Algérie

L'Algérie est-elle en situation de guerre '


Par le Dr Mourad Goumiri, président de l'ASNA (*)
m.goumiri@live.fr
(2e partie et fin)
Dans le V qui dessine nos frontières d'extrême-sud, trois pays indépendants (Mauritanie, Mali et Niger) et un annexé (la RASD, ex- Sahara occidental), constituent notre profondeur stratégique. Le dossier du Sahara occidental mérite une étude spécifique, qui sort du contexte de cet article mais que nous aurons certainement à mener prochainement, du fait des derniers développements en Libye. En effet, trop de non-dits et de contrevérités ont été distillés sur ce dossier sans qu'une analyse objective des faits historiques ne vienne alimenter un débat sérieux sur cette question qui empoisonne le Maghreb depuis trente-cinq ans.
La Mauritanie, creuset des mondes arabo-berbère (Maures) et négro-africain (39), constitue le maillon faible des pays membres de l'Union du Maghreb arabe. En effet, de Daïât el-Khadra à Cheïkria s'étendent quelque 400 km de frontières avec l'Algérie, avec laquelle elle a vécu une longue «lune de miel», suivie d'un «divorce», considéré comme une trahison (40), après la signature des accords de Madrid de 1975, de partage du Sahara occidental avec le Maroc. Devenant la cible privilégiée des assauts du Front Polisario, depuis la frontière de l'Algérie et du Sahara occidental, la Mauritanie va subir une série d'échecs militaires qui vont la déstabiliser jusqu'à son retrait de la partie du territoire qu'elle occupait au Sahara occidental. De coup d'Etat en coup d'Etat, ce pays va se remettre difficilement de cette situation. Si son retrait de la Cedeao en 1999 et la poursuite de son intégration au sein de l'UMA montrent la volonté du pouvoir de privilégier l'ancrage arabo-berbère, elle reste néanmoins membre d'organisations spécifiques comme l'Organisation pour la mise en valeur du fleuve Sénégal et le Comité inter-Etats de lutte contre la sécheresse dans le Sahel. Le gel de ses relations avec Israël, en janvier 2009, après plusieurs années de coopération, marque son retour dans le concert des nations de la région. Elle tente actuellement de mener une politique d'«équilibrisme» entre l'Algérie et le Maroc, tout en privilégiant des relations denses avec la France. Le président mauritanien Abdel Aziz, sous pression, s'est engagé, tout récemment, à lutter contre Al-Qaïda (41), par la constitution de forces spéciales et la création d'agences de sécurité. Il faut cependant noter que les régimes précédents successifs, à l'exception de celui d'Ould-Taya, ont tous «pactisé» avec Al-Qaïda, pour éviter tout affrontement direct avec elle et tirer certains avantages personnels. Le Mali occupe une place importante dans cette région, avec la frontière la plus longue de 1 100 km et attenant à un espace constitué de 140 000 km2 de zone rocheuse (Adrar des Iforas), difficile d'accès et de contrôle. Cette région est traversée par des troubles ethniques ancestraux entre Touaregs au Nord (42) et populations noires africaines au Sud, la rendant particulièrement vulnérable. Malgré plusieurs accords signés et les bons offices de l'Algérie, pour ramener les belligérants à la table de négociation plutôt qu'à la confrontation, force est de constater que ces efforts sont remis en cause, à chaque fois, ce qui signifie que d'autres intérêts s'appliquent à les saborder. Le Mali se présente comme le maillon faible dans cette région subsaharienne (43) qui fait l'objet de toutes les convoitises, luttant à la fois contre le terrorisme de l'AQMI mais également contre les «rebelles Touaregs du Nord». Dès lors, il va, d'une part, tenter de mettre en œuvre une politique d'assistance aux populations frappées par la sécheresse, de satisfaire ses besoins de première nécessité et d'accès durable aux services sociaux, par la création d'activités génératrices de revenus, soutenues par l'UE. D'autre part, il