Algérie

L'Algérie doit dépasser la logique rentière



La prise en compte de l'histoire, fondement de la connaissance, est indispensable pour concrétiser les actions afin d'éviter le rejet par le corps social d'idées, même bonnes, mais inadaptées au contexte social et historique. L'essence de la gouvernance ne réside pas dans le fait qu'elle soit bonne ou mauvaise, mais dans la capacité de ses appareils à maîtriser les équilibres dynamiques pour accroitre le bien-être du citoyen. De ce fait, l'accélération des réformes politiques, économiques et sociales solidaires pour l'instauration de la démocratie tenant compte de notre riche anthropologie culturelle et d'une économie de marché humanisée concurrentielle dans le cadre de l'interdépendance mondiale, acteur de développement, face aux tensions internes et externes, impliquent une lutte contre la bureaucratie et la corruption et un large front national anticrise et la nécessaire Réconciliation nationale.Tout processus de développement étant forcément porté par des forces sociales, avec pour objectif essentiel de tout pays le développement afin d'atténuer la pauvreté et le chômage. Un front national solide face aux tensions géostratégiques externes et aux tensions internes fondement de la Réconciliation nationale sont les éléments essentiels pour concrétiser les réformes et permettre une économie diversifiée.
Le Contrat social qui constitue justement un pacte pour la réussite de la transition ne concerne pas seulement les partenaires économiques (dont certains segments défendent des intérêts de la rente), mais aussi l'ensemble des segments de la société. L'aspect sécuritaire s'étant nettement amélioré frace aux efforts de l'ANP et des forces de sécurité,, une décantation salutaire, et comme dans tous les pays en transition, la société algérienne se trouve naturellement confrontée à deux tendances lourdes, avec au milieu une majorité «le marais», qui ne comprend pas les enjeux qui seront entre 2022/2028/2030 essentiellement économiques. Ces deux tendances sont les acteurs défavorables et les acteurs favorables aux réformes, d'où l'importance des dossiers éminemment politiques comme celui des hydrocarbures, lieu de la production de la rente, du système financier, lieu de distribution de la rente, et celui du partenariat-public/privé, couplé avec celui d'un système socio-éducatif performant, lieu de la production de la plus-value, qui en dynamique engendrera de nouvelles forces sociales, soit rétrogrades si l'on s'oriente vers un nouveau monopole privé soit porteuses de progrès si l'on instaure une totale transparence pour une économie de marché véritablement concurrentielle.
Nouvelles technologies
La tendance conservatrice majoritaire au niveau de certains appareils liée aux intérêts du monopole et de la rente bloque les réformes sous le couvert d'un discours nationaliste chauviniste D'une manière étrange, ils prônent la défense de la République, mais, fait unique dans les annales de l'histoire, sans la démocratie, et invoquent un slogan qui n'existe nulle part dans le monde de l'économie de marché étatique spécifiquement algérienne. Aussi, la tendance rentière consiste à gérer le dossier des réformes selon une vision bureaucratique à partir d'injonctions administratives reposant sur des relais administratifs; le bureau, nécessaire dans toute société, mais à la différence des pays développés analysés par Max Weber, étant un facteur bloquant. Cela se traduit objectivement auprès des observateurs nationaux et internationaux par un immobilisme, oubliant que le monde ne nous attend pas, que l'Algérie ne vit pas dans un îlot isolé et que les discours triomphalistes démagogiques sont sources de névrose collective.
Les forces sociales réformistes militent pour développer l'économie de marché humanisée, conciliant l'efficacité économique et la nécessaire cohésion sociale afin de démocratiser la décision économique et politique s'inscrivant dans la mise en place de la démocratie, tenant compte de notre anthropologie culturelle, évitant de plaquer des schémas sociaux importés, liée à un Etat de droit basé sur la transparence, impliquant l'ensemble des acteurs économiques, politiques et sociaux avec un rôle important à l'Etat régulateur. Les réformes, au-delà des résistances naturelles des tenants de la rente, reposant sur la concertation sociale et le dialogue en réhabilitant le capital humain, en cette ère du XXIe siècle, ère du savoir basée sur les nouvelles technologies, sont la base du développement en ce monde interdépendant en perpétuel mouvement, où le temps, c'est de l'argent: toute nation qui n'avance pas recule. Au diktat se substitue la concertation et le dialogue permanent entre les différents acteurs concernés par les opérations des réformes, en évitant à tout prix la segmentation et la centralisation des décisions, produit de toute démarche bureaucratique autoritaire néfaste. Il s'ensuit l'urgence d'avoir des objectifs politiques précis et une cohérence dans les actions pilotées par des structures politiques, techniques mais aussi sociales, comme la société civile et les organisations non gouvernementales, tissant ainsi des réseaux décentralisés. Ces structures, souples dans leur organisation et efficaces dans leurs actions, ont pour objectif des réalisations concrètes, loin des discours démobilisateurs s'inscrivant dans le cadre d'une libéralisation à vocation sociale. Ces actions seraient un signe fort de la volonté politique de l'instauration de l'économie de marché et, par là, de l'adhésion tant des citoyens que de la communauté nationale et internationale à l'esprit des réformes.
