En 2007, le cours des céréales sur les marchés mondiaux a atteint des niveaux critiques, menaçant des pays entiers de famine et de crise alimentaire. A la chambre de commerce de Chicago, référence pour le commerce mondial des graines, le cours du blé passe de 200 dollars (126 euros) à 400 dollars (252 euros) la tonne, entre mai et septembre. Même scénario à Paris où le blé meunier atteint un sommet au début du mois de septembre : 300 euros la tonne. A la mi-mars 2008, lorsque les Etats-Unis ont quasiment épuisé leurs capacités d'exportation, les prix montent encore. Le boisseau (27 kilos) dépasse le niveau symbolique des 13 dollars, un record historique. En un an, le blé a augmenté de 130 % sur le marché à terme, américain. La facture alimentaire en Algérie est très salée. Près de huit milliards de dollars en 2008 sont déboursés pour satisfaire des besoins importés alors que la glèbe algérienne peut les produire. Toutes les politiques de réforme agraire menées depuis l'indépendance n'ont pas permis d'atteindre les objectifs assignés, à savoir l'autosuffisance et l'exportation. Les céréales, notamment le blé avec ses deux variétés, dure et tendre, ainsi que l'orge constituent, en Algérie, une culture alimentaire irremplaçable. Selon différentes études, la superficie réservée à la céréaliculture en Algérie est, aujourd'hui, de 3,3 millions d'hectares. Si on se réfère aux chiffres de 1929, on constate que cette superficie n'a pas évolué. 40% de cette surface sont destinés à la production du blé dur, soit 1,3 million d'hectares et 40% destinés à la production de l'orge, soit 1,35 million d'hectares et les 20% restants sont réservés à la production du blé tendre laquelle reste généralement faible. La production nationale de céréales reste en-deçà des besoins alimentaires et économiques ce qui contraint le pays à combler le déficit par une forte importation de céréales. La sécurité alimentaire de l'Algérie dépend donc du marché mondial et de ses fluctuations spéculatives qui frôlent des records jamais égalés. Le commerce mondial du blé représente entre 18 et 20% de la production mondiale des céréales contre 3 à 4% du commerce du riz (Hachette Multimédia, 2001). Après la Seconde Guerre mondiale, le marché du blé était dominé essentiellement par les Américains et les Canadiens, formant ainsi un duopole qui intervenait en tant qu'offreur résiduel pour assurer une certaine stabilité des prix sur le marché du blé. L'Algérie est condamnée à assurer sa sécurité alimentaire.Depuis 1973, le duopole américano-canadien s'effondre et les prix s'envolent. En effet, les Américains considèrent qu'il était temps de tirer profit d'un système dont ils ont, avec le Canada, supporté la totalité des coûts. Conséquence directe de cet effondrement : l'entrée sur le marché de nouveaux concurrents attirés par des prix élevés, à savoir l'Union européenne et l'Australie qui viennent s'ajouter aux exportateurs traditionnels (USA, Canada, Argentine). Ces cinq entités forment, depuis, un oligopole qui représente pratiquement 75% de l'offre mondiale d'exportation du blé (USA et Canada assurant, à eux seuls, 57%).L'enjeu ne réside pas seulement dans cette dépendance alimentaire mais aussi dans la nette augmentation de pays importateurs de céréales, ce qui constitue, selon le Conseil international des céréales, une forte pression sur la capacité de production des pays exportateurs, donc sur les prix qui flambent d'année en année. Toujours selon le CIC, le groupe constitué de la Chine, du Japon et de la Corée du Sud concentre 30% des importations mondiales en volume (sur la période 2000-2005). Il est principalement approvisionné par les Etats-Unis, le Canada et l'Australie. L'Afrique draine, quant à elle, un cinquième (1/5) des échanges mondiaux, dont plus de la moitié (64%) est destinée aux pays d'Afrique du Nord (Algérie, Maroc, Tunisie) et l'Egypte. Les fournisseurs de ce continent sont essentiellement l'Union européenne et les Etats-Unis. L'Amérique du Sud - surtout le Brésil - et le Proche-Orient représentent chacun un dixième (1/10) du marché. Leurs fournisseurs respectifs sont l'Argentine d'une part, les Etats-Unis et l'Australie d'autre part. La demande mondiale de blé comprend, néanmoins, quelques protagonistes importants dont la présence ou l'absence au marché modifie profondément la physionomie de celui-ci d'une année sur l'autre. Les acheteurs mondiaux de blé sont très nombreux avec une très forte proportion de pays en voie de développement. Selon la banque mondiale, ils réalisent près de deux tiers des importations mondiales.Ces données constituent une menace sur la sécurité alimentaire mondiale, notamment pour les pays du Sud, importateurs de céréales. Les différents rapports de perspective alimentaire publiés par la FAO qualifient la situation des stocks de blé de préoccupante. La demande soutenue, associée à une augmentation insuffisante de la production, en particulier parmi les principaux pays exportateurs qui sont, aussi, certains des plus gros détenteurs de stocks, devrait entraîner un prélèvement très important dans les stocks mondiaux.Les réserves totales de blé à la clôture des campagnes agricoles de 2008 s'établiraient, selon les prévisions actuelles de la FAO, à 147,5 millions de tonnes, ce qui correspond toujours à une baisse par rapport aux années précédentes.
