Algérie

L'Algérie dans le piège de la croissance molle


L'économie algérienne a progressé de 2,2% en 2017, contre 3,3% l'année précédente, en raison d'une baisse de la performance du secteur de l'énergie. Pour 2018, le pays table sur une croissance globale de 4% et s'attend à ce que le secteur des hydrocarbures croisse de 6,5%. Une projection trop optimiste ' Le taux de croissance de 4% se rapproche, en fait, d'une estimation de valeur formulée par la Banque africaine de développement (BAD).L'institution régionale a, en effet, établi des projections pour 2018 (3,5%) et 2019 (3,8%). Elle explique que ces chiffres annoncent un "retour de la croissance à un niveau comparable à ceux d'avant 2017 grâce, entre autres, aux efforts d'assainissement des dépenses publiques, au rééquilibrage des comptes extérieurs, à la poursuite de la reprise du secteur des hydrocarbures, ainsi qu'à la relance des investissements publics", après la mise en mouvement de la planche à billets, un mécanisme générateur de liquidités qui a permis, fin novembre 2017, d'imprimer près de 19 milliards de dollars. Mais quelles sont les activités qui vont en profiter ' La Banque centrale a révélé le montant de l'argent tout droit sorti du non-conventionnel.
Elle n'a, toutefois, pas dit quelles sont les activités économiques prioritaires qui devraient bénéficier de cette manne. La transparence n'est finalement pas entièrement assurée. Par ailleurs, ce que l'on sait déjà, c'est que le gouvernement se donne cinq ans, dans le cadre de la mise en ?uvre du financement non conventionnel, pour rétablir les équilibres de la trésorerie de l'Etat et de la balance des paiements. Et que plusieurs mesures, y compris la révision du système des subventions, seront mises en ?uvre en 2019.
Cette manière de procéder fait dire à bien des experts que le fait de ventiler les dépenses en fonction des activités permet de considérer le budget, de manière générale, en tant qu'instrument politique dans lequel la ventilation des dépenses reflète des priorités politiques précises. Et, dans ces conditions, une croissance soutenue et durable ne semble pas faire partie des priorités de l'heure. Le contexte est ainsi posé.
Il ne sert pas la croissance dont la mollesse constatée en 2017 risque de persister. Que de gâchis ! Cette croissance, déjà très fragile, ne profite, par ailleurs, pas à tous les secteurs. S'il est vrai qu'elle est revenue, après une baisse inquiétante due à un assèchement des finances, il est d'autant plus décevant que l'emploi, par exemple, n'en profite pas. Aux dires de beaucoup, l'économie algérienne a besoin de 4% de croissance soutenue sur une dizaine d'années pour pouvoir créer des emplois hors hydrocarbures et hors agriculture.
L'Algérie dépend encore et largement du pétrole et du gaz qui représentent 60% du budget et 95% des recettes d'exportation totales. Le pays, qui vise à diminuer ses dépenses après une chute des recettes énergétiques, a opéré, l'an dernier, un nouveau tour de vis dans ses importations, entraînant une réduction d'un milliard de dollars de leur valeur totale. Maigre moisson !
Youcef Salami
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