Algérie

L'Alger boudeur Sacré - sucré - salé



Même le soleil, bien blafard, se lève en se dégageant lourdement de l'horizon bleuté de Aïn Taya vu du côté de Kettani. Premières images embuées d'humidité. Odeurs âcres. Couleurs fades. Rythmes brinquebalants. Regards torves. Presque zieuteurs. Les langues sont collantes. Les lèvres déjà commissurées. ça sonne à peine neuf heures du matin. La capitale se tire de son lit « courbateur ». Pas après des nuits animées mais seulement par habitude, par perte de repères. Alger cosmopolite ne sait plus vivre. Le réveil est somnolent jusqu'aux environs de midi. Peut-on demander (exiger) ou même reprocher à une capitale de se dégourdir, de s'épanouir, voire ressusciter après tant d'années « sanglée » dans le linceul ' Alger a été perfusée. Et ce n'est pas sur un simple arrêté communal ou un décret qu'Alger affichera ses fragrances. Jamais une capitale n'a subi en 50 ans autant de projets - poussière et autres éventrations et opérations de « trottoirage » ! La monotonie a bousculé la bonhomie des âmes conditionnées aux grincements mitrailleurs des rideaux qui se baissent entre 17 heures et 19 heures, même en été, conséquence de la culture du « cerveau unique » et d'un socialisme rentier qui ont rabotisé les mouvements vitaux d'une ville, pourtant, posée sur une baie que bercent mer et collines s'offrant et s'invitant pour le nirvana. Aucune simulation ou dopage ne stimuleront le défoulement d'un« claquemurage » fait de boulot - dodo et métro en sus. Alger et ses corps rurbanisés ! Non ' Alger n'est plus « nocturiante ». Et les nuits léthargiques s'allongent à de rares exceptions pour les nantis, les nababs, les « milieux » se permettant de reconvoquer les folles veillées de la « Blanche ». Il reste les petites « houmate ». Après le f'tour, les gens sortent, certes, mais pour marcher. Lanterner. Pour combien de temps ' « Kalballouz » vous scotche la langue au palais. Les cinémas ' sur les « 33 » je n'ai compté que trois ouverts pour des films - vidéos ou pour la Ligue des champions. Le foot est en congé. Terrasses, cafés, théâtre souffrent du vide et de l'arthrite... « mentale ». Alger se « meurt » même si elle « explose » à chacun des succès du MCA et de l'USMA avant de se réveiller les ressorts sans huile. Visqueux. Il est presque dix-huit heures en ce onzième jour de carême. Un « 4x4 » de marque asiatique s'enfonce entre les étals de fruits au marché couvert. La dame sort son bras bien « bracelé ». Le marchand quitte son carré et lui « pèse » de tout zappant les premiers clients. « C'est l'Algérie ventrale, vassale », lâche un vieux à l'adresse du marchand. Au bout de la rue de la liberté en allant du siège d'El Moudjahid vers le cinéma Triomphe, une jeune dame en haik et âadjar fait quelques pas avant de s'engouffrer dans la voiture conduite par un homme à la chevelure poivre et sel. Trois moutahadjibate l'ont fixée et... pouffèrent de rire. L'homme qui a suivi la « scène »avait les larmes aux yeux... Le muezzin tapote sur le micro. Tout le monde presse le pas.


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