Publié le 13.06.2024 dans le Quotidien l’Expression
Souvenons-nous de l'Italie qui, pour se reconstruire et forger son unité nationale au milieu du XIXe siècle, s'est inventé un slogan, «Italia fara dasé»: l'Italie se fera par elle-même, et de l'Allemagne qui, pour renforcer le sentiment national et l'esprit patriotique, a adopté un hymne intitulé «Deutschland Uber Alles»: l'Allemagne par-dessus tout, dont les paroles étaient composées à la même période.
Je me réfère à ces pays qui, en comptant avant tout sur leurs propres peuples, ont traversé bien des épreuves et sont devenus les grandes nations que nous connaissons aujourd'hui, en vue de s'en inspirer pour renforcer la gouvernance de notre pays car les bouleversements de l'ordre politique et économique mondial requièrent la consolidation de ce système de gouvernance afin de faire face, par nous-mêmes, aux nouveaux défis et enjeux générés par ces bouleversements.
Le système national de gouvernance, c'est-à-dire les institutions et les hommes qui le composent, a fait faire au pays des progrès notables, notamment sur le plan économique et social mais, pour anticiper les transformations de l'environnement à l'oeuvre dans le monde, le système de gouvernance nécessite une modernisation significative, actuellement engagée avec la numérisation des institutions et la formation des personnels dans tous les domaines.
L'urgence est de passer en revue les différents secteurs d'activité pour les mettre à niveau afin de soutenir la compétition dans une économie appelée à s'ouvrir de plus en plus à l'international.
Cela étant, la question qui se pose est: dans quel sens et à quel rythme se fera cette évolution? Si le statu quo est considéré comme un problème, l'évolution progressive et encadrée vers l'autonomisation progressive des acteurs économiques en est la solution.
Pour conduire cette évolution, il faut compter sur nous-mêmes car les pays développés ne sont motivés que par leurs intérêts nationaux immédiats et se soucient peu du développement à moyen et à long terme des pays où ils interviennent. Ils ne sont motivés que par la rentabilité financière immédiate de leurs investissements, et ils n'opèrent pas de véritables transferts de technologie pour éviter toute nouvelle concurrence à l'avenir.
Le développement d'un pays ne peut donc être assuré durablement que par ses citoyens. Il faudra, par conséquent, que les ressources du pays soient exploitées par les moyens nationaux, en payant, au besoin, l'expertise étrangère tout en évitant d'en faire des copropriétaires.
Il faudra préserver notre espace géographique et nos atouts économiques que sont les ressources minières et énergétiques, dont le gaz de schiste, et le potentiel solaire ainsi que les secteurs stratégiques de l'économie car le capitalisme étranger vise essentiellement à pomper les ressources du pays, sans véritablement contribuer à son développement et à la prospérité de notre peuple.
Dans le contexte actuel de conflits dans le monde, avec un impact sur le développement et la stabilité de notre pays, il y a lieu également de réévaluer nos alliances, et ce en fonction des seuls intérêts nationaux, politiques, économiques et sécuritaires, en veillant à réduire toute dépendance par la diversification.
Les principes de non-alignement, de non-ingérence, de non-intervention à l'extérieur de nos frontières, de résolution pacifique des conflits, de solidarité avec les peuples opprimés doivent continuer à guider notre diplomatie et notre défense nationale, tout en restant vigilant vis-à-vis des menaces potentielles et se préparer à y faire face
Gouverner, c'est prévoir.
Le système national de gouvernance doit naturellement s'appuyer sur des compétences dans les administrations centrales et locales. Ces administrations gagneraient à se moderniser, ce qui exige que toute structure dont le coût de revient est plus élevé que la valeur de ses résultats doit être réaménagée selon des critères de rentabilité, financière, économique ou sociale, en fonction de la nature de l'activité.
Plus largement encore, la participation citoyenne dans le système national de gouvernance, l'obligation de reddition des comptes, les audits et les contrôles a posteriori comme méthodes de bonne gouvernance rendront l'Etat plus fort et plus dissuasif face à l'adversité.
*expert international
Mohand Amokrane Cherifi
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Posté Le : 14/06/2024
Posté par : rachids