Qu'en est-il en Algérie '
Les principales zones de production des céréales en Algérie sont :
-La zone semi-aride des pleines telliennes dont la pluviométrie est comprise entre 350 et 500 mm mais avec une distribution irrégulière (Constantine, Bouira, Médéa, Tlemcen, Mila, Souk Ahras, Aïn Defla, Chlef, Aïn Témouchent, Relizane, Sidi Bel-Abbès) ;
-La zone sub-aride des Hauts-Plateaux, caractérisée par une faible pluviométrie (200-350 mm) et un système à prédominance agro-pastorale avec des altitudes supérieures à 1 000m (Tissemsilt, Tiaret, Sétif, Saïda, Oum El-Bouaghi, Bordj Bou-Arréridj) ;
-La zone humide et sub-humide des régions littorales et sub-littorales au centre-est du pays (Tipasa, Skikda, Guelma, El Tarf, Béjaïa, Tizi Ouzou, Annaba), dont la pluviométrie est supérieure à 600 mm et, relativement, bien distribuée.
-La région du Sud avec les périmètres irrigués (10 000 ha) et les cultures oasiennes (35 000 ha).
La production nationale qui évolue en dents de scie depuis l'indépendance, connaît ces dernières années des niveaux quantitatifs prometteurs mais reste insuffisante au vu des besoins nationaux croissants, des prix du marché international et de la baisse de la production et des stocks au niveau mondial. Pour ces raisons, l'Algérie doit adopter en urgence une stratégie à la hauteur des défis et des enjeux pour garantir sa sécurité alimentaire et, pourquoi pas ' Devenir un pays exportateur.
Pour y parvenir, ce ne sont pas les espaces arables qui manquent aussi bien dans les Hauts-Plateaux que dans le Sud. Ce qui fait défaut ce sont les techniques agricoles modernes pour optimiser la production, la structuration des différentes filières agricoles, l'implication du secteur industriel pour développer et inventer des moyens industriels qui répondent aux besoins de la céréaliculture et aux différentes régions ainsi qu'aux techniques modernes d'irrigation dans les zones à faible pluviométrie. Quant à l'université, elle est appelée à s'impliquer dans cette stratégie à travers un ambitieux et audacieux programme de recherche scientifique portant sur les différentes variétés de blé, pour en adapter les semences aux différents types de sol et de climat. Cette stratégie consiste à se libérer des aléas climatiques invoqués à chaque fois que la production baisse.
A. G.
Apport nutritionnel des céréales
Les glucides
Les céréales contiennent 65% à 75% d'amidon, glucide complexe qui devrait constituer notre principale source d'énergie. De plus, l'amidon des céréales est, de loin, supérieur à celui de la pomme de terre, par exemple, lequel, plus rapidement métabolisé en glucose, fournit une énergie de plus courte durée.
Les protéines
Les céréales contiennent 8 % à 17% de protéines contre 20% à 25% pour la viande ou les légumineuses .Cependant, elles deviennent la principale source de protéines pour ceux qui donnent aux céréales la place qu'elles devraient occuper dans leur alimentation. Les protéines des céréales contiennent tous les acides aminés nécessaires à notre organisme mais dans des proportions qui ne correspondent pas exactement à nos
besoins : elles sont, pour la plupart, insuffisamment pourvues en lysine et en méthionine. En associant judicieusement céréales et légumineuses, comme l'ont toujours pratiqué de nombreux peuples, on obtient des protéines équilibrées, d'une composition comparable à celle des aliments d'origine animale.
Les minéraux
Les céréales constituent une des meilleures sources de minéraux dont ils représentent 1,5% à 2%. Elles sont particulièrement riches en phosphore, magnésium et fer.
Les vitamines
On parle souvent des vitamines A et C et de la vitamine E mais on oublie que les vitamines du groupe B sont, aussi, essentielles pour notre organisme car elles favorisent l'utilisation des nutriments. La plupart des vitamines B sont présentes dans les céréales. Quant à la vitamine E, elle est présente dans le germe de blé et les céréales complètes alors que la vitamine C, absente des grains secs, est synthétisée en grande quantité lors de la germination.
Les fibres
Les céréales sont, avec les légumineuses, les aliments les plus riches en fibres. L'action des fibres dans la régulation du transit intestinal n'est plus à démontrer. De plus, elles ont bien d'autres effets positifs sur l'organisme : contribution à l'équilibre de la flore intestinale, effet régulateur sur la glycémie...
Le blé :
le plus équilibré des céréales
Le blé complet est riche en vitamines A, B1, B6, E, K, D et PP ainsi qu'en sels minéraux : calcium, magnésium, potassium, chlore, soufre, fluor, manganèse, zinc, silicium, cobalt et cuivre
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Posté Le : 29/07/2012
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Abdelkrim Ghezali
Source : www.latribune-online.com