renforce le système de la micro-finance, développe le commerce et les foires hebdomadaires, tente de couvrir les besoins en eau potable par la réalisation de forages et construit des centres de santé communautaires ainsi que des écoles. En même temps, le Mali essaie de récupérer les armes en circulation et de lutter contre leur prolifération (44), de construire des infrastructures publiques pour le rétablissement de l'autorité de l'Etat et la sécurisation des populations (la police, la gendarmerie, la garde nationale et l'armée). Le désenclavement des régions du nord à travers la construction de routes (notamment la Transsaharienne), dans le cadre d'une coopération régionale et internationale, font également partie du programme. Toutes ces mesures devraient permettre de gagner les populations et de les soustraire à l'emprise des groupes terroristes. A l'évidence, aucun pays de la région sahélo- saharienne et notamment le Mali ne peut lutter seul contre ces menaces et, en conséquence, il doit donc inscrire sa démarche dans le cadre d'une stratégie globale et concertée entre les Etats de la région. L'initiative algérienne d'organiser à Bamako une conférence sur la paix, la sécurité et le développement dans la région sahélo-saharienne entre dans le cadre de cette démarche. Elle permet aux états concernés de la région d'arrêter une stratégie commune pour réunir les conditions objectives, sine qua non, d'un retour à la sécurité et à la stabilité, indispensable au développement économique, social, culturel et cultuel de la région. La décomposition du régime libyen, après la mort de M. Kadhafi et de son clan, est venue compliquer la situation de ce pays démuni qui, par sa situation territoriale, est devenu un «no man's land» où l'AQMI s'est implantée durablement. En effet, la circulation de stocks d'armes de toutes natures, récupérées en Libye, et le retour des Touaregs, ayant servi dans les rangs des différentes légions libyennes, font craindre un renforcement des revendications touaregs au Mali, au Niger et en Algérie, qui trouveront dans l'islamisme politique le prolongement idéologique à leur activisme et donc une espèce de «sous-franchisation » à Al-Qaïda à travers l'AQMI qui est prédisposée à cette alliance, pour des raisons logistiques et financières (les rançons). Le dernier rapt d'humanitaires européens (45) au cœur des camps sahraouis, situés à Rabouni, dans la région de Tindouf, est une démonstration spectaculaire de l'efficacité de l'AQMI à notre frontière sud-ouest (Sahara occidental, Mauritanie, Mali). En même temps, il accrédite la thèse franco-marocaine sur le danger de création d'un micro-Etat (la RASD) non viable (46) mais également la possible «collusion» terroriste entre le F. Polisario et l'AQMI, ce qui devrait se traduire par la classification de la RASD parmi les organisations terroristes, à éliminer dans la région. La récente visite officielle à Alger du président malien Amadou Toumani Touré a dû être certainement négociée avec des moyens économiques et financiers (par exemple pour terminer le tronçon malien de la Transsaharienne, et payer les soldes de l'armée) mais surtout sur le plan politique et sécuritaire (47), avec une coopération militaire adaptée (livraison de moyens de transport), doublée d'une médiation pressante de l'Algérie pour que la rébellion touareg du Nord Mali (MNLA), accepte de consolider l'unité nationale du pays (48). Toute autre gesticulation paraît folklorique. La frontière algéro-nigérienne s'étire sur quelque 900 km, entre le Tassili Ouan-Ahaggar et l'Aïr, au sud-ouest, et le plateau de Mangueni au nord du désert du Ténéré, aux confins des frontières algéro-libo-nigériennes (49). Cette région est également en proie à des tensions ethniques puisque la minorité touareg du pays est à l'origine d'une rébellion qui date depuis 1990, au nord du pays, autour de la région d'Agadez. En