Algérie

L'Algérie dans la tourmente de la crise libyenne



L'Algérie dans la tourmente de la crise libyenne
Aux critiques et accusations dont l'Algérie est la cible pour ne pas s'être empressée de reconnaître le Conseil national de transition (CNT) libyen en tant qu'autorité provisoire légitime du pays, les officiels algériens font valoir qu'ils ont agi ainsi par strict respect de la constante sur laquelle se fonde la diplomatie algérienne, à savoir l'observance de la stricte neutralité et le refus d'inférer dans les affaires intérieures d'un pays tiers. Le même argument a servi d'explication donnée par ces autorités algériennes à l'attitude officielle jugée en retrait et timorée à l'occasion des évènements survenus en Tunisie, en Egypte et qui est aussi de mise sur ce qui se passe en Syrie. En apparence donc, la diplomatie algérienne s'en tient à une obligation de cohérence.
Les censeurs de la position officielle algérienne dans le cas libyen estiment, à tort ou à raison, que l'Algérie s'est déconsidérée car, au lieu de neutralité dont parlent les autorités, elle s'est fourvoyée dans une démarche diplomatique visant à sauver la mise au dictateur libyen et à son régime. Rien pour l'heure de tangible et démontré n'est venu confirmer que les autorités algériennes sont sorties de cette neutralité qu'elles disent avoir observé dans la crise libyenne.
Il n'en demeure pas moins vrai que les autorités algériennes ont fait montre d'une extrême méfiance à l'égard de la rébellion menée contre le régime de Muammar Kadhafi. La façon dont celle-ci a éclaté, les ingérences étrangères qui l'ont confortée puis ouvertement prise en charge et pratiquement encadrée et dirigée, ce qu'elle a donné à voir d'infiltration dans ses rangs d'éléments se revendiquant de la mouvance djihadiste islamiste, devenus les fers de lance de l'offensive engagée contre le clan Kadhafi et ses partisans, ne pouvaient que conforter leur méfiance vis-à-vis d'un Conseil national de transition vu comme sous influence, et de puissances étrangères dont les buts de guerre ne sont pas uniquement de débarrasser la Libye d'une dictature ubuesque liberticide, et de forces dont l'objectif inavoué est l'instauration d'un régime islamiste extrémiste. Partant de cette perception, le pouvoir algérien ne pouvait que refuser de se précipiter dans la reconnaissance du CNT.
Ce qui est en fait la hantise du pouvoir algérien dans le cas libyen, c'est que le scénario qui a mené à la chute de Kadhafi et de son régime ne devienne le précédent légitimant dont les puissances occidentales pourront se prévaloir pour créer des situations à l'identique en d'autres pays, dont l'Algérie.
Ce que le pouvoir algérien ne veut pas néanmoins admettre, c'est que pour préserver l'Algérie d'un scénario à la libyenne, il ne suffit pas que le pays manifeste son refus d'accorder sa caution aux menées étrangères ayant provoqué l'embrasement en Libye. Il faut qu'en Algérie, peuple et gouvernants soient en symbiose dans le refus d'une aventure à la libyenne dans le pays. Pour cela, c'est aux gouvernants à retrouver le chemin de l'établissement de cette osmose. Il n'y en a qu'un seul, celui qui passe par un changement profond, rapide et radical de la gouvernance et des hommes qui en ont présentement la charge.
Faute de quoi, le terrain intérieur algérien offrira tôt ou tard le prétexte à une intervention étrangère du type de celle qui a été menée contre le régime de Kadhafi.


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