Fondamentaliste et totalitaire, la vision du monde que portent les islamistes ne s'accommode de la démocratie et de la liberté que tactiquement. Pour ce qui est de la cohérence et de la rationalité, elle n'en a cure.Dans un communiqué parvenu hier à notre rédaction, le Front de la justice et du développement a dressé un tableau noir de la situation du pays. «Injustice, corruption, inégalité, manque de légitimité, etc., sont autant de griefs retenus contre le pouvoir par le parti de Djaballah qui, s'appuyant sur une vision alarmiste, accuse le pouvoir de tourner le dos au peuple et d'ignorer ses revendications et ses aspirations les plus légitimes. Ce faisant, le FJD a prévenu contre le retour de l'Algérie à une crise plus grave que celle vécue au début des années 1990 et, pour parer à cette éventualité par ailleurs relevée par l'ensemble des partis de l'opposition, il préconise, ni plus ni moins, l'application de ses recommandations.Le parti de Djaballah considère, par ailleurs, que «la culture de l'unicité qui dure toujours, plus d'un quart de siècle après l'ouverture multipartisane, est la preuve que le pouvoir en place se plaît allégrement à corrompre, humilier et paupériser le peuple». Ce parti note également «que le pouvoir, tirant sa légitimité de l'intrigue, de la corruption et de la manipulation éhontée de la loi, n'affiche aucune disponibilité à écouter l'opposition, encore moins à changer».Le FJD en veut pour preuve «le refus du pouvoir de répondre à la demande de l'opposition, qui fait pourtant consensus, consistant à mettre en place une instance indépendante pour l'organisation des élections, l'organisation d'une élection présidentielle anticipée ainsi que l'élaboration d'une Constitution consensuelle qui garantisse l'équilibre des pouvoirs, la capacité de contrôle de l'Exécutif et les libertés». Pour appuyer son réquisitoire, le FJD a déterré aussi le projet d'amendement du Code pénal visant la pénalisation de la violence à l'encontre des femmes, qui a été avalisé par le Parlement il y a quelques semaines, pour le présenter comme étant un refus du pouvoir d'aller dans le bon sens.De même pour la loi sur l'enfance qui, selon le FJD, «en tendant à lever la tutelle de la famille sur l'enfant, va provoquer une dislocation des générations à venir». L'exploitation du gaz de schiste, malgré le refus de la population et les dangers qu'il peut entraîner» a aussi été retenu comme preuve de l'autisme du pouvoir. Mais à peine cette démonstration faite, le FJD détruit son raisonnement en attribuant explicitement «les malheurs qui touchent tout le Monde arabe, dont l'Algérie, à Dieu en citant, pour appuyer son constat, un verset coranique de la sourate Ennour. «Les discordes, les déchirements et les dépendances qui paralysent le Monde arabe relèvent d'une punition divine pour ceux qui se sont éloignés de l'islam», lit-on en effet dans le communiqué.Comme il fallait s'y attendre donc, le parti de Djaballah, comme tous les autres partis islamistes, y compris le MSP, ne s'embarrasse d'aucune cohérence dans son discours. En effet, tout en revendiquant une Constitution consensuelle et garantissant les libertés, ce parti islamiste réclame mordicus l'interdiction de la commercialisation des boissons alcoolisées que le ministre du Commerce veut organiser, qui est, selon lui, illicite.«L'encouragement de la commercialisation des boissons alcoolisées, mères de tous les vices, est illicite et témoigne du fossé séparant le pouvoir et la société», écrit-on dans le communiqué.Mais il est vrai que le FJD, en parlant de «liberté», n'a pas dit de quelle «liberté» il s'agit. Chez les islamistes, en effet, et c'est connu, les «libertés individuelles» sont considérées comme «un danger pour la société».
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Posté Le : 19/04/2015
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Amar INGRACHEN
Source : www.lexpressiondz.com