Algérie

L'Algérie et la France «soldent» un contentieux quarantenaire Les assureurs français bientôt de retour



Les logos des grandes compagnies françaises d'assurances se déclineront bientôt dans l'espace public algérien. Une convention franco-algérienne autorise désormais les professionnels français à reprendre pied dans le marché algérien.Un paysage qu'ils ont dû quitter en 1966, au soir de la nationalisation du secteur. La convention a été signée vendredi, par cinq compagnies françaises - AXA, GROUPAMA, AVIVA, AGF et MMA - et deux entreprises publiques algériennes, la CAAR et la SNA. L'accord a été paraphé sous les auspices du ministre algérien des Finances, Karim Djoudi, en visite à Paris, et son homologue français, Mme Christine Lagarde. Annoncé depuis des mois, l'accord signe la fin d'un contentieux vieux de quarante-deux ans. En mai 1966, année marquée par une série de nationalisations dont celles des banques et des mines, les assureurs français ont été contraints de plier bagages. Une centaine de compagnies hexagonales au rang desquelles des noms connus avaient alors pignon sur rue à Alger et dans les principales villes du pays.Conséquence de cette nationalisation, un contentieux s'est fait jour sur les actifs et les passifs des compagnies hexagonales. Depuis, sans renoncer, ces dernières n'ont cessé d'exiger une indemnisation. Une doléance à laquelle l'Algérie a refusé d'y répondre. Le gouvernement algérien a constamment fait valoir qu'il a hérité des engagements détenus entre 1962 et mai 1966 par les sociétés françaises. Leurs portefeuilles étaient composés, pour l'essentiel, de versements de pensions liées aux accidents du travail.De revendication en procédure, le problème s'est éternisé, pesant, au fil des années, sur le contentieux bilatéral. Des tractations ont été engagées par les deux gouvernements en décembre dernier, à l'occasion de la visite d'Etat de Nicolas Sarkozy pour clore le dossier. Menées tambour battant, les discussions ont permis de cheminer vers une solution à l'amiable. En fait d'accord, les cinq compagnies hexagonales et les deux assureurs publics algériens ont convenu de solder le passé.Les uns comme les autres ont décidé de renoncer à toute demande de dédommagement. Christine Lagarde et Karim Djoudi se sont portés garants au nom de leurs gouvernements respectifs. «Cet accord permet de passer l'éponge sur toute une période pendant laquelle les compagnies d'assurances françaises n'ont pas pu opérer sur le marché algérien», a déclaré le ministre français. Un membre de son cabinet s'est réjoui de la décision des deux parties de «faire table rase du passé» et de s'inscrire dans une démarche d'avenir.L'accord, fait-on remarquer de source française, a été facilité par les perspectives de développement du marché algérien des assurances. Un secteur dont les opportunités représentent un enjeu sans commune mesure avec les gains supposés d'une indemnisation. Interrogés par un quotidien parisien, plusieurs assureurs français présents à la cérémonie de signature ont confirmé que le contentieux était dénué «d'enjeu financier». En décidant de passer l'éponge, les assureurs français s'ouvrent les portes d'un marché où tout reste à faire. «Notre marché mérite de prendre une autre dimension, confirme M. Djoudi. Cela va permettre de dynamiser le mouvement des affaires qui doit nécessairement s'accompagner d'une présence d'assureurs». Outre les Français, des professionnels italiens, britanniques, espagnols et américains envisagent d'accrocher leurs enseignes. La convention franco-algérienne, les compagnies hexagonales devraient s'installer «dans un futur proche», dit-on au ministère français de l'Economie et des Finances.Grands groupes au calibre international comme AXA et AGF ou firmes de taille moindre, plusieurs labels français scrutent avec intérêt les indicateurs du marché algérien. « L'Algérie fait forcément partie des pays qu'un assureur français doit regarder », explique Hugues de Roquette-Buisson, Directeur général Afrique, Moyen-Orient et Outre-Mer aux AGF. « Désormais, un climat de coopération naturelle se met en place», estime le même responsable cité par Le Figaro. Longtemps sous monopole étatique, le marché algérien des assurances s'est ouvert voici une douzaine d'années au privé algérien. Une nouvelle loi sectorielle plus libérale est annoncée par le gouvernement. Elle devrait comporter de nouvelles dispositions plus incitatives. Objectif recherché : impulser une activité dont la taille et les indicateurs sont très modestes. Le marché algérien de l'assurance représente à peine 0,5 % du PIB quand ses voisins tunisien et marocain alignent respectivement 2,5 et 1,5 %.Dernière statistique connue, le marché algérien a généré 46,5 milliards de DA de chiffre d'affaires en 2006 contre 41,2 MDS en 2005. Le budget assurance d'un Algérien représente l'équivalent de 17 dollars par an en moyenne, soit quatre fois moins que le Marocain. Plusieurs facteurs expliquent la faible pénétration de l'assurance dans les foyers. Entre autres, le coût jugé élevé en raison de l'absence d'une véritable concurrence, une «culture d'assurances» peu généralisée et la désaffection des consommateurs envers une profession «bureaucratique». En témoignent les délais de remboursement et la proportion des contentieux. L'assurance automobile obligatoire - se taille la part du lion. En 2006, elle a représenté 52,18 % de la structure globale du chiffre d'affaires, en hausse de trois points par rapport à 2005. Les IARD (incidents, accidents et risques divers) suivent avec 31,13 %, suivie de l'assurance «Transport» (8,61 % en 2006 contre 11,4 % en 2005). Le gros du portefeuille (86 %) est détenu par les assureurs publics. Les compagnies privées et les mutuelles se partagent les 14 % restants.


Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Nom & prénom
email : *
Ville *
Pays : *
Profession :
Message : *
(Les champs * sont obligatores)