fait, «les déterminants de la déstabilisation du Niger sont l'«ethnicisation » politique de la rébellion touareg et la politisation ethnique de celle-ci (50)». En effet, la rébellion touareg au Niger constitue un vieux problème qui survient dès la déclaration d'indépendance, puisque la répression de la rébellion de 1963 va provoquer le premier courant migratoire des populations touaregs vers l'Algérie. Le choc économique et social provoqué par les sécheresses des années 69-74 et 81-85, associé aux problèmes sécuritaires liés au retour, à leur pays d'origine, des éléments de l'ex-«légion islamique », l'aide alimentaire insuffisante mobilisée par l'Etat, la pratique systématique de la corruption et du détournement de cette aide vont augmenter les frustrations des tribus touaregs, contraintes à prendre de nouveau le chemin de l'exil en direction de l'Algérie et de la Libye. Les revendications du mouvement touareg et notamment le FLAA (Front de libération de l'Aïr et de l'Azawad) vont se radicaliser, en octobre 1991, puisqu'elles exigent l'instauration d'un «fédéralisme intégral», basé sur la référence à une «nation touareg unifiée » entre l'Azawad et le Nord Niger. En réaction, le Sud va constituer un front uni contre la cause touareg, rejetant l'objectif séparatiste du FLAA. L'attaque d'un poste administratif à In Gall, à 80 km d'Agadez (plusieurs morts) et les massacres de Tin-Tabar Aden, qui seront considérés comme un «génocide du peuple touareg», marquent le début des hostilités. Si la signature de «l'Accord de paix définitive» d'avril 1995 consacre l'abandon durable des revendications autonomistes touaregs au Niger, elle ne met pas fin à la crise, puisque la rébellion touareg estime que le gouvernement nigérien a violé les clauses de cet accord, continuant ainsi sa politique de marginalisation (51) et notamment par le partage inéquitable des richesses, ce qui risque d'entraîner une guerre interethnique, voire civile. La rébellion touareg a pris une nouvelle acuité avec les enjeux miniers (le Niger est le troisième producteur d'uranium au monde (52) après l'Australie et le Canada) et pétroliers (53). L'exploitation des mines d'uranium (Aréva) soulève des questions sur le volet économique et environnemental. La rébellion déclare qu'«après 40 ans de présence et 100 000 tonnes d'uranium extraites, les habitants de la région d'Arlit puisent encore l'eau aux puits… en plus, elle est contaminée ou complètement polluée» (54). Seul le gouvernement du Niger (1/3 du capital) profite (55) du permis d'exploitation d'Imouraven, en pleine zone touareg, signé en janvier 2009, où Aréva (2/3 du capital) a investi 1,2 milliard d'euros, pour exporter 5 000 t/an d'uranium sur 35 ans. La France, dont l'électricité d'origine nucléaire représente 78% de sa production électrique, exige une sécurité de ses approvisionnements en minerai d'uranium et considère comme vitale, pour son indépendance énergétique, l'exploitation des mines du Niger, sur les vingt
prochaines années. Elle espère également vendre des réacteurs nucléaires de troisième génération (EPR) aux pays arabes dont l'Algérie et également pallier le déficit en énergie électrique de l'Allemagne, après sa décision de fermer ses centrales nucléaires, à l'horizon 2030. En outre, la France et la Libye comptent bien défendre leurs intérêts au Niger, chacun pour ses raisons propres. La Libye (56), en apportant un soutien indéfectible aux Touaregs du Niger, avait entretenu le conflit, avec des arrière- pensées territoriales sur une partie de la région d'Agadez. En même temps, elle jetait les bases d'une politique régionale, basée sur l'ethnicité, ce qui va «fonder les relations entre ce qui deviendra, plus tard, les divers groupes politico-militairest touaregs, durant les trois décennies suivantes (57)». Une nouvelle étape est franchie, actuellement, par l'internationalisation de ce conflit