Algérie - Revue de Presse

L'Algérie a revu sa copie et va la transmettre à la Ligue arabe: Nouvelle liste de produits dans l'étau



Recalée par la Ligue arabe pour des raisons de procédure au sujet de sa liste «négative» de produits exclus des avantages liés à la Zone arabe de libre-échange, l'Algérie, par le biais de ses services du ministère du Commerce, s'est remise à l'ouvrage.

Une nouvelle liste de produits ne devant pas bénéficier des avantages à l'importation dans le cadre de la Zale sera transmise par les autorités algériennes à la Ligue arabe. Redouane Allili, conseiller auprès du ministère du Commerce pour les questions de coopération, a indiqué à l'APS que la nouvelle liste, «élaborée par la Commission d'évaluation des accords de libre-échange selon les critères de la Ligue arabe, contient pratiquement les mêmes produits de la dernière liste, soit plus de 1.600 produits». Cette liste a été élaborée par la Commission d'évaluation des accords de libre-échange qui regroupe au niveau de la Chambre algérienne de commerce et de l'industrie (CACI) des représentants des ministères et des opérateurs. La liste a été élaborée «selon les critères de la Ligue arabe, en s'appuyant sur des arguments avancés par les opérateurs des différents secteurs concernés», a-t-il indiqué. Le Conseil économique et social (CES) de la Ligue arabe avait rejeté, au cours de sa 86ème session tenue au Caire en septembre 2010, la liste négative algérienne au motif qu'elle a été «élaborée de façon unilatérale» et a demandé sa révision. A la suite de cette session où la liste avait été pourtant rejetée, le ministre algérien du Commerce, Mustapha Benbada, avait affirmé qu'elle a été «positive» et qu'elle avait permis d'apporter des «solutions» à la liste «négative». Une communication minimaliste comme s'il s'agissait de masquer le fait que la liste avait été rejetée. Introduite par l'Algérie sans passer par le Conseil économique et social de la Ligue arabe, la liste «négative» a touché des produits importés d'Egypte, du Maroc, de Tunisie, d'Arabie saoudite, Libye, Syrie, Liban...

Plaintes égyptiennes

Les mesures prises ont réduit le nombre des produits concernés par les exonérations de taxes douanières de 98,13% en 2009 à 51,72% en 2010. La procédure - que l'Algérie semble décidée à respecter cette fois - consiste à transmettre au Conseil économique et social la liste des produits concernés. Les questions de forme ne sont jamais secondaires même si, sur le fond, les accords de la Zale permettent aux Etats signataires de prendre des mesures pour protéger des industries émergentes et des secteurs jugés sensibles. La liste des produits (1644) exclus du bénéfice des préférences tarifaires accordées dans le cadre de la Grande Zone Arabe de libre-échange (Zale), établie par la Chambre algérienne du commerce et de l'industrie (CACI) avec la collaboration des opérateurs, a eu un fort impact sur le niveau des importations et avait suscité des critiques ouvertes de la part des Egyptiens. La presse égyptienne - et aussi tunisienne - s'étaient faites l'écho des plaintes d'opérateurs au sujet des entraves imposées par l'Algérie. En juillet dernier, le comité d'exécution et de suivi de la Zale au niveau de la ligue avait, sur saisine de l'Egypte, demandé à l'Algérie de renoncer à la «liste négative». La presse égyptienne, qui en avait fait état, affirme que plus de 1200 produits égyptiens sont touchés par les mesures algériennes et sont soumis à des taxes qui atteignent jusqu'à 55%. En établissant une nouvelle liste, «pratiquement la même» de celle qui a été rejetée par le CES, l'Algérie continue, en y mettant la forme, de faire valoir les droits qui lui sont reconnus par la Zale. Une liste négative n'est pas une interdiction d'importer. Les produits listés peuvent en effet continuer à être importés mais ils ne bénéficient pas des exonérations douanières prévues par la Zale. La liste négative en vigueur en 2010 comporte 1644 produits sur une nomenclature douanière de 6000 produits, soit un peu plus de 27%. Elle a été reconduite pour 2011. Ce sont des produits que l'Algérie entend exclure des avantages liés à la Zale pendant trois à quatre ans afin de protéger certaines filières de l'industrie agroalimentaire, des produits agricoles, de textile, papier et carton et l'électroménager. La première année de l'adhésion à la Zale de l'Algérie (2009) a été marquée par une augmentation sensible des importations de la zone arabe qui sont passées de 511 millions de dollars à 1,6 milliard de dollars (+46,6%).

Produits asiatiques, drapeaux arabes

Les opérateurs privés algériens, très critiques à l'égard de la Zale, ont trouvé dans ces chiffres la preuve que leur alarmisme n'était pas surfait. L'Algérie cherche surtout à trouver le moyen d'éviter que des produits venant d'Asie ne pénètrent sur le marché sous une bannière arabe. Elle propose que le certificat d'origine du produit exporté vers les pays de la Zale soit délivré par une même instance dans tous les pays arabes. Elle souhaite également que le taux d'intégration des produits échangés dans cette zone devrait se rapprocher, au minimum, de 70% de la valeur ajoutée afin de protéger certaines industries nationales susceptibles d'être menacées par cet accord. Sur cet aspect, une nette coupure existe entre les pays d'Afrique du Nord, Egypte comprise, qui veulent ce taux de 70% et les pays du Golfe qui veulent s'en tenir au taux de 40%. Les importations de l'Algérie des pays de la Zale ont été de 1,66 milliard de dollars en 2010, contre 1,62 milliard de dollars en 2009, en hausse de 2,6%. Mais l'effet de la liste négative a été massif puisque les produits importés bénéficiant des avantages de la Zale ont baissé de plus de 44,6% en 2010 (de 1,6 milliard de dollars en 2009 à 886,9 millions de dollars en 2010). Les produits importés soumis aux avantages de l'accord qui représentaient 98,59% en 2009 n'étaient plus qu'à 53,3% en 2010 du total des importations algériennes de la région.


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