L'objectif essentiel est la démocratisation de la gestion de la rente, propriété de toute la collectivité nationale, de la dynamisation du secteur privé national et international. L'intégration de la sphère informelle marchande et productive, avec la généralisation des titres de propriété, est l'élément fondamental pour l'émergence de la bonne gouvernance et d'un Etat de droit en Algérie. Cette dernière draine avec des données officielles contradictoires, reflet de l'effritement du système d'information, entre 6000 et 10.000 milliards de dinars soit entre 33 et 45% de la masse monétaire en circulation et presque autant en termes d'occupation de la population active.
Comme le note avec pertinence l'expert de renommée mondiale le docteur Hernando de Soto dans une contribution au sein d'un ouvrage collectif sous ma direction (Dhar El Gharb 2004), Il faut intégrer toutes les procédures, y compris celles du droit coutumier, existant des codifications au sein de cette sphère informelle, car la plupart des pays du tiers-monde, ce sont des notables qui établissent des actes non reconnus, certes, par l'Etat mais qui ont valeur de transaction au sein de cette sphère informelle et on. peut émettre l'hypothèse que c'est l'Etat qui est en retard par rapport à la société qui enfante des règles qui lui permettent de fonctionner. Car, quand l'Etat intègre cette sphère au moyen d'actions concrètes sécurisantes, sans actions coercitives ou bureaucratiques, il commence à redonner confiance. C'est ce passage du droit spontané en l'adaptant, que l'efficacité de l'Etat lui-même se trouve renforcée, permettant une économie plus citoyenne puisque ces milliers d'entrepreneurs dans la sphère informelle seront redevables de l'impôt et sont concernés par le devenir de la société.
collaboration étroite
Cela est entretenu par la confusion de certains concepts assimilant faussement réformes à bradage du patrimoine national. Ainsi, selon les tenants de cette analyse, les réformes seraient dictées par les grandes compagnies mondiales, le FMI et la Banque mondiale, nous rappelant les temps de l'Inquisition contre ceux qui prônent l'économie de marché et l'instauration de la démocratie, alors que les réformes dépendent avant tout des algériens eux-mêmes, personne n'étant plus patriote qu'un autre. Le scénario 3 est la réussite du processus des réformes. Les conditions de la réussite des réformes en Algérie sont également contenues dans son environnement juridique, économique et politique.
La démystification culturelle est importante et doit continuer, les rumeurs dévastatrices au sein de l'opinion n'étant que la traduction de la faiblesse du système de communication, surtout en Algérie où la voie orale est prédominante.
Le monde entre 2022/2030 étant à l'aube d'un profond bouleversement géostratégique, où le culturel sera dominant ce XXIème siècle avec de nouveaux comportements, il y a lieu de combattre et de démystifier cette vision de sinistrose que certains veulent propager vis-à-vis de l'Algérie, dans des buts d'intérêts personnels étroits, en voulant perpétuer la crise..
Réconcilier les Algériens
Les objectifs stratégiques sont, le renforcement et la modernisation de l'Etat, la poursuite du développement économique, social et culturel à la mesure de nos ambitions nationales.
La Réconciliation nationale, c'est oeuvrer pour éteindre tous les feux allumés par ceux qui travaillent contre l'unité nationale, dans le dessein de déchirer les liens qui lient les Algériens entre eux et qui veulent les mener vers l'aventure; c'est réconcilier les Algériens avec leur histoire et leur culture millénaire, nourries à nos racines amazighes et à notre fond arabo- musulman; c'est bâtir un Etat fort, fondé sur la justice et le respect des droits humains; c'est réunir dans un même projet moderniste toutes les sensibilités qui ont en commun l'amour de la patrie et le souci de l'avenir de nos enfants afin de faire de l'Algérie un partenaire majeur sur la scène régionale et un pays écouté et respecté dans les arènes internationales où se décide le sort du monde. Et l'Algérie sans chauvinisme en a les potentialités devant rétablir surtout la Morale,tant des dirigeants que des citoyens, en un mot la vertu du travail créateur, loin des logiques rentières populistes dévastatrices. Forte de la mobilisation des acteurs internes favorables et par une solidarité sans faille, devant tenir compte des différentes sensibilités, l'unanimisme étant source de décadence, l'Algérie, qui en termes géostratégiques est un élément indispensable à la stabilité euro-méditerranéenne et africaine qui constitue son espace naturel, par une politique plus clairement affichée se traduisant par des actes, peut faire aboutir le processus des réformes inséparables d'une profonde démocratisation de la société algérienne.


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