régional, puisque les activités militaires touaregs, tant au Mali qu'au Niger et même au Tchad (58), sont désormais parfaitement coordonnées dans le cadre de l'Alliance Touareg Niger Mali (ATNN), tandis que la région devient éminemment sensible, aux yeux des Etats-Unis et de l'UE, la France (59) en particulier, du fait de la nouvelle donne sécuritaire, à savoir la présence active de l'AQMI, ce qui implique directement un pays central dans la région : l'Algérie. L'AQMI, organisation terroriste djihadiste structurée comme une société «franchisée», utilisant la franchise «Al-Qaïda », en fonction des opportunités, du moment et du terrain, a pour objectif stratégique, l'unification de tous les mouvements islamistes implosés d'Afrique du Nord (60) et du Sahel. C'est à partir de janvier 2007 qu'A. Droukdal, (61), introduisant le concept de «glocale», décide de sa «franchisation» à Al- Qaïda (62) et va transformer le GSPC (63) en «organisation d'Al- Qaïda aux pays du Maghreb islamique » AQMI (64). Mais c'est Al- Zawahiri, lui-même (n°1, aujourd'hui d'Al-Qaïda) qui annoncera la récupération du GSPC, lors de sa déclaration du 11 septembre 2006, confirmée dans son message du 3 novembre 2007 (65), en imposant le concept d'«ennemi proche-ennemi lointain», pour inciter les USA et ses alliés de l'UE à intervenir (66), les menaçant (surtout la France), d'attentats spectaculaires. Ainsi, l'«émirat du Sahel» est né et va s'étendre au Mali, au Niger, à la Libye, la Mauritanie, au Tchad, au Nigeria et au Burkina-Faso. L'autofinancement de ses opérations et la médiatisation inespérée de ses attaques vont lui permettre de s'imposer comme l'unique interlocuteur dans la région et accroître sa crédibilité vis-à-vis d'Al-Qaïda-mère. Son implantation active (67) se soldera par de solides protections auprès des chefs de tribus touaregs de la région sahélo-saharienne (Mauritanie, Mali, Niger, Tchad et Algérie). La généralisation de tous les trafics (armes (68), migrants, drogues, cigarettes) et les autres activités criminelles, rapts (69) et enlèvements avec demande de rançon (70) vont permettre à l'AQMI de se constituer un «trésor de guerre» (71). La région sahélo-saharienne (72) devient, dès lors, le nouveau «front Ouest du terrorisme» et Al- Qaïda au Yémen celui de l'Est, tant pour des raisons stratégiques que tactiques, suppléant ainsi la région de l'Extrême-Orient (Afghanistan, Pakistan) soumise à une intense pression militaire et aux succès timides des «approches politiques». En outre, l'AQMI va accroître la détérioration du climat sécuritaire, après la conclusion de nouvelles alliances entre elle et le cartel des narcotrafiquants latino-américains (73), qui l'oblige à réorganiser ses structures dans le Sahel, en partageant les tâches en matière de transport de la cocaïne puisque l'émir Abou-Zeid (alias Mohamed Ghedir) prélève un «impôt de passage » et le groupe de Mokhtar Belmokhtar se charge de la sécurité des convois qui transitent par l'Egypte ou/ et le Maroc(74). Pour répondre à cette menace, les USA mettront en œuvre un dispositif et des manœuvres conjointes (Flintlock 2005 et 2007), qui associeront, pour la première fois, les neuf pays sahéliens dans des exercices d'entraînement et de simulation, avec les USA (75). Force est de constater qu'après des années d'existence, l'initiative américaine (76) n'a pas réduit substantiellement le terrorisme dans la région du Sahel. Mieux, le coordonnateur de la lutte anti-terroriste au département d'Etat, D. Benjamin, affirmait en juillet 2010 que «les USA écartent, pour le moment, toute éventualité de s'impliquer directement dans la lutte contre le terrorisme dans la région du Sahel» (77). Il ajoute que son pays «poursuivait trois objectifs vitaux dans la région, l'éradication des cellules terroristes, l'exploitation des gisements de minerais et la sécurisation des voies maritimes (78)». Pour