartans synthétiques de laénième génération et les «fennecs» actuels viennent surtout de la «Légionétrangère» de France car, ici, on ne produit plus rien.
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Posté Le : 25/07/2007
Posté par : sofiane
Ecrit par : Elhadj Abdelhamid
Source : www.lequotidien-oran.com