Algérie

L’Algérie et la crise : excès d’assurance suspects



Pendant que les dirigeants des pays riches s’emploient à réagir à la crise financière qui les frappe, y compris en remettant en cause leurs certitudes doctrinales d’hier, nos responsables se relaient pour nous rassurer : nous ne sommes pas concernés par le problème.
Le gouverneur de la Banque d’Algérie et les ministres de l’Énergie et des Finances se répètent : la crise des subprimes n’aura pas d’impact sur nos finances.
Il paraît que l’essentiel de nos économies est déposé en bons du Trésor américain, selon un principe de prudence maximale. En Europe, dit-on, certains héritiers conservent encore des bons, jamais remboursés, du Trésor russe d’avant la révolution. Futile héritage que le temps a changé en amusant souvenir de la grand-mère. Comme quoi les États ne sont pas des garanties absolues.
Quel orgueil peut-on tirer de n’avoir pas perdu dans une arène où l’on n’est pas descendu ? Car, pour que l’on soit ainsi à l’abri des vicissitudes de l’activité financière internationale, il fallait qu’on renonçât à en tirer les possibles profits.
D’un autre côté, il n’y a pas de crise qu’internationale ; elle peut être en nous. Il n’est pas nécessaire d’être expert pour observer, qu’en dépit de “programmes de soutien à la relance”, qui correspondent à des enveloppes financières, le pays est en état de non-développement. Les dépenses budgétaires n’induisent pas la relance économique qu’elles sont supposées “soutenir”. En gros, l’investissement productif n’augmente pas alors que le PIB, du fait du mouvement des prix des hydrocarbures, croît de plus en plus vite. On ne sait placer notre argent ni ici ni ailleurs.
La crise ne consiste peut-être pas à perdre de l’argent alors qu’on voulait en gagner ; elle peut consister à ne pas en gagner là où il est possible d’en gagner. La science économique n’existerait pas si la thésaurisation avait fait ses preuves comme mode de gestion. Pire, nous consommons du capital, puisque la rente sert à maintenir un taux de change administré et à soutenir les prix à la consommation, alors que nous ne sommes pour rien dans la manifestation de cette rente. Quelles projections en relation avec l’économie mondiale, autres que le niveau de production d’hydrocarbures et le tonnage de blé à importer, avons-nous faites pour pouvoir vérifier les éventuelles implications de la crise financière sur nos comptes et sur notre économie ? Nous avons un système passif.
Pour son fonctionnement, il dépend entièrement de l’extérieur : le prix du pétrole. Pour l’investissement, il dépend essentiellement de l’extérieur ; or, les IDE tant escomptés, et parfois abominés, dépendent de la disponibilité des crédits, affectés par la crise. Pour notre consommation, c’est de l’économie mondiale que dépendent les prix à l’importation de notre blé, notre lait, nos voitures. Pour notre planification, c’est de ces prix que dépendent nos recettes et, à plus long terme, nos… réserves.
Pourquoi nous rassurer, alors ? Pour nous dire que nous ne sommes pas partie prenante au financement désastreux des subprimes ? Mais n’est-ce pas plus désastreux de risquer de perdre sans avoir pris le risque de gagner ?




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