Algérie

L'Algérie et l'internet ne font pas bon ménage Classée à la 161e place mondiale



Le conflit opposant l'ARPT à trois opérateurs d'accès à internet et de solutions de télécommunication risque de perdurer. Si le premier oppose un argument réglementaire et commercial, les seconds dénoncent une «mesure arbitraire qui pénalise les consommateurs, compromet l'essor des TIC et met en péril la survie des quelques rares acteurs qui subsistent encore».
Cette polémique rappelle étrangement un autre litige qui avait défrayé la chronique, qui opposait l'Eepad, premier fournisseur privé algérien d'accès à internet haut débit, à son fournisseur de bande passante, Algérie Télécom.
Après deux ans de conflit, ce dossier avait trouvé son épilogue suite à une décision de justice définitive en décembre dernier. Celle-ci a arrêté à 2,2 milliards de dinars la dette commerciale de l'opérateur ADSL vis-à-vis d'Algérie Télécom. Loin des 3,8 milliards de dinars exigés initialement. Ces conflits récurrents posent avec acuité la problématique du développement d'internet et de la qualité du débit. Président de l'Association des sociétés de services et des éditeurs de logiciels, Mokhtar Aiad est scandalisé par le peu d'importance accordée par les pouvoirs publics à ce secteur. «Nous assistons à une situation dramatique et inconcevable. Si nous sommes classés les derniers aujourd'hui, c'est parce que nous avons entamé un mauvais départ. Aujourd'hui, l'informatique reste sous la coupe du ministère de la Poste et des TIC. Or, vouloir développer l'informatique implique une structure au niveau ministériel.
Par exemple, les autoroutes et les barrages disposent d'une agence nationale. Ce qui n'est pas le cas de l'informatique», fustige M. Aiad, dans un entretien avec El Watan. En 2006, des professionnels ont alerté le président de la République sur cette situation peu reluisante, selon lui. Sans grand résultat. «L'informatique a été noyée dans la téléphonie mobile et les problèmes de la poste. On continue encore à parler de problèmes alors qu'on devrait déjà lancer de grands projets dans ce domaine», s'emporte-t-il. Pourtant, selon lui, l'Algérie dispose d'un fort potentiel et de moyens financiers à même de la hisser à une bonne place dans le classement mondial. Au passage, M. Aiad charge l'ARPT de «freiner » l'essor des TIC, en citant la nouvelle réglementation relative aux cybercafés qualifiée de «catastrophique». «Les textes d'application relatifs à l'exonération de la TVA n'ont pas encore été publiés», dit-il, soutenant que l'ARPT devait encourager la démocratisation des TIC et l'émergence de nouveaux acteurs. Interrogé sur l'échec du projet de E-Algérie 2013, lancé en grande pompe par le gouvernement et auquel il a contribué, il confie que celui-ci n'a pas été suivi «d'une bonne gouvernance, de feuille de route et d'objectifs réalisables».
«Au début, il devait y avoir une structure ministérielle pour piloter ce projet. Mais, cela n'a pas été suivi d'application. Le projet est resté au stade de document», dénonce encore M. Aiad, estimant qu'un tel projet, de par son ampleur et son importance stratégique, devait être confié au Premier ministère ou au chef de l'Etat. Autre explication : pour avoir été trop ambitieux, le projet est passé à la trappe, ajoute-t-il. D'après notre interlocuteur, la fuite des cerveaux est également l'une des conséquences du retard dans le développement des TIC. «L'université algérienne forme 1500 informaticiens par an. Certains quittent le pays et d'autres ne font que bricoler. A ce rythme, on serait obligé de faire appel à des spécialistes étrangers», prévient le président de l'Association des sociétés de services et des éditeurs de logiciels.
Il y a lieu de rappeler que le report sin die de la 3G ne fait que compliquer la situation.


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