Le sommet du Forum
des pays exportateurs de gaz (FPEG) organisé à Doha n'a pas dérogé à un
discours conventionnel : échange d'informations entre producteurs et appel à la
préservation des contrats à long terme. Qu'en est-il de la situation de
l'Algérie dans l'échiquier gazier ? Décryptage
Le sommet de Doha
a été résolument une prise de contact diplomatique. Peu de présents de haut
niveau et des professions de foi qui redisent presque la même chose que les
rencontres précédentes. Les enjeux semblaient consister à discuter plus
étroitement en cercle restreint de producteurs-fournisseur
et de clients consommateurs. Il existe beaucoup de gaz sur un marché dont les
capacités d'absorption sont réduites, du fait notamment de la crise budgétaire
dans les pays d'Europe du Sud. L'objectif du sommet était effectivement de
donner plus la visibilité au Forum. Les échanges lors de la réunion des
ministres de l'Energie des pays membres, tenue la veille du sommet, ont porté
sur la situation du marché international du gaz, ses perspectives et sur les
prix du gaz. Le communiqué informait bien que la réunion se destinait à
«coordonner les efforts des pays producteurs pour promouvoir l'industrie
gazière mondiale, échanger les expertises et assurer la sécurité des
approvisionnements» en gaz. Le contexte politique du sommet est marqué par le
double sceau des révolutions arabes et d'une crise budgétaire européenne qui
promet une récession certaine. L'isolement de l'Iran et "l'insolence"
de Qatar se conjuguent au contexte général qui aiguise la concurrence et qui
rend le marché du gaz plus frileux que jamais.
CONTRATS A LONG
TERME ET INDEXATION SUR LE PRIX DU PETROLE
Le gaz a beau être
une matière première stratégique, les pays producteurs continuent encore à
chercher des solutions pour garantir leurs parts de marché face à autres
ressources comme les gaz non conventionnels, le charbon ou encore les énergies
renouvelables (éolien et solaire particulièrement). Les participants à ce
sommet se sont donc limités à un accord sur la nécessité de conjuguer leurs
efforts «pour promouvoir l'industrie gazière mondiale et établir un mécanisme
pour des prix équilibrés du gaz indexés sur les prix du pétrole». La formule
est ancienne. Presque autant que celle qui considère que les contrats à long
terme dans le commerce du gaz, contribuent à un partage équitable des risques
entre pays producteurs-exportateurs et pays
consommateurs. Les experts algériens recommandent la prudence en la matière. Les
réserves de l'Algérie sont loin d'égaler celles de la Russie, de l'Iran ou de
Qatar, surtout que ce dernier s'est doté d'une industrie gazière très
performante qui lui donne les moyens de s'attaquer à des marchés qui sont
traditionnellement plus favorables à l'Algérie. De même que ses relations
privilégiées avec les banques, qui sont actuellement de gros traders, lui donnent des avantages plus que certains.
MANŒUVRES REDUITES
POUR L'ALGERIE
L'Algérie joue sur
un mouchoir de poche: tenter le moyen terme pour disposer de plus de
flexibilité sur les prix, entretenir des rapports "cordiaux" avec les
concurrents pour faire du swap et mieux gérer des réserves qui doivent être
plus destinées à alimenter un marché intérieur dont les besoins à l'horizon 2025
sont estimés à près de 50 milliards de m3. Pour plus d'optimisme, il faut
rajouter les chances de découvrir de nouveaux gisements et la volonté de se
doter de technologies pour le traitement des gaz non conventionnels. Sur un
plan plus réaliste, les Algériens préfèrent viser les pays du Maghreb et un
rapprochement avec les Russes avec lesquels des arrangements sont plus évidents
autant sur l'approvisionnement de l'Europe que sur la tenue à distance du gros
concurrent qatari. La plus-value la plus haute se faisant surtout en aval, Sonatrach a toujours montré la volonté de pénétrer le
marché européen, en jouant un rôle clé en aval. La traduction dans les faits
est plutôt mitigée. L'investissement par Sonatrach en
Espagne et au Portugal dans des centrales électriques et en Italie à travers sa
filiale Sonatrach Gas Italia SPA en Italie, n'a pas encore donné les résultats
escomptés. Ralentie par les lourdeurs bureaucratiques et par un environnement
pourri par les affaires, la présence à l'international mérite d'être plus
dynamique.
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Posté Le : 22/11/2011
Posté par : sofiane
Ecrit par : Said Benmerad
Source : www.lequotidien-oran.com