lui, seules les institutions multilatérales comme la BIRD, le FMI, la FAO, la BAD, la BID, la Cnuced, l'Unesco devaient s'occuper du développement des populations locales. Or, l'effondrement programmé par l'OTAN de la Libye va précipiter les évènements et bousculer les stratégies des uns et des autres dans la région, puisqu'à l'instar des cas de l'Irak et de l'Afghanistan, leurs stratèges ont planifié la guerre mais oublié de préparer la paix concomitamment. Comprenant, enfin, la gravité de la situation de la région sahélosaharienne (79) et confrontés à des problèmes d'ordre budgétaire (financement des opérations militaires et aux élections présidentielles), les USA vont changer de «fusil d'épaule» et envoyer R. Maxwell, sous-secrétaire d'Etat, chargé du Maghreb, donner leurs instructions. Leur «feuille de route» affirme deux principes : «la stabilité dans la région» (80) et, surtout, «que les voisins de la Libye aident à la réussite du processus » qu'ils ont fixé, pour ce pays, via l'OTAN et le binôme franco-britannique ! S'agissant des problèmes folkloriques algéro-algériens et notamment des «réformes politiques», sa réponse est limpide : «Nous attendons la concrétisation de ces réformes»… Décodé, cela signifie, ce n'est pas une priorité pour nous (81) ! Leur objectif stratégique, non affiché, est le maintien de la région sous leur contrôle et sous leur influence, de manière à maintenir intact le rapport de force qui favorise les intérêts des puissances de la coalition. L'Algérie, complètement tenue à l'écart du dispositif des alliés en Libye, est, cette fois, clairement identifiée comme le «supplétif» de l'OTAN dans la région, après que cette dernière eut achevé sa partition, sous mandat onusien. Disposant de ressources financières (82) pour acheter des armes «made in USA» (83), notre pays est le seul dans la région à posséder un potentiel de lutte contre le terrorisme mais, ayant perdu ses capacités d'anticipation et agissant à partir des turpitudes romantiques présidentielles, il a perdu l'initiative dans le dossier libyen et, partant, dans les bouleversements graves qui s'opèrent à nos frontières, sous nos yeux mais sans nous ! Pour rattraper le «train en marche», l'Algérie va afficher, une nouvelle fois, son refus de toute intervention de puissances étrangères à la région (84), qui va réduire l'indépendance des décisions souveraines des pays, ceci n'excluant pas la coopération (85). Elle fera prévaloir que toute intervention directe étrangère créera un rejet des populations et des opinions publiques, ce qui donnera à l'AQMI un argument inespéré pour consolider son implantation dans la région. Prenant acte de son chaos diplomatique et de son absence totale de vision stratégique (86), notre pays va réunir les chefs d'état-major (la Mauritanie, le Mali et le Niger) à Tamanrasset en mars et septembre 2010, puis en avril 2011 à Bamako et créer un Centre de coordination des opérations de lutte contre les réseaux terroristes, à travers un état-major conjoint (87). En outre, des réunions de responsables du renseignement des pays de la région vont se tenir à Alger en avril et septembre 2010, avec l'installation d'un Centre de renseignement commun à Alger et la mise en place d'une unité de fusion et de liaison pour l'anti-terrorisme et la coopération (UFC). Personne ne doit perdre de vue que l'enjeu fondamental d'une guerre asymétrique et subversive demeure l'attitude et la posture des populations et des opinions publiques (si elles existent) et l'action militaire, proprement dite, n'est que l'accompagnatrice d'un processus global. Le succès ou l'échec de cette guerre dépendra donc de la capacité de chacun des pays à faire basculer la population et l'opinion publique dans son camp. C'est le seul objectif stratégique à défendre et à négocier avec nos partenaires régionaux et extrarégionaux pour le moment, afin d'éviter les échecs