Algérie

L'Algérie au coeur de la bataille



Partie prenante de l'Opep , pour en avoir été l'un des initiateurs, l'Algérie assume totalement la décision prise, hier, dont la finalité est le maintien du prix du pétrole à son niveau actuel. Cette décision qui s'apparente à un échec occidental patent dans la guerre économique que l'Union européenne et les Etats-Unis mènent à la Russie, confirme le basculement du monde dans une ère multipolaire où les interdépendances des Etats les mettent parfois sur une même ligne, mais aussi dans des postures divergentes, selon les intérêts des uns et des autres. Ainsi l'Arabie saoudite et les Emirats arabes unis qui ont acheté du matériel militaire pour plusieurs milliards de dollars aux Etats-Unis, lui tournent le dos sur un sujet aussi crucial qui, forcément mettra les USA et leurs alliés occidentaux dans une situation très difficile au point de risquer la récession.Dans cette nouvelle configuration des équilibres des forces en présence où il n'existe désormais plus un seul maître du monde, l'Algérie se réserve le droit de l'équidistance entre les pôles dominants du moment. Sa posture ne participe pas d'une neutralité négative, mais bien au contraire. L'offensive qu'elle mène au plan économique en direction de l'Europe occidentale pour tirer profit du déséquilibre dans l'approvisionnement de l'Europe en énergie, jusqu'à proposer d'alimenter le Vieux Continent directement en électricité ne contredit pas son attachement à maintenir un maximum de cohésion au sein de l'Opep et éviter un effondrement des prix des hydrocarbures. Sur les deux fronts, la bataille a le même objectif, celui de se donner toutes les chances de ne pas subir les conséquences négatives de la donne géopolitique induite par la guerre en Ukraine.
L'Algérie se positionne dans cette nouvelle conception du monde en tant que nation non alignée. Mais ce genre de politique met-elle à l'abri d'un «mouvement d'humeur de l'un ou l'autre camp»' Cette interrogation est d'autant plus légitime que le face- à- face Occident-Russie, mais aussi USA-Chine, dont le risque d'escalade est réel, annoncent une assez longue période de transition où les puissances intermédiaires tentent de trouver des postures à même de leur faire éviter l'impact d'un conflit économique mondial imminent, avec les conséquences que l'on peut deviner en matière d'investissement de délocalisation, de colocalisation et autre risque sur l'OMC elle-même.
L'Algérie qui assume des relations étroites et historiques avec la Chine et la Russie, dispose également des arguments-massues pour convaincre les Occidentaux de ne pas la mettre sur liste rouge. D'abord, parce qu'à aucun moment, il n'a été question de défendre des intérêts autres que les siens, ensuite en raison de son poids diplomatique qui, à de multiples occasions, a montré une efficacité certaine dans la gestion de conflits politiques et économiques. En d'autres termes, dans cette phase de transition entre un monde finissant et un autre émergeant, l'Algérie a en mains les cartes gagnantes susceptibles d'en faire une puissance intermédiaire et émergeante, incontournable dans le cadre d'un nouvel ordre multipolaire où l'on s'attend forcément à des grincements que seuls une nation ou un groupe de nations peuvent atténuer grâce à leur positionnement idéal à équidistance des différents protagonistes du nouvel ordre mondial.
Il est entendu que les récents développements sur la scène énergétique et géopolitique ne sont pas de nature à stabiliser durablement la situation du monde, mais il est néanmoins certain que le point de non - retour vers une autre réalité politique mondiale est dépassé. Il reste à l'Algérie de savoir en tirer le meilleur.


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