L' l'Institut de prospective économique du monde méditerranéen(Ipemed) a organisé, cette semaine, son " Petit déjeuner de la Méditerranée " autour de deux problématiques majeures : " Quels financements innovants pour soutenir le développement économique des pays du Sud et de l'Est méditerranéen (PSEM) ' et " Les partenariats public-privé, une solution " ' Le professeur Camille Sari, économiste, spécialiste du Maghreb, a évoqué au cours de son intervention rapporté par un site méditerranéen spécialisé en économie de la région, les " énormes déficits budgétaires " enregistrés dans les pays du Maghreb. " Au Maroc, précisa-t-il, la caisse de compensation absorbe 5 milliards d'euros du budget marocain pour les produits de première nécessité, et je suis pour que cela soit maintenu' En Algérie, on finance des hausses de salaires énormes - de 80 %, dernièrement, pour les universitaires. En Tunisie, le chômage touche désormais 700 000 personnes " et des familles de plus en plus nombreuses cessent de payer leur facture d'électricité. " Ma crainte, a souligné Camille Sari, est que les 38 milliards de dollars de financements pour la Tunisie, l'Egypte et la Libye, annoncés au G8 de Deauville n'aillent aux dépenses de fonctionnement de l'Etat. a-t-il indiqué. " Avec une dépense publique de 400 milliards de dollars sur la période 2005-2015, comme aucun autre pays au monde, et pour seulement 36 millions d'habitants, l'Algérie devrait avoir une croissance à 10 %, et non pas seulement celle qu'on lui connaît, à 4,7 % " a-t-il fait remarquer. Le professeur Sari a déclaré en outre son intérêt pour " le renforcement de dispositifs type Coface, pour l'export mais aussi pour l'investissement " pour l'accompagnement des sociétés mixtes, qui assurent au moins des résultats de production et pour des financements de production de substitution aux importations. Mais, les pays du Maghreb importent énormément, dit-il, l'agroalimentaire " faute de pouvoir développer la réexportation " explique-t-il la problématique. Maître Eric Diamantis, avocat d'affaires et VP d'IPEMED, a rappelé d'abord, quant à lui, les énormes besoins de la région PSEM : 300 milliards d'euros d'investissements d'ici à 2030, selon les estimations de la BEI, et 50 millions d'emplois à créer d'ici à 2020. Il évoqua ainsi quelques pistes susceptibles de contribuer à relever cet immense défi. Parmi celles-ci : mobiliser l'épargne locale, qui est abondante, mais insuffisamment retenue sur place ; créer une Caisse des Dépôts en Tunisie, comme cela été fait au Maroc et se focaliser sur les investissements structurants, notamment au bénéfice des PME auxquelles les banques locales demandent trop de garanties. Il faut aussi, selon son analyse, renforcer la présence d'acteurs institutionnels assureurs ; mettre en place un Fonds de garantie régional, en accompagnant sa création par une indispensable coordination sur l'information financière des entreprises, aujourd'hui souvent défaillante et optimiser les procédures d'arbitrage, aujourd'hui trop onéreuses et dont l'exécution des décisions dépend du juge local'Se félicitant du fait que certains instruments ont été mis en place ces dernières années, en particulier le Fonds Inframed, maître Diamantis signala qu'actuellement l'UE, via la BEI, travaille à élaborer un instrument susceptible d'attirer l'épargne privée dans la région. " Une des premières tâches de la Commission, relève-t-il, devrait viser la coordination des instruments, fournir une assurance assez large du risque politique et systémique, et en partie pris en charge par la Commission elle-même ". Aujourd'hui, plus de trois cent traités de protection des investissements existent, a-t-il ajouté, entre le Nord et le Sud méditerranéens, et plus de cent dans l'espace Sud-Sud' Mais il y a un problème, selon lui. " Ces outils sont très complexes, et leur trop forte diversité juridique brouille la vision des investisseurs. C'est pourquoi il faut travailler à l'harmonisation de la protection des investissements dans la région " estime Eric Diamantis, avant de conclure : " Je milite pour un Traité régional de protection des investissements ", et d'annoncer qu'un autre outil européen est sur le point de d'aboutir : une garantie d'émissions obligataires pour le financements de projets. Au-delà du financement des PME, la question de la pertinence des PPP (partenariat public-privé) pour le financement des grands équipements structurants a été également évoquée. " Le cadre juridique clair du PPP ne suffit pas, il faut que les points annexes soient aussi pensés, par exemple l'imputation des actifs pour les banques participant au financement (') "En France le contrat de partenariat a pris des années pour se mettre en place " soutient l'expert en droit des affaires. Reste que si le PPP paraît à beaucoup d'acteurs européens l'outil idéal pour financer les grands projets d'infrastructures - une mission d'appui française a d'ailleurs commencé à établir des échanges avec des interlocuteurs marocains, algériens, tunisiens, libanais, ., et l'EPEC (Centre européen d'expertise en matière de PPP) créé par la BEI et la Commission de l'UE offre un soutien d'expertise aux pays du Sud - " le PPP n'a pas toujours bonne presse dans les pays du Sud, fait remarquer Radhi Meddeb, président d'IPEMED. C'est un problème de culture, car le PPP suppose une capacité de dialogue entre administrations et investisseurs, or les administrations ne sont pas suffisamment fortes à ce jour. "
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Posté Le : 21/11/2011
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Meziane Atmani
Source : www.lemaghrebdz.com