passés. Sans sous-évaluer ni surévaluer le phénomène terroriste à nos frontières, il est clair que son importance et sa gravité se sont amplifiées avec la nébuleuse libyenne qui a échappé complètement à l'influence de notre pays, de par notre passivité. S'agissant d'un phénomène transfrontalier, la riposte ne peut être que transnationale d'où la nécessité de construire une coopération durable avec les pays de la région, directement concernés, pour mener en commun la lutte contre le terrorisme franchisé et mutant vers des autres formes de trafics, notamment les drogues venues d'Amérique latine (Colombie). Il faut, donc, négocier avec les puissances concernées, étrangères à la région, comme des partenaires et non comme subordonnés, ce qui implique que nous introduisons les intérêts objectifs de notre pays dans la région et dans nos profondeurs stratégiques dans le dispositif qu'ils ont arrêtés, le soutien financier et logistique (89) n'étant qu'un volet et pas le plus essentiel. Le problème, cependant, et il faut bien se l'avouer, c'est que le statut de «partenaire» que nous devrions revendiquer ne s'attribue pas avec «rachwa» ou par «piston »… il se mérite et il se mérite d'abord par la relation établie par le pouvoir et son ancrage dans le «front intérieur», donc dans la société de son
propre pays… et là, c'est une toute autre histoire !
M. G.
(*) L'Association des universitaires algériens pour la promotion des études de sécurité nationale.

(39) La coexistence des Maures, Harratines arabophones et des Négro-africains francophones lui donne une vocation à mener une diplomatie d'équilibre et de compromis.
(40) La position du président H. Boumediène est déconcertante de naïveté. Comment pouvait-il croire qu'en hébergeant, huit mois par an, M. Ould-Dada et sa famille, à Club-des-Pins, il pouvait faire de lui un allié reconnaissant, dans la région ' Lorsque son véritable donneur d'ordre l'a sommé de signer les accords de Madrid, il n'a pas hésité… à changer de résidence.
(41) L'assassinat de 4 touristes français à Aleg, le 24 décembre 2007, l'attaque meurtrière (12 morts) de Tourin en septembre 2008, tuant 12 personnes, l'assassinat d'un Américain à Nouakchott le 23 juin 2009, l'attentat-suicide contre l'ambassade de France à Nouakchott le 8 août 2009, l'enlèvement de 3 Espagnols sur la route Nouakchott-Nouadhibou le 29 novembre et de 2 Italiens le 19 décembre 2009, l'enlèvement et l'exécution d'un Français, après une attaque commando, franco-mauritanienne, en août 2010.
(42) D'origine berbère, ils sont environ 700 000 au Mali, un million au Niger, 50 000 au Burkina Faso, 20 000 en Algérie et 10 000 en Libye.
(43) Marie Simon : Le Mali, maillon faible de la lutte contre AQMI', L'Express du 22/09/2010.
(44) Le Programme pour la réduction de l'insécurité et la lutte contre le terrorisme dans le Nord Mali (Pirin) devrait permettre de réduire les causes de l'insécurité dans la région, par l'occupation de l'espace en services administratifs, par plus de mobilité des forces d'intervention et une mobilisation sociale massive pour réduire l'influence des sectes religieuses et du terrorisme.
(45) Deux Espagnoles et un Italien ont été enlevés, ces derniers jours, par des présumés terroristes islamistes, qui proviendraient du Mali et retourneraient dans la même région.
(46) J. C. Mallet, F. Delon Défense et Sécurité nationale : le Livre Blanc. Ed. Odile-Jacob, La documentation française, Paris, 2008, p. 38.
(47) La création d'une septième région militaire algérienne, dans la région d'Adrar ou de Reggane, pourrait être une réponse à la menace dans ce triangle constitué du Sahara occidental, de la Mauritanie et du Mali.
(48) Le retour des combattants touaregs de Libye peut relancer l'opposition armée au Nord Mali, avec à leur tête Hama ag Sidahmed, après l'étrange assassinat de leur chef Brahim ag Bahanga, il y a quelques semaines.
