Karim Younès a été l'invité, samedi dernier, au Théâtre régional de Bejaïa, d'une rencontre-débat pour présenter, à un public venu nombreux, deux de ses ouvrages, récemment parus, à savoir « De la Numidie à l'Algérie : grandeurs et ruptures » et « Aux portes de l'avenir ». L'Histoire prendra une grande place dans la conférence de l'auteur, et en évoquant la Numidie, Karim Younès ne pouvait faire l'impasse sur Yennayer, à la veille de sa célébration. D'autant plus, comme il le dira, que « Yennayer immortalise nos grandes heures de gloire ». Il s'attardera ainsi longuement sur la signification historique de cette fête, estimant que l'hypothèse la plus probable de l'origine de sa célébration remonte à l'époque du roi numide Chachneq qui a vaincu les armées de l'Egypte ancienne, accomplissant, dans la foulée, la conquête de Jérusalem, et qui a fondé la 22e dynastie pharaonique. Le retentissement de cette victoire a été tel qu'il a donné le top au calendrier berbère. L'orateur, sans toutefois totalement écarter que cette fête ait été antérieure à ce fait rapporté par plusieurs sources avérées et évoqué même dans la Bible, estime probable qu'elle ait été célébrée avec plus de faste depuis et que ces réjouissances, qui durent depuis plusieurs millénaires, résonnent comme un écho de la puissance numide. « Le présent est l'enfant du passé, et renier son passé revient à renier sa mère », martèle Karim Younès pour rappeler la nécessité pour l'Algérie de se réconcilier avec son passé ancien, égrenant les grandes périodes historiques vécues par notre pays (romaine, vandale, byzantine, arabe, espagnole, turque, française et, enfin, l'émergence du Mouvement national), soulignant la continuité de la racine numide à travers ses luttes et ses apports culturels et civilisationnels. « Nous avons un passé, nous avons existé dans les civilisations anciennes », tranche-t-il. A propos de son second livre, Karim Younès dira qu'il compulse son parcours, sans toutefois tout rapporter, mais qu'il ne s'agit ni d'une biographie ni de mémoires. « Je ne suis pas assez vieux pour écrire des mémoires », lance-t-il avec humour à l'auditoire. Revenant à un autre registre émotionnel, Karim Younès tancera ceux qui, jetant le doute sur ses intentions politiques, lui ont reproché d'avoir commis ces ouvrages à ce moment précis. « Comme si l'on avait besoin d'un tuteur qui doit décider pour nous pourquoi, quand et quoi écrire ! », s'exclamera-t-il, en rappelant s'être essayé à l'écriture en 1974 mais que les deux livres qu'il avait proposés à l'édition n'ont jamais été publiés . Karim Younès formera devant l'assistance les v?ux que Bejaïa, sa ville natale, honore un jour un homme de renommée universelle, qui a commencé sa carrière sur les planches de ce théâtre même, à savoir Djamal Allem. « J'appelle les autorités à l'honorer et immortaliser son ?uvre à travers l'institution de journées de la création artistique Djamal Allem, et aussi à honorer la mémoire des 4.150 Bougiotes tombés en martyrs en 1510 face aux conquérants espagnols. » Karim Younès, qui répondra aux interrogations éclectiques de l'auditoire, estimera, à propos de l'officialisation de tamazight, qu'on ne peut aller à l'encontre de la volonté populaire et précisera qu'il n'est pas dans son intention d'être candidat à la présidentielle, expliquant militer pour un abaissement de l'âge des candidats. « Les révolutionnaires de la guerre de Libération avaient la vingtaine. Boudiaf, le plus âgé d'entre eux, n'avait que 30 ans. » Son ambition actuelle, dira-t-il, est d'aider à l'émergence d'une nouvelle élite. « L'Algérie n'est pas stérile. » Karim Younès, à l'issue de cette conférence, s'est adonné à la dédicace de ses livres.
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Posté Le : 14/01/2014
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Ouali M
Source : www.horizons-dz.com