Algérie

«L'Algérie devrait accélérer la mise en œuvre du projet Galsi»



«L'Algérie devrait accélérer la mise en œuvre du projet Galsi»
- Gazprom vient de mettre en service son nouveau gazoduc North Stream, destiné à  alimenter l'Europe en gaz russe en passant directement par l'Allemagne. Quel sera, selon vous, l'impact d'un tel événement sur le marché européen du gaz '
North Stream est un projet qui a une capacité importante de transport de gaz. Sa capacité totale sera de 55 milliards de mètres cubes de gaz naturel par an. Elle n'est pas aujourd'hui opérationnelle. Une première ligne a été inaugurée, mais le projet prévoit deux conduites parallèles. Il faudra donc attendre la fin 2012 pour que la capacité de 55 milliards de mètres cubes par an soit complètement opérationnelle. C'est donc un volume de gaz assez important. Selon Gazprom, cela représenterait un peu moins du tiers de l'augmentation des volumes des importations européennes de gaz naturel entre 2008 et 2030. Ce sont évidemment des prévisions. Mais cela prouve à  quel point le projet est important sur le plan quantitatif et également sur un plan qualitatif, parce que c'est le premier gazoduc qui pourra relier la Russie directement à  l'Europe, en l'occurrence l'Allemagne, sans passer par l'Ukraine ou le Bélarus. Cela arrive aussi à  un moment où la situation économique dans l'Union européenne n'est pas très brillante. La croissance est très faible. Cela aura des répercussions sur la consommation d'énergie, y compris celle de gaz. Dans un climat qui n'est pas très en forme sur le plan économique, les gazoducs qui seront opérationnels le plus tôt prennent des parts de marché qui ne seront plus disponibles pour d'autres. On parle ici de situation de long terme. On ne peut pas dire que les perturbations dans la zone euro vont durer 30 ou 40 ans. Heureusement ! Mais il vaut mieux, dans cette situation-là, àªtre les premiers à  mettre sur pied ses projets. Et la Russie bénéficie d'un avantage avec le North Stream, qu'elle espère consolider avec le South Stream, qui n'est qu'un projet. Mais tout cela représente une intensification de la concurrence gazière sur le marché européen.
- Cela représente-t-il aussi, selon vous, un renforcement de la dépendance des Européens du gaz russe '
Oui, sans aucun doute. GDF-Suez (ex-Gaz de France) indique à  propos de l'inauguration du nouveau gazoduc russe que celui-ci renforce la sécurité de l'approvisionnement de l'Europe en gaz naturel. Au niveau du groupe français, on estime que c'est une nouvelle route d'acheminement. Ils ont raison : c'est une nouvelle route puisqu'il passe par un tracé différent des gazoducs russo-européens existants. C'est exact de dire que c'est une nouvelle route, mais ce n'est pas un nouveau pays fournisseur. C'est toujours la Russie, qui est déjà le premier fournisseur de l'Europe en gaz. Incontestablement, l'Allemagne et l'Union européenne ont fait le choix avec le North Stream d'une plus grande dépendance de l'approvisionnement en gaz russe. Et si le South Stream, qui n'est pas encore lancé, devait àªtre décidé d'ici les prochains mois ou les prochaines années, ce serait encore un élément supplémentaire en faveur de la Russie. Il est donc important, de mon point de vue, de comprendre que l'Union européenne dépend de la Russie, premier détenteur de réserves et premier producteur mondial de gaz naturel. Cela ne veut pas dire qu'il faille continuer à  dépendre d'une seule source d'approvisionnement, même si cela doit passer par plusieurs routes. C'est toujours du gaz et c'est toujours de Gazprom qu'il s'agit. Il serait souhaitable pour l'Union européenne de diversifier ses sources d'approvisionnement gazier.
- Cette montée en puissance de la Russie sur le marché européen ainsi que le rôle, de plus en plus actif, joué par le Qatar ne risquent-ils pas de grever encore les parts de l'Algérie, déjà en baisse sur son marché principal '
Il est clair qu'il y a une forte concurrence sur le marché gazier européen. La Russie est numéro un. L'Algérie est aussi un acteur important. La Norvège, les Pays-Bas, le Nigeria, d'autres pays, d'autres projets et d'autres de gaz naturel liquéfié vont s'ajouter à  la liste des acteurs du marché dans les années qui viennent. La concurrence sera plus forte pour tous les producteurs, y compris l'Algérie.
L'avantage pour l'Algérie est qu'elle est plus tournée vers le marché européen qui est son marché principal, tout comme la Russie, pour des raisons de proximité géographique évidente. L'Algérie est beaucoup plus intéressée par l'Europe du Sud. Mais il ne faut pas oublier qu'en plus du gazoduc North Stream qui lie la Russie à  l'Allemagne, il y a le projet South Stream qui rejoindrait la Bulgarie, et à  partir de là alimenterait l'Union européenne via l'Italie. Il est donc clair que la Russie et Gazprom ont des vues sur le marché du sud de l'Europe. A mon avis, l'Algérie devrait penser à  relancer le projet de gazoduc Galsi, qui a été retardé pour des raisons économiques. Il serait important que l'Algérie soit en ligne droite avec les besoins des importateurs européens, car la Russie et Gazprom souhaitent aller plus vers l'Europe du Sud.  

 


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