(49) La ville de In-Guezzam est située à moins de 250 km de la ville minière (uranium) d'Arlit et à quelque 500 km d'Agadez, considérée comme capitale du Nord du Niger.
(50) Hassane Souley : L'Uranium, l'islam et la nouvelle rébellion touareg : éléments pour une lecture géopolitique de la situation dans le Nord du Niger, p. 02.
(51) L'accord de Ouagadougou du 15 avril 1995, conclu entre la résistance touareg et l'Etat du Niger, visait à établir une paix définitive entre les deux protagonistes et œuvrer pour un développement économique, social et culturel. «Texte des accords définitifs entre la résistance touareg et l'Etat du Niger», in : www.temoust.org, le 23 mai 2009, p. 01.
(52) Les réserves d'uranium au sud de l'Algérie sont évaluées à 29 000 tonnes selon l'ancien ministre de l'Energie.
(53) Découverte récemment de pétrole à Chinguetti (au sud de la Mauritanie) et d'importantes réserves pétrolières au Tchad et dans le golfe de Guinée. La Chine a investi 5 milliards de US $ pour les droits de prospection des champs pétrolifères d'Agaden, au nord du Niger.
(54) Depuis plus de quarante ans, la firme française Aréva exploite l'uranium de la région d'Arlit, altérant l'écosystème fragile de la région. L'ONG Greenpeace a révélé des taux anormaux d'uranium dans le sol et de radon (gaz radioactif) dans l'air et la présence d'objets radioactifs recyclés dans un marché d'Arlit. In Ecolorama-association, Greenpeace, Niger : La dépendance énergétique française in, www.ecolorama.fr/ du 21 septembre 2010, p. 01.
(55) Philipe Hugon : Une Afrique emportée par la crise mondiale, in : L'Année stratégique, Paris, 2010, p. 353.
(56) M. Kadhafi avait ouvert des camps d'entraînement militaires pour la formation de rebelles touaregs algériens, maliens et nigériens, accentuant ainsi la déstabilisation des pays de la région.
(57) Dida Badi : Le Maghreb dans son environnement régional et international : Les relations des Touareg aux Etats, le cas de l'Algérie et de la Libye. Notes de l'IFRI, inwww.ifri.org, 2010, p. 19.
(58) La Libye a longtemps revendiqué la bande d'Aozou dans le Tibesti tchadien, riche en uranium.
(59) Ce pays compte, à l'heure actuelle, une douzaine d'otages (civils et militaires) qu'il tente de racheter.
(60) En mars 2007, Abou El-Baraa, marocain originaire de Tétouan, a intégré le Conseil consultatif d'AQMI (Madjlis el-choura), composé de 16 membres.
(61) Avec ses deux chefs de katibates, Abou Zeid et M. Belmokhtar, ils comptent quelque 200 et 300 hommes, ont pris leurs quartiers autour de villes comme Tombouctou, Gao, Kidal où ils jouissent de grandes facilités relationnelles avec les plus hautes autorités de ces pays mais également avec les chefs de tribus touaregs, avec lesquels ils ont fondé des relations familiales (mariages polygamiques), créant ainsi de confiantes solidarités.
(62) Jean Michel Demetz et Dominique Lagarde : Sahel 10 questions sur les terroristes islamistesin : L'Express, 28 juillet 2010, p. 16.
(63) Le GSPC (Groupement salafiste pour la prédication et le combat) est né sur les ruines des anciens GIA (Groupes islamiques armés).
(64) Jean François Daguzan : Al-Qaïda au Maghreb islamique : une menace stratégique ' in Internet : 30 juillet 2010, p. 1.
(65) Mathieu Guidère : La tentation internationale d'Al-Qaïda au Maghreb, In : www.IFRI.fr, Focus stratégique n°12, décembre 2008. (66) Philipe Hugon, Op. Cit. p. 353.
