Après deux semaines de paralysie de l'Etat, le Congrès américain, sous la pression de l'échéance d'un éventuel défaut de paiement sans précédent de la première économie mondiale, a adopté in extremis le 16 octobre dernier, un compromis budgétaire sur un relèvement du plafond de la dette.La solution provisoire trouvée fait craindre cependant de nouveaux affrontements entre les républicains et les démocrates, la loi budgétaire votée n'étant valable que jusqu'au 15 janvier prochain, date à laquelle une nouvelle paralysie de l'Etat se profilera si aucun accord n'est scellé entre les adversaires politiques. Cette grave crise, qui peut avoir une résonance mondiale si elle venait à perdurer, aura-t-elle un impact sur l'économie de notre pays ' La question qui se pose par intermittence depuis la crise financière de 2008 est, aujourd'hui plus que jamais, d'actualité au vu des importants placements effectués par l'Algérie en bons du Trésor américain.
Les intérêts algériens ne sont-ils pas menacés ' Selon une analyse de Abderrahmane Mebtoul, universitaire et expert international, «il faut aller vers un débat productif, contradictoire et serein, qui engage l'avenir de l'Algérie sur la gestion active des réserves de change au regard de la crise d'endettement sans précédent que connaissent les Etats-Unis». «Nous devons éviter toute autosatisfaction, mais également toute sinistrose, quant au sort de la majorité des placements de l'Algérie, estimés à environ 90 milliards de dollars, aux USA.» Selon l'expert, seule «une déflagration de l'économie mondiale pourrait emporter toute l'économie algérienne dont 98% de ses recettes en devises proviennent des hydrocarbures connectés à la croissance de l'économie mondiale».
Le docteur Mebtoul recommande d'éviter toute approche alarmiste sans fondement et estime qu'un accord entre les démocrates et les républicains américains était prévisible, les Bourses n'ayant pas paniqué. Il relève cependant que toute autosatisfaction est à écarter également.
Le Dr Mebtoul rappelle en effet que le FMI a publié un rapport le 8 octobre 2013, selon lequel «la stabilité financière dans le monde reste sous la menace d'un changement de cap de la politique monétaire aux Etats-Unis et de l'endettement massif des pays riches. Il est à rappeler que l'Algérie a placé environ 86% de ses réserves à l'étranger, sur un total de 190 milliards de dollars à fin 2012 et une prévision de croissance à 200 milliards de dollars à fin 2013. Au sein de cette masse, plus de 45% des réserves sont placées en bons du Trésor américain et 45% en obligations européennes. Une crise d'endettement aux USA risque de déprécier tant la valeur des bons américains que les obligations européennes».
Les risques sur les réserves ne sont cependant pas imminents, puisque selon l'observation du Dr Mebtoul, «les placements sont garantis tant par les Etats que par le FMI et un scénario catastrophe n'est envisageable qu'en cas de faillite généralisée des USA et de l'Europe».
L'expert relève que «l'objectif stratégique est de bien utiliser ces réserves de change, d'éviter de dépenser sans compter pour des raisons de prestige ou de distribution des revenus sans contreparties productives». Il recommande le lancement de nouveaux projets à valeur ajoutée au sein de grands ensembles économiques, tels que les espaces euro-méditerranéens et euro-africains, afin d''uvrer à l'atténuation des tensions sociales dans le continent.
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Posté Le : 19/10/2013
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Zhor Hadjam
Source : www.elwatan.com