Algérie

L'Algérie concernée



Après le premier rapport Groundswell de la Banque mondiale, publié il y a trois ans, qui prédisait que le changement climatique pourrait conduire 143 millions de personnes dans trois régions du monde (Asie du Sud, Amérique latine et Afrique subsaharienne) à migrer à l'intérieur de leur pays d'ici 2050, la mise à jour du rapport inclut désormais de nouvelles parties du monde pour porter les candidats à la migration interne à 216 millions. Ainsi, l'Asie de l'Est et le Pacifique, l'Europe de l'Est et l'Asie centrale, et l'Afrique du Nord risquent d'être le théâtre d'un exode massif pour cause de changement climatique.Des «points chauds» de migration climatique apparaîtront dès la prochaine décennie et s'intensifieront d'ici 2050, les gens se mettront à quitter des endroits qui ne peuvent plus leur assurer de moyens d'existence, des régions où la probabilité de catastrophes naturelles est importante, et se dirigeront vers des zones qui offrent des opportunités. Tel est le verdict de la deuxième partie du rapport Groundswell, publiée il y a quelques jours par la Banque mondiale, qui a passé en revue les impacts du changement climatique à évolution lente tels que la pénurie d'eau, la baisse de la productivité des cultures et l'élévation du niveau de la mer. Des raisons qui pourraient conduire des millions de personnes, celles que les spécialistes appellent «migrants climatiques», à chercher des terres d'accueil plus clémentes dans leur pays d'ici 2050. Des zones d'accueil qui sont souvent mal préparées pour accueillir des migrants climatiques internes supplémentaires et leur fournir des services de base ou utiliser leurs compétences.
Les résultats de l'étude conclue par ce rapport «réaffirment la puissance du climat pour entraîner la migration au sein des pays», a déclaré Viviane Wei Chen Clement, spécialiste principale du changement climatique à la Banque mondiale et l'une des rédactrices du rapport. Dans le scénario le plus optimiste, c'est-à-dire dans le cas où est pris en charge avec des actes concrets le souci du «respect du climat», avec un faible niveau d'émissions de gaz et un développement inclusif et durable, le monde pourrait ne voir ''que'' 44 millions de personnes contraintes de quitter leur foyer. En revanche, selon le scénario opposé, soit le plus pessimiste, c'est-à-dire avec un niveau d'émissions de gaz à effet de serre élevé et un développement inégal, le rapport prédit jusqu'à 216 millions de personnes qui seront contraintes de se déplacer dans leur propre pays dans les six régions analysées, l'Amérique latine, l'Afrique du Nord, l'Afrique subsaharienne, l'Europe de l'Est et l'Asie centrale, l'Asie du Sud et l'Asie de l'Est et Pacifique. Dans la première édition du rapport en 2018, le panel d'experts de la Banque mondiale estimait à 143 millions de personnes qui allaient être forcées à quitter leur région à cause du réchauffement climatique.
« Nous venons de vivre la décennie la plus chaude jamais enregistrée et nous assistons à des phénomènes météorologiques extrêmes dans le monde», a commenté Juergen Voegele, vice-président du développement durable à la Banque mondiale, pour alerter sur l'accélération des phénomènes climatiques auxquels n'échappe pas l'Afrique du Nord qui, si l'on prend en compte le taux de la population concernée, sera une des régions les plus touchées. En effet, 9% de sa population, soit 19 millions de personnes, risque de devoir migrer pour survivre dans les trente prochaines années. Ceci en raison de la rareté extrême de l'eau, des effets de l'élévation du niveau de la mer sur des zones côtières densément peuplées et dans le delta du Nil. Pour les autres régions étudiées, les projections établissent que l'Afrique subsaharienne pourrait connaître jusqu'à 86 millions de migrants climatiques internes, ils atteindraient 49 millions en Asie de l'Est et Pacifique, 40 millions en Asie du Sud, 17 millions en Amérique latine, 5 millions en Europe de l'Est et en Asie centrale.
En Afrique du Nord, donc, les perturbations de la disponibilité de l'eau seront probablement le principal moteur des migrations climatiques internes, résume le rapport dans lequel il est dit que ces perturbations de la disponibilité de l'eau «chasseront les populations des régions côtières et intérieures où les pénuries d'eau s'aggravent, ralentissant la croissance démographique dans les foyers d'émigration le long de la côte nord-est de la Tunisie, de la côte nord-ouest de l'Algérie, dans l'ouest et le sud du Maroc ainsi que sur les contreforts de l'Atlas central qui subissent déjà le stress hydrique. En Egypte, les parties est et ouest du delta du Nil, Alexandrie comprise, pourraient aussi devenir des foyers d'émigration climatique en raison à la fois de l'indisponibilité croissante de l'eau et de l'élévation du niveau de la mer». Parallèlement, expliquent les experts de la Banque mondiale, plusieurs autres lieux où l'eau est plus abondante devraient devenir des foyers d'immigration climatique, notamment des centres urbains importants comme Le Caire, Alger, Tunis, Tripoli, le corridor Casablanca-Rabat et Tanger.
Comment remédier à la situation ' Selon le rapport, il est essentiel d'agir rapidement et de manière concertée pour abaisser les émissions mondiales de gaz à effet de serre et assurer un développement inclusif et résilient, ce qui contribuerait à limiter l'ampleur des migrations climatiques internes de 80%. Agir vite parce que, en fait, les pays concernés risquent de voir apparaître des foyers de migration climatique dès 2030, un phénomène qui continuera ensuite à s'intensifier et à s'étendre.
Azedine Maktour


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