(67) La généralisation des mariages polygames des membres de l'AQMI, avec les filles des chefs de tribus touaregs, va permettre de conclure de solides protections.
(68) Avant la guerre civile en Libye, quelque 3 millions d'armes légères circulaient dans la région. Aujourd'hui, les arsenaux libyens ont déversé encore plus d'armes destructrices et sophistiquées (missiles, roquettes, armes de précision, chimiques, électroniques…).
(69) Marcel Bekolo : Al-Qaïda et le business des otages occidentaux au Sahel, in ww.afrik.com., 16 décembre 2009.
(70) La résolution onusienne de refus du paiement des rançons, pour la libération des otages, tient son explication à cet endroit. Force est de constater que cette dernière n'est appliquée par personne.
(71) Cette aisance financière va accélérer la consolidation d'Al-Qaïda dans la région.
(72) La corruption a atteint les plus hautes sphères des Etats et participe à la mobilité des organisations terroristes et à leurs alliances mafieuses.
(73) De 50 à 60 tonnes de cocaïne sont acheminées de l'Amérique du Sud en Europe à travers le Sahel. Cas du Boeing 727 au nord du Mali en novembre 2009 (Rapport Unodoc in El- Pais, 15/03/2010).
(74) M. Guidère, Op. Cit, p. 18.
(75) Mehdi Taje, Sécurité et stabilité dans le Sahel africain,Ed. Nato, Rome, décembre 2006, p. 72.
(76) 2003, les USA ont initié «Pan-Sahel Initiative» (PSI) pour la formation des troupes et la fourniture d'équipements militaires afin de consolider les capacités d'intervention du Mali, Tchad, Mauritanie et du Niger. En 2005, PSI devient le Trans-Sahara Counter-Terrorism Partnership (TS CTP) qui regroupe les six Etats du Sahel et l'Algérie, le Maroc et la Tunisie.
(77) Cheherazad Lamrikène, Lutte antiterroriste : Les Etats-Unis excluent toute intervention directe au Sahel, in : www.dna-algerie.com/politique/ 42-interieure/283 du 26 juillet 2010.
(78) La piraterie moderne devient une menace des plus sérieuses, comme nous venons de le vivre en Algérie.
(79) Après la conférence internationale «sur la sécurité et le développement», tenue en septembre à Alger, les USA vont voir des conséquences de leur politique en Libye, via l'OTAN et sur la sécurité de larégion sahélo-saharienne.
(80) C'est un dictat pour l'Algérie, de manière à ce qu'elle rentre dans le rang comme ses voisins immédiats, le Maroc, la Mauritanie, la Libye, le Niger ou le Mali.
(81) Dans la hiérarchie des intérêts stratégiques américains, la «démocratisation» du pouvoir, en Algérie, n'est pas la priorité du moment. (Voir notre article, «Quels intérêts stratégiques défendent les pays occidentaux dans les pays arabo-musulmans ' El-Watan, octobre, 2011).
(82) Les 175 milliards de dollars de réserves, transformés, pour partie, en bons du Trésor américain et que le gouverneur de la BA passe son temps à exhiber, intéressent les USA.
(83) A quelques jours d'intervalle, une offre de vente d'armes britannique, suivie de celle américaine, ont débarqué à Dar El Beïda !
(84) Mahamadou Issoufou, président du Niger, vient de réaffirmer, à partir de l'Afrique du Sud, il y a quelques jours, les principes de la non-intervention de troupes étrangères et celui de la coopération militaire.
(85) Pascal Boniface, L'environnement de sécurité et le processus de construction de la paix en Afrique de l'Ouest, in : www.un.org/unowa, mars 2007, p. 1.
(86) Pr A. Adimi, interview à El-Watan, du 10.11.11.
(87) Le Cemoc mobilise une force de 25 à 70 000 hommes.
(89) Il est essentiel que notre pays s'interdise de financer les opérations du maintien de la sécurité de la région pour le compte des puissances étrangères.
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