Algérie

« L'Algérie est un acteur important dans l'équation et l'Azawad ne représente pas toute la population du Nord du Mali »



« L'Algérie est un acteur important dans l'équation et l'Azawad ne représente pas toute la population du Nord du Mali »
Dans l'interview qu'il a accordée à El Khabar, M. Alain Antil, responsable du département de l'Afrique Sub-saharienne l'Institut français des relations internationales (IFRI), a considéré que le Niger sera le premier pays touché par les répercussions de la guerre dans le Nord du Mali et affirmé que l'Algérie est le chiffre important dans l'équation de la résolution de la crise dans le Nord du Mali.
El Khabar : Comment expliquez-vous la détérioration de la situation dans le Nord du Mali '
Alain Antil : La situation qui règne dans le Nord du Mali peut être expliquée par une série de changements internes et externes. Pour ce qui est des premiers, il est utile de noter qu'il s'agit de la quatrième insurrection des Touaregs depuis l'indépendance du Mali. Cela consacre chez une frange de la société malienne, qu'ils sont des citoyens de deuxième classe et qu'ils sont marginalisés, notamment en terme de développement, de service et de sécurité. Il existe, toutefois, d'autres facteurs extérieurs qui ont poussé les Touaregs à la rébellion et qu'il faut prendre en considération. Les plus importants sont notamment le trafic transcontinental de drogues de cigarettes et d'essence, qui participe à l'instabilité dans la région, sans oublier le positionnement d'Al-Qaida au Maghreb Islamique dans le Nord du Mali ainsi que la guerre en Libye.
El Khabar : Quels sont les scénarios que vous prévoyez après que le MNLA ait déclaré l'indépendance du Nord du Mali et est-ce que vous croyez que l'Algérie puisse réagir en cas d'affrontements près de ses frontières sud '
Alain Antil : Il existe certes des menaces d'élargissement de la zone de conflit et d'instabilité, étant donné que plusieurs régions enregistrent une instabilité et une tension, notamment, dans les régions proches de l'Algérie, telles que le Nord du Mali avec Boko Haram, le sud de la Libye, le Sud de la Libye et le Nord du Mali. Il ne faut, également, pas omettre le conflit entre l'Algérie et le Maroc sur la question du Sahara Occidental. Toutefois, le pays le plus menacé est le Niger. Nonobstant, les voisins du Mali doivent être vigilants et prendre les menaces qui les guettent au sérieux, étant donné qu'on n'aucune preuve que le MNLA maitrise parfaitement la situation dans le Nord du Mali. Les kidnappings et dépassements qui ont eu lieu dans la région montrent clairement cette instabilité. Pour ce qui est de l'Algérie, elle a réagit dès le début en offrant ses services de médiation. Toutefois, je considère qu'il est difficile d'aboutir à une solution au conflit dans le Nord du Mali sans plus d'implication de l'Algérie qui reste le n°1 de l'équation de la résolution du conflit.
El Khabar : Y a-t-il un enchevêtrement entre Al-Qaida et les combattants Touaregs et quelles sont les répercussions de la déclaration d'une telle alliance '
Alain Antil : Il y a effectivement des indices faisant état de liens entre le mouvement Ansar Dine et le mouvement d'Al-Qaida au Maghreb Islamique. Toutefois, dans une telle situation, il est vraiment difficile de déchiffrer la carte des alliances dans le Nord du Mali étant en fait le reflet de l'émergence des rapports de force et l'enchevêtrement des intérêts qui se croisent parfois même s'ils sont conjoncturels et ne soient pas solides et durables.
El Khabar : comment expliquez vous la lenteur accusée par les forces occidentales à réagir, notamment, la France et les Etats-Unis, pour le règlement de la crise et est-ce qu'il est possible de trancher militairement, que ce soit par les forces de l'Africom ou par des opérations spéciales et si c'est le cas quels seront les objectifs '
Alain Antil : de tels dossiers sont vraiment sensibles. Toute ingérence, en particulier de la part des occidentaux est considéré comme un néocolonialisme. Dans le ca où l'occident n'intervient pas, on considère ça comme étant une sorte de faillite à une mission. Cependant, le plus important consiste dans la gestion de la crise et dans l'engagement des pays du voisinage à trouver un règlement immédiat à la crise. Il est préférable qu'il n'y ait pas ingérence de la France et les Etats-Unis sauf en cas de soutien de ces pays à la demande des pays du voisinage. Ce qui est effectivement le cas pour le moment. Par ailleurs, la Ligue des pays d'Ouest Afrique joue un rôle majeur dans le dossier, toutefois, si les négociations soient interrompues, d'autres alternatives s'imposent pour les pays du voisinage, autres que les moyens diplomatiques. Toutefois on n'est pas encore arrivé là et il existe toujours un ensemble de possibilités, de solutions et d'alternatives. Je crois que le Mali et le MNLA peuvent parvenir à un consensus et il y aura une sorte de l'autonomie de l'Azawad. Je suppose que tous les habitants de la région du Nord du Mali devront participer aux négociations, étant donné que le MNLA ne représente pas l'ensemble des Touaregs. Il y a aussi d'autres granges de cette société, tels que les arabes et/ou les Sonrhaïs qu'il faut prendre en considération.




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