Algérie

«L'Algérie est à la traîne» MES FAROUK KSENTINI ET BOUDJEMAÂ GUECHIR, À PROPOS DES DROITS DE L'HOMME ET DES REFORMES



«L'Algérie est à la traîne»                                    MES FAROUK KSENTINI ET BOUDJEMAÂ GUECHIR, À PROPOS DES DROITS DE L'HOMME ET DES REFORMES
«L'Algérie a des ennemis extérieurs et qu'on a beaucoup à faire pour préserver l'intérêt national»
«l'Algérie est un pays émergent en matière des droits de l'homme car la tâche n'est jamais terminée.»
Le message de la secrétaire d'Etat américaine, Mme Hillary Clinton, aux autorités algériennes est qualifié par le président d' «un jugement qui se rapproche de l'objectivité». D'une manière globale, il considère que «l'Algérie est un pays émergent en matière des droits de l'homme car la tâche n'est jamais terminée».
M.Ksentini, qui coupe la poire en deux s'agissant des droits universels, estime qu'«au-delà des libertés individuelles et collectives, l'Algérie accuse un retard considérable dans le volet des droits sociaux». L'Algérie est à la traîne, notamment en ce qui concerne «le logement, l'emploi précaire et la scolarisation», fait-il savoir. Si la démocratie ne se mesure pas au nombre de partis agréés, le président de la Commission nationale consultative de promotion et de protection des droits de l'homme (Cncppdh), Me Farouk Ksentini, y voit plutôt «une poussée importante» et la balle dit-il «est dans le camp de cette foultitude de formations auxquelles il appartient de délaisser leur populisme manifeste et d'élever progressivement leur niveau politique». S'agissant de la loi sur les association au sujet de laquelle l'Algérie a été plusieurs fois épinglée par les ONG et même la Haut Commissaire aux droits de l'homme, il n'a décelé qu'une seule restriction qu'il salue d'ailleurs. Celle relative à «l'interdiction de recevoir des fonds et aides extérieures». L'argument avancé par Ksentini est que l'Algérie a des ennemis extérieurs et qu'on a beaucoup à faire pour préserver l'intérêt national. Là encore, il indiquera que c'est aux associations qu'incombe le devoir d'élargir progressivement leur champ d'action au fur et à mesure de leur mûrissement. «Sur le plan juridique, ce dossier est clos», commente-t-il par ailleurs en évoquant la lancinante et sensible question des disparus. Sur le plan politique, même si cette question est appelée à être exploitée, il faut préciser, poursuit-il, que «l'association des familles des disparus est minoritaire dont la représentation est très limitée d'autant plus que 95% des familles ont été indemnisées». Dans son langage diplomatique, «Hillary Clinton a suggéré aux autorités algériennes d'arrimer l'Algérie aux changements qui s'opèrent autour d'elle, autrement dit, d'engager réellement des réformes sans attendre pour se mettre au diapason de ce qui se fait chez nos voisins», a indiqué le président de la Ligue algérienne des droits de l'homme, Me Boudjemaâ Guechir. Sachons qu'il ne reste des réformes annoncées en grande pompe que des slogans, il fait remarquer que sur le plan pratique il y a une régression par rapport aux textes et aux mouvements précédents, notamment celui de 1989. Le rôle et la place géostratégique de l'Algérie au Sahel, la crise financière et économique au niveau de la zone euro n'ont fait qu'atténuer les pressions extérieures. Avec la faiblesse de la pression intérieure, l'apparition sur la scène internationale de la Chine et de la Russie comme forces bloquantes par l'utilisation du doit de veto, il est constaté, affirme-t-il qu' «après la panique qui s'est emparée d'elle suite à la chute de Ben Ali, Mouammar El Gueddafi et Moubarak, l'Algérie emprunte la même voie ou emboîte le pas à la Syrie». Me Guechir qui reconnaît néanmoins une petite avancée dans la reconnaissance de l'existence de la question des disparus, ajoute qu'«il est hors de question de faire l'impasse sur la vérité et la justice revendiquées par les familles des disparus qui ont besoin de faire le deuil». Par ailleurs, il souligne que «pratiquement tous les droits sont bafoués en Algérie». La loi sur les associations intime clairement globalement aux associations de ne pas se préoccuper des problèmes proprement algériens. Les dispositions de cette nouvelle loi confondent entre les partis politiques et les associations, dit-il, car elle exigé de ces entités (associations... Ndlr) d'avoir une représentation dans plusieurs wilayas. Pour rappel, Hillary Clinton a salué vendredi à Washington les réformes engagées par l'Algérie tout en se félicitant du dispositif de sécurité déployé par les autorités algériennes à l'ambassade américaine à Alger suite aux violences connues par plusieurs pays musulmans en septembre dernier.
Pour Mme Clinton, «l'Algérie a beaucoup à gagner en adoptant les changements qui s'opèrent autour d'elle, et nous avons constaté certains progrès» à travers les réformes engagées. A ce propos, elle a précisé que le gouvernement algérien «a organisé des élections législatives, en mai dernier, et a invité, pour la première fois, des observateurs internationaux pour les surveiller». S'exprimant, par ailleurs, sur le soutien des Etats-Unis au mouvement de transition démocratique dans la région du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord,
Mme Clinton a affirmé que la politique américaine dans cette région tiendra toujours compte à la fois «des intérêts et des valeurs» des Etats-Unis, qui consistent, selon elle, à promouvoir la démocratie et les droits de l'homme, à vaincre Al Qaîda, à défendre les alliés et les partenaires et à assurer un approvisionnement sûr en énergie. Mais, a-t-elle souligné: «L'Algérie a beaucoup de travail devant elle pour atteindre et consacrer les droits universels et créer un espace pour la société civile». C'est «un message que j'ai transmis personnellement au plus haut niveau en février», en référence à sa visite à Alger durant laquelle elle a eu des entretiens avec le président Bouteflika.


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