L'Algérie est contaminée par le virus du football

L'histoire de l'Algérie à travers son football, un jeu qui a fait son apparition à la fin du 19e siècle car tout au début, c'était le néant... Notre pays, à l'instar de la majorité des habitants du globe, est contaminé par le «virus» du ballon rond au point où il est devenu le second soleil du monde.Où qu'ils se trouvent, les inconditionnels supporters algériens créent une ambiance d'enfer. Le football déchaîne les passions, suscite l'admiration, la haine et la jalousie. Plus qu'une discipline sportive, le football débride nos instincts les plus enfouis. Il nous renvoie une image certes caricaturale de nous-mêmes, mais qui reflète parfaitement nos aspirations dans la société. Il est un acte civilisationnel et culturel.Chaque pays a le football qu'il mérite. Comme beaucoup de nouveautés introduites par le colonisateur, le football a fait son apparition chez nous à la fin du dix-neuvième siècle. Apanage, au début, des seuls colons, il s'est révélé rapidement que ce sport avait du succès, plus même, l'autochtone est doué pour ce jeu. L'Algérien possède une technique innée, mais il rechigne devant l'effort physique.Les quartiers populaires ont été et sont encore le vivier dans lequel le football algérien puise ses talents. On nous appelait les «indigènes» et justement c'est là qu'en quête de vie meilleure qu'ils ont été happés par les équipes des colons, toujours à la recherche de l'oiseau rare pour étoffer leurs effectifs à l'image des Méziani Abderahmanne, Boubekeur Abderahmane, Krimo Rebih, Belbekri et des centaines d'autres, une aubaine pour ces jeunes de plus en plus nombreux à exercer ce métier qui leur confère un statut particulier dans une société méprisante. Le football est devenu un moyen de lutte pour affermir une identité et une culture.C'est à cette époque que l'idée de créer le premier club indigène, excusez l'expression, a germé chez une bande de copains. Malgré les obstacles et les réticences de l'administration française, le respectueux Aouf et ses compagnons, pourtant d'origine modeste, ont réussi à bousculer l'ordre établi en fondant le premier club algérien du nom de Mouloudia club d'Alger (MCA). Le Mouloudia club d'Alger est né le 7 août 1921 et cette naissance réalisée au forceps a eu un effet boule de neige.Profitant de la brèche ouverte par le Mouloudia, les équipes dites indigènes ont proliféré sur tout le territoire à une vitesse vertigineuse qui a donné le tournis à l'administration française. Les clubs européens se vidaient de l'intérieur car la majorité des joueurs algériens ont rejoint les nouvelles formations autochtones, créant une panique générale chez les colons. Désormais, ils devaient croiser le fer avec des équipes... algériennes.Des batailles épiques ont eu lieu durant cette époque entre le Mouloudia et l'USMA d'une part, et le Gallia et l'ASSE d'autre part. Cette rivalité plus que footballistique a duré plus d'un quart de siècle... Jusqu'à une certaine journée du mois de mars 1956, date à laquelle le Front de libération nationale(FLN) a ordonné aux clubs algérien de boycotter la compétition. La première page de notre histoire de football venait d'être tournée.Cependant, il faut rendre hommage aux hommes qui ont été aux premiers plans de notre football par la création d'autres clubs de football à l'image de l'escadron noir de Guelma, du SKAF Affreville (Khémis Miliana,) du WAB de Belcourt, du Widad de Boufarik, de l'USM Blida, de l'ASO Chlef, de la JS Bordj Menaiel, l'O Tizi Ouzou, du Chihab d'El Harrach (CREH) et des centaines d'autres. De tout temps, la politique s'est servie du sport en général et du football en particulier en Algérie, et c'est pour cela que le ballon rond a été à l'avant-garde, premier au combat...